<< Je viens trop tôt, dit-il alors, ce n’est pas encore mon heure, cet évènement formidable est encore en route et voyage, il n’est pas encore arrivé jusqu’aux oreilles des hommes… >>
Dieu n’existe pas
L’Homme est une chimère
suivi de
prions pour que ça ne se sache pas !
il nous enterrera tous
Di-e.top
Didier Sribny
Nietzsche
À Nénette
«Il est très difficile de réaliser ce que l’on ne comprend pas, et c’est très souvent un problème psycholo- gique parce qu’on a l’habitude de penser qu’on peut voir des choses mais en fait on ne peut pas les voir. Par exemple on a dans notre œil un point aveugle et on a l’impression que malgré ce point on peut tout voir, mais en fait ce point ne voit rien. On doit comprendre ça pour réaliser qu’il y a beaucoup de choses que l’on ne peut pas voir. Et ce n’est pas simple c’est une difficulté plutôt psychologique, et après il y a une difficulté intellectuelle, quand on peut voir qu’il y a un problème on doit essayer de le résoudre, mais pour pouvoir orienter le cerveau sur le problème, on doit voir qu’il y a un problème.» Misha Gromov France Inter 30/12/2012
«Les germes de grandes découvertes flottent constam- ment autour de nous, mais ils ne prennent racine que dans des esprits bien préparés à les recevoir.» Louis Pasteur
«Quand il se présente à la culture scientifique, l’esprit n’est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l’âge de ses préjugés. Accéder à la science, c’est spiritu- ellement rajeunir, c’est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé.» Gaston Bachelard
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PROLÉGOMÈNES
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DIEU EST MORT Nietzche n’importe comment…
Dieu est mort… Il y a des gens qui ne ratent pas une occasion de se taire. Nietzsche, si vous voyez ce que je veux dire. Friedrich Nietzsche. Nietzsche a dit : — Dieu est mort. Et moi, j’affirme : — Dieu est vivant. Je sais ce que je dis. Preuve à l’appui… C'est l'histoire d'un type qui lance à sa femme : «Chérie, je descends au Marigny chercher mes cigarettes…» Le Marigny c’est le bar tabac en bas de chez lui. «…Tu peux servir la soupe, je l'aime pas brûlante. T'inquiète, j'en ai pour cinq minutes. Dix au plus, promis juré.» Il sort, et lorsque le type rentre chez lui, il est sale, dépenaillé, fatigué… et il s’étonne de ne pas trouver son assiette sur la table. Il ne comprend pas qu’entre le moment il est sorti et l’instant il est rentré, une année entière s’était écoulée. Une année qui n’a laissé aucune trace dans sa mémoire. Authentique. Hospitalisation. Cure. Se refait une santé. La mémoire revient, petit à petit, par paliers, et puis complè- tement, enfin presque. Il juge cependant judicieux de rester discret sur son aventure. Vous m'offrez une autre bière et je vais tout vous raconter.
Dieu n’existe pas
il nous enterrera tous
Peu de temps avant sa disparition, le type entend à la radio une citation de Nietzsche, Friedrich Nietzsche : Dieu est mort… Ç’aurait lui entrer par une oreille et ressortir par l'autre. Eh bien non, cette phrase s’est mise à passer en boucle dans sa tête. Dieu est mort c'est Nietzsche qui l'a dit. Friedrich Nietzsche. Ah! alors si c'est Nietzsche. Obsédant. Dès lors, tous les soirs, au Marigny il achetait ses cigarettes, il avait pris l’habitude de boire un verre ou deux, histoire de se mettre les idées en place. Ce soir il avait un peu forcé la dose il faut bien le dire. Il avait pris du retard. S ur le point de remonter chez lui, il a un flash, une illumination. Comme par miracle, ses idées étaient devenues très claires, on ne peut plus clean dans ma tête : Dieu ne pouvait pas être mort il me fallait partir à sa recherche, il n'y avait pas de temps à perdre. Le type a filé à la gare, à vrai dire j’ai filé à la gare parce que bon, soyons honnêtes le type c’est moi mais bon. Il y avait un dernier train pour la capitale. Je bois une gorgée et je vous dis la suite. Restait à savoir comment trouver Dieu. le chercher ? Dans les églises, les monastères ou autres lieux de culte ? Vous, vous êtes Dieu, une supposition, vous-vous savez recher- ché, traqué, iriez-vous vous réfugier tout le monde vous attend au tournant ? Dieu est malin, vous voyez ce que je veux dire. C'est tout. Bref, le chercher ? Et surtout, comment reconnaître Dieu ? Une phrase de la Genèse me mettait sur une piste : "Et Dieu créa l'homme à son image" laissant entendre que l'homme devait primer sur l'image. Il ne fallait donc pas s’attendre à trouver un Dieu vieillard à barbe façon père .
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Noël drapé de blanc, comme celui qu’on voit allongé sur le plafond de la chapelle Sixtine… La création d'Adam. Vous voyez le tableau, je veux dire la fresque, le moment de la transmission de l'Esprit de vie à travers un geste le fameux index, l'index du Créateur pointé en direction d'Adam. Convaincu que Dieu devait avoir l'apparence d’un homme ordinaire comme vous et moi, restait à trouver le Bon Homme. Pas le bonhomme, mais le Bon Homme avec des majuscules. Vous-même vous pourriez être le Bon Homme… Vous souriez, mais qui sait. Restait à le repérer. Une autre bière ? Ça se refuse pas. Ne me voyant pas aller user ma santé et mes escarpins sur je ne sais quel hypothétique chemin de Damas à la poursuite de Dieu, il m’a semblé plus sage de me poser et d'attendre qu'il se manifeste. Et quels meilleurs endroits pour se poser et se mettre en embuscade sans attirer l’œil que les bars et bistrots. . Ç’allait devenir un travail à plein temps, la " total Immersion". Afin de me fondre dans le décor j'ai me faire alcoolo pour accéder au statut d’authentique pilier de bistro. Si bien que le jour j'ai entendu répondre à quelqu’un qui cherchait les toilettes : «Vous passez devant le bar. Vous tournez tout de suite à droite après le pilier…» et que le pilier c’était moi, j'ai su que le plus dur était fait, je faisais partie des meubles. J’étais opérationnel. Il ne me restait plus qu'à attendre, attendre, et attendre. Attendre sagement jour après jour, tel un sous marin, entre deux eaux (une façon de parler), les sens toujours en éveil, mais sans ostentation pour ne pas susciter les soupçons, que Dieu daigne se manifester.
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Et puis un jour, c'était tard dans la nuit, sur le zinc je venais de commander un dernier demi de déménageurs (une bière-Calva) pour essayer de neutraliser mes gueules de bois des jours précédents... À l’extrémité du comptoir, derrière un verre de bière, bonnet noir à raz les sourcils, lunettes façon écaille, nez informe, petite bouche telle une cicatrice rosâtre, portant parka noir ouvert sur un tee-shirt gris, écharpe grise pendant de chaque côté du cou, trônait un individu quelque peu avachi. Et puis il y avait Albert, le garçon, qui donnait rageusement des coups de balai pour pousser papiers et mégots qui jonchaient le sol. Albert qui, arrivé à la hauteur de l’homme avachi, s’exclame : «Pousse un peu tes cannes putain oh ! Tu les pousses ou quoi putain de Dieu ! Bordel de putain de Dieu ! Si c’est pas Dieu possible !» Ce cri du cœur d’Albert me fait sortir de mon artistique torpeur. Malgré les coups de butoirs d'Albert, l'homme il bronche pas. Tout juste tourne-t-il son regard vers le pilier, lui fait un clin d'œil en lui lançant un discret : « N'importe comment fiston... » C’était un « N'importe comment fiston… » accompagné d’un superbe geste un mouvement de va et vient du majeur de la main droite. Moi, censé être un pilier, l'homme au bonnet noir m'avait démasqué ! Et il y avait Albert, le garçon qui insistait : « Tu les pousses tes cannes oh ! » Il y a le patron qui sermonne mollement Albert, lui demandant de ne pas trop bousculer la clientèle… Et Albert qui se rebiffe : « Oh putain ! Je vais tout de même pas devoir me prosterner et me mettre à genoux à ses pieds devant lui putain oh ! Il se prend pour qui le bonhomme, oh ! »
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Le Bon Homme ! C’est alors que, sortant de mon rôle de pilier, j’interviens gentiment auprès d'Albert : «On ne t'en demande pas tant Albert, il suffit souvent de demander les choses poliment pour être exaucé.» Je fais quelques pas vers l'homme avachi et lui dis : « Sans vous commander, auriez-vous l’amabilité de pousser vos pieds un instant ? Afin qu'Albert puisse finir de balayer, je vous prie.» en insistant bien sûr je vous prie et en me fendant d’un clin d'œil complice. Et l’homme d’obtempérer en grom- melant. Et le barman de dire : «Et bien tu vois Albert j’vais t’dire, tout est dans la manière de dire j'vais t'dire ! Il s'est pas fait prier je vais te dire.» J'avais enfin mis la main sur le Bon Homme. Derrière l’homme avachi se cachait Dieu ; derrière le pilier de bistro moi. Je lui ai pas dit que je l’avais confondu, de toute façon lui le savait, il n’était pas Dieu pour rien. Et puis n'était-ce pas lui qui m'avait confondu le premier ? Je m’installe à ses côtés. Nous discutons à bâtons rompus, comme je vous parle en ce moment. J’aurais pu m’attendre à ce qu’il ressasse des En vérité je vous le dis en préambule à de divines Élucubrations. Non ! Son préambule était « N'importe com- ment fiston…» suivi du geste. Geste simple et poétique, majes- tueux et définitif de la main et du majeur et qui voulait tout dire. Le Doigt de Dieu. J’en profite pour le questionner sur des sujets divers et variés… La vie, la mort, le paradis, l'enfer, le sexe des anges, la politique, le Pourquoi, le Comment… Il a réponse à tout : «N’importe comment fiston… » suivi du Geste, sans plus. Et tout devenait lumineux. Il n’avait pas besoin de s’étendre. J’ai voulu aborder le sujet de Nietzsche. Friedrich Nietzsche. Sa réaction fut sans ambiguïté : «N’importe comment fiston…» voulant dire par qu'il ne faut pas prêter attention aux élucubra- tions d’un pauvre ivrogneux, quand .
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bien même il s'appellerait Nietzsche. À un moment je le prie de m'excu- ser, il fallait que j'aille pisser. Il me dit : «N'importe comment fiston... » Quand je reviens, Dieu avait disparu. N’importe comment j’avais enfin rencontré Dieu. Dieu était vivant, en parfaite santé, et Nietzsche le pochtron était discrédité à tout jamais. Paix à son âme. J’ai décidé d’arrêter l’alcool en douceur sur un dernier demi de déménageur. Il est, dit-on, dangereux d’arrêter brutalement la boisson, Il faut y aller par paliers. «Double le Calva s’il te plait Il fallait bien ça pour porter un ultime toast en l’honneur de Dieu. J’ai régularisé mon ardoise, payé la note de Dieu… Vingt Dieu ! Et puis bon, je lui devais bien cela. J’avais trouvé mon chemin de Damas. J'allais pouvoir enterrer ma vie de pilier de bar et mettre fin à ma "Total Immersion", il ne me restait plus qu’à refaire surface tout en respectant les paliers de décom- pression. Je me suis résolu à prendre un double calva pour la route « sans bière s’il te plait» pour commencer à respecter les paliers... Et puis plus rien. Ma mémoire s’arrête là. Comment suis-je rentré au bercail ? Le trou. Je sais que je me suis retrouvé devant le Marigny. Il était fermé. Je sais que j'ai poussé jusqu'au Brazza. Je sais que j'ai acheté un paquet de cigarettes et je sais très bien qu’il y la la soupe qui m'attend, que je n'aime pas brûlante, mais quand même pas froide. Je me vois remontant chez moi, et découvrir que mon assiette n'est plus sur la table... Au début à l'hosto, alors que la mémoire repoussait lentement, palier après palier, je réussissais à obtenir le contact avec Dieu. Je pouvais l'interroger, il me répondait dans l'instant, J'avais droit à son : « N'im- porte comment fiston...» Il avait toujours réponse à tout.
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Et puis, plus j'avançais dans les paliers, plus Dieu se faisait rare. Une fois j'ai réussi à lui demander pourquoi j'avais tant de mal à le joindre, il m'a répondu : «N'importe comment fis- ton...» Je lui demande ce qu'il enten- dait par là… Je n’ai pas eu de réponse… Depuis silence radio. J’ai quitté l’hosto. Tout est rentré dans l'ordre. Dieu était vivant. Bien vivant. La vie pouvait reprendre son cours. N’importe comment Dieu nous enterrera tous, faut être honnête. C’est au bout de quelques semaines, que je me suis mis à gamberger. Que cachait ce silence radio ? Et puis la phrase de Nietzsche, Frédérique Nietzsche, à refait surface. Et si, malgré tout, les poivrots avaient, comme on dit, un sixième sens. Et puis voilà que tout cela à commencé à repasser en boucle dans ma tête… Obsédant ! Pas plus tard que tout à l'heure, j'étais au Rallye, un rade à mi-chemin entre le Brazza et le Marigny. J'ai bu un coup et c'est que j'ai re-eu un flash… Voilà la raison du pourquoi je suis là. Non cette fois c'est ma tournée, avant la fermeture du wagon-bar.
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Comment et pourquoi un individu avachi derrière un verre de bière à l’extrémité d’un comptoir se retrouve portant un bonnet noir enfoncé jusqu'aux sourcils et des lunettes montures écaille ? *** Nuit du vendredi 18 au samedi 19 janvier 2008 , l’auteur de la nouvelle dit à sa femme : «Il n'y a plus de métro, je raccompagne ta mère chez elle en voiture et je reviens tout de suite.» Sur le chemin du retour, après l’avoir déposée au pied de son immeuble, passant par le quartier Latin, il trouve une place libre boulevard Saint Jacques… Son appareil photo numérique à la main, il déambule dans les rues, photographiant des devantures et enseignes de bars, bistrots, cafés, de nuit avec l’idée que cela pourrait faire des images pour illustrer l’histoire du type du wagon bar qui s’était mis dans la tête d’attendre Dieu dans ce type d'établissement. 2h 01mn 42 secondes : Alors qu’il vient de prendre en photo le Buci , un café 52 rue Dauphine, en sort un individu qui, le trouvant ouvert à l'écoute, lui adresse la parole au milieu de la rue et finit par l’inviter à prendre un pot au bar juste en face du "Buci" , au "Conti" , 1 rue de Buci. L’individu n’en est visiblement pas à sa première bière. C’est en le voyant accoudé au bar, devant son verre, bonnet noir enfoncé jusqu'aux sourcils, lunettes monture écaille, le nez informe, une petite bouche telle une cicatrice rosâtre, le parka gris foncé ouvert sur un tee-shirt gris et l'écharpe grise qui pend de chaque côté, que l’auteur réalise qu’il avait en face de lui un personnage qui aurait très bien pu être le Dieu dont parlait le type du wagon bar de son histoire. .
2 h 01 42 : Je viens juste de prendre en photo le Buci, un café 52 rue Dauphine, en sort un individu…
…il finit par m’inviter à prendre un pot au bar juste en face, au Conti…
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‘’TOUT CE QUE J’AI RAMASS É DANS LA RUE’’
2h 12 minutes 58 secondes , l’individu après avoir accepté d’être pris en photo lui dit : «Tu m’attends, je vais pisser» Peut-être une ruse pour disparaitre et éviter d’avoir à régler la note ? Au bout de 5 minutes il est de retour. 2 heures 21 minutes 10 secondes : re-photo. Il parle fort, le barman lui fait signe de baisser le ton. Il parle, laissant à ses doigts le soin de confectionner une improbable cigarette laquelle, à force d’être manipulée, léchée, torturée vire au jaune orangé. Devant un désastre annoncé, une reprise en mains s’imposant, il remet le tabac dans la pochette posée sur le comptoir et sort une nouvelle feuille. Allongée sur le pouce et l’index de la main gauche, le petit doigt l’annulaire et la paume maintenant la pochette, la feuille attend que l’index le pouce et le majeur de la main droite viennent prélever une pincé de tabac. Après avoir déposé et réparti la précieuse denrée sur elle, la main gauche se déleste de la pochette pour venir prêter main forte à la main droite. De concert, à hauteur de ceinture, les pouces, index et majeurs des deux mains, la font rouler plus que de raison d’avant en arrière, ne s’élevant au niveau de la cicatrice rosâtre qui fait office de bouche à l'homme au bonnet noir que pour quémander un peu de salive. Un rapide va et vient horizontal avant de redescendre poursuivre le business, hors de vue et du contrôle de l'homme occupé à parler. L’interdiction de fumer dans les lieux publics est récente et le barman semble attendre une entorse au règlement pour trouver un prétexte pour intervenir. Finalement ils sortent, il est 2h 42. Dehors il continue de parler.
Il a un bonnet noir en foncé jusquaux sourcils
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2h 48 minutes 44 secondes , il vante les mérites de Paris… «Quelque part c’est pas mal, parce qu’ici tout peut être possible… Ici ça peut être le rêve. Le rêve peut durer une nuit ici, alors qu’en province il va durer combien de temps ? Donc… Donc…» «Là bas…, dit-il en montrant du doigt le "Buci", ils zont pas voulu me servir, ils zaiment pas les anar- chistes.» «Il y a un grand poète qui disait : "Avant de te connaître, avant d’arriver à toi même, perds-toi… Il faut que tu sois capable de te perdre pour mieux te retrouver, tu vois ?" En gros ça veut dire : le mec qu’a jamais quitté son bled, il ne pourra jamais mettre des étoiles sur les clochers de son église ou de sa mairie j’en sais rien…» Suivent des propos peu cohérents. «…Je crois pas en Dieu, ni aux curés, ni aux maires, j’aime pas les maires, j’ai horreur des maires, c’est la race que j’aime pas, la race… Pourtant c’est la race des travailleurs mais j’les aime pas, ça fait longtemps que j’aurais ramener leur gueule devant l’État… Les maires, c’est des hommes de paille… Y a un truc que j’aime bien dans Paris, si tu veux les petites mafias elles peuvent pas exister, elles peuvent pas tenir, impossible, alors qu’en province elles pullulent, elles existent… » Enfin, il porte sa cigarette à la bouche. Alors qu’il cherche de quoi l’allumer, le papier s’ouvre, libérant le tabac qui se répend sur le trottoir. Le papier vide tient encore droit dans sa bouche, il en prend conscience en allumant son briquet, jette le papier à terre, regarde autour de lui, et s’adresse au premier passant venu : «T’as pas une cigarette Sans succès. «En gros le mec qu’à pas quitté son bled pourra mal se défendre… moi je me rends compte de plus en plus : putain les acquis que j’ai ! Tous les acquis ! T’imagines tout ce que j’ai .
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ramassé dans la rue. Tu peux pas l’savoir…, c’est un panier de crabes.» 2h 53mn 12 secondes , alors qu’il dit avoir monté une association à Bourges : «…ils m’ont enculé… J’leur ai dit : c’est moi l’Italien qui vient du Chinois oh lala !», il repère un petit groupe… Va vers eux pour tenter de leur soutirer une cigarette. «S’il te plaît, J’leur ai dit : c’est moi l’Italien qui vient du Chinois…» Des Italiens, des Italiens! s’indi- gne un membre du groupe. Ne le laissant pas continuer, dans son élan se met à déclamer : «Une péniche de joie glisse sur mon lacrymal. J'ai singé Attila pissant du haut d'son cheval !» Des Italiens sauf que nous sommes bretons, rien à voir avec les Italiens ! reprend le membre du groupe. — Vous êtes bretons, moi aussi ! — T’es d’où ? — Quimper. C’est vrai ?! Mavillon. Plöermel c’est par là… — Non, Montparnasse évidemment. Moi, bien sûr j’suis breton, jusqu’au bout de la nuit. — Moi j’suis Lorrain, OK on y va, jusqu’au bout de la nuit. Il rigole. Jusqu’au bout d’la nuit quoi ! Allez, on y va. Jusqu’au bout de la nuit ! — On y va. 2 heures 56 minutes 55 secondes . Le petit groupe est parti. Jusqu’au bout de la nuit. Une péniche de joie glisse sur mon lacrymal. J'ai singé Attila pissant du haut d'son cheval… Un texte qui se termine par : Suis-je un monstre de suie ? Ne serais-je qu'un songe ? Le titre ’ Ange Caricatures’" . .
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C’est l’histoire de l’auteur d’une nouvelle, "Nietzsche, n’importe com- ment" dans laquelle un personnage se confie à un voyageur, dans le Wagon bar d’un train qui roule vers la capitale. il lui dit les circonstances qui l’on amené à vivre une année durant en "Total Immersion" dans les bars, bistros et débits de boissons à la recherche de Dieu. Il raconte sa rencontre avec Lui. À la fin de la nouvelle on comprend qu’ayant perdu le contact avec Dieu, l’homme est reparti à sa recherche. C’est l’histoire de cet auteur qui, une nuit, sa nouvelle achevée, profite d’une occasion pour aller photo- graphier des extérieurs de bars et bistros avec l’idée de s’en servir pour illustrer son récit. Alors qu’il prend un ultime cliché de l'enseigne lumineuse d'un bar, en sort un homme qu'on a refusé de servir. Le personnage lui adresse la parole et l'invite à prendre un verre dans le bar d'en face, sachant qu'accompagné il a moins de chance d'être refoulé. Voyant l’individu accoudé au zinc l'auteur a un flash : le bonhomme a le profil du Dieu de sa nouvelle. C’est l’histoire de cet auteur qui, en mettant un pied dans la nouvelle qu’il avait rouverte, va se trouver happé par elle. Enfermé dans un personnage d’auteur, n’ayant plus son mot à dire, il est parti pour se lancer à son tour dans des investigations nocturnes sans fin à la recherche, sinon de Dieu, sinon du personnage qui recherche Dieu, sinon de lui-même, dans une course sans fin, jusqu’au bout de la nuit… Prisonnier dans son histoire abraca- dabrante, in fine.
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IN FINE
–– Nous sommes tous plus ou moins prisonniers, in fine. –– Prisonnier de qui, de quoi ? –– Prisonnier d’une abracadabrante histoire ancestrale qui a la peau très dure au dire d’une de mes connais- sances. –– De qui s’agit-il ? –– De quelqu’un qui préfère garder l’anonymat. À la suite d’une révélation il a développé une théorie troublante, susceptible de chambouler notre système de pensée. –– Quelle sorte de révélation ? –– Une incongruité sémantique sur- prenante en rapport avec le cerveau. –– Nos cerveaux ? –– Oui… enfin non. À l’entendre n ous n’aurions pas de cerveau et l’homme n’existerait pas, en tant que tel, du moins. –– Votre anonyme est un original, un doux dingue. Un illuminé ? –– En fait il a été touché par une prompte et fulgurante illumination. –– Vous m’intriguez.
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L’HOMME EST UNE CHIMÈRE PRIONS POUR QUE ÇA NE SACHE PAS
Guidado
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–– Une nuit, à la radio, un professeur de médecine, chercheur de renom, parlait de personnes ayant perdu l’usage d’un de leurs cinq sens… Mon anonyme’’ est sous sa couette, écouteurs dans les oreilles. Au moment précis il allait s’endormir il est percuté par cette fin de phrase : «…dans de telles circonstances a lieu une autre reconfiguration de notre cerveau.» Jean-Claude Ameisen, le chercheur en question, disait la capacité de notre cerveau à se reconfigurer. –– J’aime bien Ameisen. –– L’énormité du propos le fait sortir de sa douce torpeur. Le pronom “notre” accolé à “cerveau” lui fait l’effet d’un électrochoc. Comment pareille incongruité avait-t- elle pu être dite, et surtout pourquoi cela lui avait-il échappé jusqu’alors ? –– Pouvez-vous m’en dire plus ? –– Oui. Qui me pose cette question ? –– Moi. –– Qui vous ? Votre bouche ? La langue, la glotte, le grain de beauté que vous avez sur la jambe droite ? Qui vous ? Réfléchissez. –– Mon cerveau a du mal à vous suivre. –– Ce n’est pas votre cerveau qui a du mal à me suivre, mais vous. –– Moi… –– Vous, cerveau. Nous, tous autant que nous sommes, sommes des cerveaux et parler de notre cerveau est une ineptie. Jusqu’à preuve du contraire les cerveaux n’ont pas de cerveau. –– Si je comprends bien nous ne serions que des cerveaux ? –– Pourquoi que ! C’est par contre ce qu’on appelle l’homme qui n’est que, qui n’est qu’un instrument multi- fonctions, perfectionné, à notre service, qu’une marionnette, qu’un exosquelette sophistiqué dont nous, cerveaux, essayons de tirer l’ensemble des ficelles. L’homme est une chimère. –– L’homme une chimère, votre pote y va un peu fort ! –– Pascal de son côté ne se posait-il pas déjà la question : «Quelle chimère est-ce donc que l’homme ?»
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Nous sommes depuis toujours enfermés, prisonnier sans le savoir dans un confortable et rassurant conte de fée qui fonctionne plutôt bien. Alors pourquoi chercher plus loin? Serrez vos deux poings, rapprochez- les. Regardez : cerveau droit, cerveau gauche. Nous sommes, au mieux, gros comme ça. Au mieux. En tout cas pas plus gros. Et, cerise sur le gâteau, nous sommes gris-rose, mous et gélatineux. Êtes-vous prêt à vous revendiquer ainsi ? Est-ce moins prestigieux, moins valorisant qu’être homme, humain ou je ne sais quelle sympathique et dérisoire invention ? Nous sommes des cerveaux humains, utilisateurs du corps que nous habitons. –– Pour revenir à votre pote mystérieux, il en fait quoi de son aberration sémantique ? –– Il va vite se rendre compte que cette aberration cachait une faille apparemment inexplorée. C’est simple, il suffit de se rendre sur l’Internet pour y trouver une flopée de sites consacrés au cerveau. On y apprend comment faire travailler son cerveau… On y trouve toutes sortes de recettes pour réveiller son cerveau , pour le stimuler par la méditation On propose : Devenez maître de votre cerveau On y explique comment l’entraîner le dynamiser le doper le reprogrammer. Comment libérer et muscler notre cerveau. On y trouve des phrases comme : Le cerveau est un muscle, il faut l’entretenir régulièrement. La question qui ne vient à l’esprit de personne : ‘’par quelle opération du Saint Esprit est-il possible d’agir sur . .
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notre cerveau, qui peut bien le contraindre à se muscler pour le rendre plus performant ?’’ Sur l’internet, une série de confé- rences données dans le cadre d’une “Croisière de la connaissance” , ayant le cerveau pour sujet, va retenir tout particulièrement son attention. Partici- pants : Albert Jacquard, Jean Didier Vincent, Yves Coppens mais aussi Jean-Claude Ameisen. Notre homme va écouter très attenti- vement leurs propos en espérant y trouver ne serait-ce qu’une infime allusion à cette faille. Espoir déçu : le débat tournait autour du fonctionne- ment de notre cerveau ainsi que de celui de nos lointains ancêtres. Retour à la case départ. Le constat était sans appel : du candidat de “Secret Story” annonçant: «Je vais faire bosser mon cerveau» jusqu’à l’éminent médecin chercheur qui parle de la faculté de notre cerveau à se reconfigurer, en passant par Darwin, la cécité semblait unanimement partagée : l’homme reste doté d’un cerveau qu’il peut gérer comme bon lui semble sans avoir besoin de lui demander son avis. Intrigué de ne trouver aucune voix pour relever cette incohérence, il décide d’aller explorer de plus prêt cette faille qu’il avait mis à jour. –– Et que découvre-t-il ? –– De quoi remettre radicalement en cause notre vision des choses. –– Mais encore ? –– Sans toucher à la théorie de l’évolution des espèces de Darwin, il a développé une théorie parallèle, concernant le cerveau humain. –– Rien que cela ! –– Une théorie qu’il nomme ‘’Théorie obsessionnelle des cerveaux’’. –– Que dit-elle ? –– Elle dit, pour être bref, que les cerveaux, et dans le cas présent les cerveaux humains, sont mus par une idée fixe –– dépasser leurs limites par tous les moyens à leur portée. Nous, cerveaux, sommes condamnés à poursuivre une course, une évolution sans fin.
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Si bien que quoi que nous fassions, nous fonctionnons en mode automa- tique intégral. À la naissance nous cerveaux démarrons avec une configuration de base, un programme qui va s’enrichir au cours du temps, sans cesse sollicité, mis à jour, en perpétuelle reconfiguration pour employer le terme de J-C Ameisen, et tous nos actes, nos comportements en découlent automa-tiquement. Ce sont des réflexes, des réflexes d’une complexité infinie. Nous réagissons à la nanoseconde, au coup par coup, en fonction des mises à jour et du formatage de l’instant. –– Et le libre arbitre dans tout ça ? –– Il n’a pas lieu d’être. –– Insinue-t-il que tout est écrit ? –– Disons que tout est déterminé sans intervention d’un Écriveur” . Après s’être engouffré dans cette faille ignorée et en avoir inspecté chaque recoin, il est catégorique: «Un principe créateur eut-il existé» écrit-il «je l’aurais immanquablement rencon-tré. Il n’y a pas la moindre place pour un programmateur.» –– Pour résumer, votre bonhomme dit ouvertement que Dieu n’existe pas pour la raison qu’il ne l’a pas rencontré. –– Il ne prendrait pas le risque de dire les choses ainsi, il a en tête ce que Darwin écrivait dans un de ses carnets secrets. –– Qu’écrivait-il ? –– «Guidado» –– Guidado ? –– “Sois prudent’’ en portugais. Darwin disait aussi : «Révéler ses idées serait comme confesser un meurtre.»
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Voilà qu’un soir, lors d’une conversation à bâtons rompus, ’mon bonhomme’’ oubliant cette mise en garde, a la mauvaise idée de faire part de ses recherches. Il va parler de preuve irréfutable prouvant la non- existence d’un dieu et faire allusion à un autre carnet secret. Un carnet griffonné dont on aurait perdu la trace dans lequel Darwin, sans ambigüité, aborderait le sujet. Y serait question de vérité pour l’heure inavouable, d’un temps pour chaque chose, de futur distant la lumière sera imman- quablement jetée sur l’origine de l’homme et sur son histoire. –– Si je comprends bien, Darwin fait l’autruche et passe la patate chaude aux générations suivantes. –– «Que feriez-vous…» écrivait Nietz- sche «…vous êtes face à un vieil ermite, auriez-vous le courage de lui annoncer froidement, preuves à l’appui, que Dieu, à qui il a consacré toute sa vie, n’a jamais existé ?» –– Une telle révélation aurait de quoi contrarier plus d’un. –– C’est peu dire. Contrariée l’était, dit-on, la femme de Samuel de Wilberforce, évêque de Winchester après que celui-ci lui eu fait part en 1880 de la théorie de Darwin. Elle se serait exclamée : «Oh my dear ! Ainsi, l’homme descendrait du singe. Let us hope what Mr Darwin says is not true , pourvu que cela ne soit pas vrai ! Mais si cela devait être le cas, prions pour que ça ne se sache pas. » Alors imaginez sa réaction si de surcroît lui avait été annoncé que Dieu était une fausse piste. –– Pour revenir à cette soirée au cours de laquelle il disait regretter avoir parlé de ses travaux ?
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–– Les répercutions ne se sont pas fait attendre. Ce furent d’abord des appels sans interlocuteurs, et puis la certitude d’être suivi, surveillé et plus récemment c’est son domicile qu’on a tenté de visiter... –– Tous les ingrédients pour un bon thriller sont là, dites donc ! Je vous conseille vivement de mettre en garde votre bien mystérieuse connaissance anonyme car elle a de grands soucis à se faire. A moins que vous… –– A moins que je sorte de mon anonymat. C’est bon, voilà. Adieu guidado. Maintenant que j’ai fait mon outing vous pouvez me dire de vive voix à quels risques je suis exposé. –– Vos propos ont fait mouche chez je ne sais qui. Une rumeur évoquant l’existence de preuves sur la non existence de Dieu a de quoi exciter et déranger beaucoup de monde. De multiples intérêts sont en jeu y compris des intérêts financiers considérables. Il y a des gens mal intentionnés, des organisations qui seraient prêtes à tout pour mettre la main sur de tels documents. Vous devriez commencer par mettre tous vos manuscrits bien à l’abri si ce n’est déjà fait. Quand au carnet griffonné de Darwin dont on aurait perdu la trace, vous pouvez m’en dire plus ? –– De Darwin on connait les carnets secrets, son carnet B, son carnet rouge… Pour ce qui est du carnet égaré je ne peux rien vous dire. A-t-il, même existé ? *
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* Entre temps a été constaté la disparition de deux manuscrits de Darwin d e la bibliothèque universitaire de Cambridge.
–– Un Darwin code en puissance que cette histoire. Votre problème maintenant est que quoique vous fassiez, que vous disiez, que vous soyez en possession de ce carnet ou pas, que vous en déteniez une copie ou pas, ou que vous disposiez de documents qui pourraient permettre d’en retrouver la trace ou pas, le mal est fait, il y aura toujours un doute et vous ne serez jamais vraiment en sécurité. Vous avez déclenché une machine infernale qui vous met dans une situation proche de celle l’auteur prisonnier de son histoire abraca- dabrante. –– Une sorte de Darwin code, comme vous dites, dont le scénario ne peut que m’échapper. Et puis il me tend une feuille en me disant : «J’ai tout essayé, j’ai même fait parvenir l’histoire à Cavanna que je savais curieux en science, avec l’espoir de recueillir son avis sur la question». Il s’agissait de la copie d’une lettre datée du 15 juillet 2012 le priant expressément de consacrer un peu de son temps à la lecture du manuscrit joint. «Je n’ai obtenu aucune réponse de part et d’autre.» me dit-il. –– De part et d’autre ? –– Je suis allé remettre en main propre deux exemplaires du manuscrit chez un éditeur de François Cavanna, un exemplaire pour Cavanna, l’autre pour l’éditeur lequel m’avait promis de le lui en faire parvenir un.
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Le samedi 8 décembre 2012 je me suis même rendu dans une librairie du quartier latin Cavanna signait son dernier livre. Il me dit qu’il y avait du monde dans cette librairie du quartier latin ce 8 décembre 2012, trop de monde, que ce n’était pas l’endroit… Je lui demande ce que lui inspire ce silence ? ll me répond: «Si on part du principe que le texte à bien été lu, ce silence pourrait s’expliquer par une cécité cognitive généralisée. Connaissez-vous le syndrome des habits de l’empereur ?» –– L’empereur qui se promène nu devant son peuple persuadé qu’il était d’être somptueusement vêtu ? –– En l’occurrence ils étaient tous atteints d’une cécité bénigne, réversible que quelques mots lancés par un jeune ‘’simplet’’ suffiront pour qu’ils ouvrent finalement les yeux. A ne pas confondre avec cette cécité persistante qui touche le plus grand nombre sans qu’il puisse en avoir conscience. –– Expliquez-vous. –– À la naissance, un cerveau qui ne serait pas stimulé visuellement pour apprendre à voir, passée une période critique de cinq-six ans, est aveugle. Dans un tel cas il suffit que quelques connexions seulement n’aient pas été établies en temps et en heure pour que s’installe une cécité partielle difficile à rattraper. Alors un simplet comme moi aura beau crier «Ouvrez les yeux malgré toute la bonne volonté du monde les yeux, quoi qu’ouverts, ne verront rien. Tout se passe comme si vous cherchiez à ouvrir un nouveau logiciel avec un système d’exploitation obsolète et que ce dernier ne le reconnaisse pas. Nous sommes construits sur un tel système. Bien qu’imparfait il est très bien rodé et tout un chacun, religieux, croyants, athées, agnostiques, grands esprits, mécré- ants, philosophes, scientifiques… s’en accommode depuis toujours. Partant de là, ce nouveau logiciel n’est pas prêt à être reconnu, sinon dans un ‘futur distant’ pour paraphraser Charles Darwin... ..
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–– Vous me semblez bien pessimiste. Vous n’avez pour le moment que le silence d’un éditeur et d’un auteur. –– Vous avez raison, ce n’est pas suffisant pour en tirer des conclusions. Il me dit qu’après Cavanna il a cher- ché à obtenir l’avis de Jean Didier Vincent. Je lui demande pourquoi lui ? –– Le fait qu’il soit neurobiologiste bien sûr et puis il y a aussi Nénette…
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Lettre à Jean Didier Vincent Paris le 20 janvier 2013 Monsieur Jean Didier Vincent, Le 12 juillet 2012 je faisais parvenir à François Cavanna une nouvelle, Guidado ! Nietzsche n’importe comment, lettre jointe. Aujourd’hui c’est au neurologue que je me permets de soumettre le texte en question, allégé de sa première partie, avec l’espoir que vous pourrez trouver le temps de le lire. Veuillez agréer, Monsieur, l’expres- sion de mes sentiments respectueux. Ci-joint un résumé de la première partie : C’est l’histoire d’un auteur qui se lance dans l’écriture d’une nouvelle. Le sujet : –– un personnage qui, ne pouvant se faire à l’idée que Dieu pourrait être mort, décide de partir à sa recherche. Un concours de circonstances fait que l’auteur de la nouvelle, va sans s’en rendre compte, devenir un personnage de son histoire et celà étant en perdre les commandes… P.S. Pour la petite histoire, il existe un point commun entre vous et François Cavanna : l’affection que vous portez, comme moi même, à cette personne attachante qu’est Nénette. °°°
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Deux mois qu’il avait remis les documents et qu’il n’avait aucun retour. Il écartait la possibilité qu’ils se soient égarés les ayant lui même déposés dans la boite aux lettres de son domicile parisien. Il pensait qu’en fin de compte le message n’avait aucune chance d’être entendu. –– Envisageriez-vous de baisser les bras? Si oui, qu’allez-vous devenir ? –– Dieu seul le sait. Vous avez le cœur à faire de l’humour lui dis-je. Sur quoi il me répond que sans humour la vie serait une erreur et que l’humour était un lubrifiant existentiel. Il me restait à savoir qui était cette Nénette, avait-elle été mise dans la confidence ? Il m’a répondu par la négative, que Nénette était une personne très attachante, et qu’elle était pension- naire orang-outan de la ménagerie du Jardin des Plantes. Sur quoi il ajouta : «Vous pouvez lui écrire, je vous laisse carte blanche.» Une façon détournée de me faire comprendre qu’il était prêt à me repasser la patate chaude. .
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Pas plus tard que tout à l’heure j’étais au Rallye…
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Icononographie
Dieu n’existe pas, il nous enterrera tous
L’Homme est une chimère, prions pourque ça ne se sache pas !
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