Pièce en deux actes
Didier Sribny
Je , personnage central, se trouve aux portes d’une ville qu’il ne connait pas. Pourquoi, comment, par quel sortilège ?
Un monde de Zous
Partant de là, Je va se trouver embarqué dans une histoire qui le dépasse, pris dans un engrenage d’ une logique absurde implacable
Et puis il y a l’Autre . Et puis entrent en jeu une dizaine d’autres personnages.
Et puis peut-être un batteur .
deux comédiens, un batteur
zous.top
On . Un monde de zous
On. Un monde de zous On. Un monde de zous
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Acte 1 Deux personnages en scène : Je et L’Autre Le batteur et sa batterie Lumière sur le batteur lequel exécute un solo de batterie pendant que l’autre s’active, se saisit d’un dossier… (Le batteur est amené à intervenir tout au long de la pièce.) L’autre s’installe en attendant un signal du batteur pour commencer son intervention. Le signal donné, la batterie s’étant tue, l’autre ouvre un dossier portant le titre ‘’ ON’’. L’autre , s’adressant à Je : Je récapitule : Vous entrez côté "Jardin" ; jardin. Vous semblez surpris de vous trouver là. Vous faites mine de sortir côté "Cour" ; cour, Jardin… Cour… ( Il montre du doigt le côté gauche puis le droit ) Vous vous ravisez. Tout ce qui va suivre est la transcription in extenso. In extenso. Tout est écrit, écrit et consigné. Consigné. Je vous en fais lecture. Vous pouvez m’interrompre à tout moment. Vous le pouvez ; à tout moment. Si bon vous semble. Je lis ? Je lis. Ce sont vos propos, vos propos : «Quelle angoisse ! ... Déjà ce matin... Ce matin même... Ce beau matin, j'atterris... j'atterris aux portes d'une ville que je ne connais pas… » Je : J'ai dis atterrir ?
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L’autre : Vous avez dit. Je : Alors excusez-moi. Atterrir est un gros mot. J’aurais dire que je me suis simplement trouvé "comme un con" . Comme un con c’eût été plus correct en vérité. C’est plus correct ? L’autre : Comme bon vous semble. Je reprends, je reprends : «Quelle angoisse ! Déjà ce matin... Ce matin même... je me trouve aux portes d'une ville que je ne connais pas, là, comme un con… » Je : Voilà qui est plus convenable. Comme un con… Comment ai-je atterri là ? Enfin bon. L’autre qui reprend la lecture : « Enfin bon, comme par miracle, je suis aux portes d'une ville que je ne connais pas, sans prévenir… » Je : Même moi je n'ai pas été prévenu ! L’autre : Ce sont vos propos, vos propos consignés, mot pour mot. « Même moi je n'ai pas été prévenu… Même moi ! En vérité, on a beau dire que nous ne pesons pas bien lourd, je me dis qu'on se permet de disposer des gens avec une légèreté... ! Tout de même. » Je : Tout de même, en vérité ! Non ? Enfin bon… L’autre : « Enfin bon, comme ça, comme par miracle, je suis aux portes de cette… Mais au fait ?… Au fait, On… on ? Qui est-il ce ON qui se permet de disposer ainsi des gens sans complexe ?! »
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Je : Je suis quand même en droit de me poser la question. Qui est-il ? On aurait peut-être pu me demander mon avis tout de même… non ? Non. On aurait peut-être pu m'avertir… non ? Non. Averti, je ne me trouverais pas comme un con non ? Un homme averti, ça vaut ce que ça vaut… Enfin bon, c'est ce que je me dis. L’autre : « Enfin bon, je suis là, comme ça, par la grâce de On. Je n'ai pas mon mot à dire. On s’en bat l’œil. Et si On s'en bat l'œil qu'il aille au diable ! Sur la porte est un écriteau : ENTREZ SANS FRAPPER LE PORTIER N'A DE TOUTE FAÇON PAS LE TEMPS DE VOUS OUVRIR » Je : Surprenant ! L’autre lit : La porte est ouverte, j'entre donc. C'est une ville. Je : Une ville, une ville quoi. L’autre : Avec cependant un quelque chose d’étrange. Mais quoi ?… » Je : Mais quoi ? Je me dis bon… Je me fais des idées, ce n'est qu'une ville et puis dans la ville, bon, faut pas s'en faire. L’autre : Vous-vous mettez même à siffloter, à siffloter. Je : Il sifflote les premières notes de la chanson de Maurice Chevalier : “Dans la vie faut pas s'en faire...’’ Faut pas s'en faire, faut pas s'en faire ! I l sifflote de nouveau comme pour se rassurer. J'm'en fais pas, c'est vite dit !
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L’autre : « C'est alors que quelqu’un me dépasse au pas de course, me bousculant sans vergogne… » Je : — Eh là oh ! Faut pas s'en faire ! L’autre qui lit : « Mais qu'ont-ils tous à courir comme des… ? C’est que je réalise que… que TOUT LE MONDE COURT... ! Tout le monde court ! Etonnant en vérité je me le dis. Précisément un homme arrive en ma direction… » Je : — S'il vous plaît monsieur, je... S'il... je... L’autre qui lit : « Zou ! Il est déjà hors de vue. Bon… Excusez mo... Et Zou ! Ah ! ? Ah ! Pardon ma petite dame... Zou ! Elle me passe sous le nez ! Bien. Ah enfin... ! Excusez mo… Et Zou ! Ah ! ? Pard… Et Zou ! Je ne voudrais surtout pas vous... Zou ! ZOU, ZOU, ZOU, et re-ZOU... » Au début bon, je prends cela à la légère… » Je : Zou-Zou, c’est plutôt drôle. Mais bon, au bout d’un moment... en vérité... Ça devient inquiétant, je me dis. L’autre qui lit (Les deux voix se chevauchent) : « Je me dis surtout que bon, je ferais mieux de m'en retourner d’où je viens... »
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Je : M’en retourner d'où je viens, vous êtes bon ! Oui mais d’où ? L’autre : … Je : Je me dis surtout que bon. D’abord suis-je ? D'où viens-je ? Pourquoi je ? Et surtout : — QU'EST-CE QU'ON ? J'ai comme l’impression qu'On, qu'On m'a fourré dans une sale histoire. L’autre qui lit : « Les voix de On sont impénétrables… » Je : Ah ! Je ne vous le fais pas dire. L’autre : Ce n’est pas moi, pas moi… « Les voix de On sont impénétrables… je me dis, en vérité pour me consoler. » … C’est vous qui le dites : Je : En vérité si vous le dites… L’autre qui lit : « Alors bon, mes pas prennent la direction Centre Ville. Plus je m'en approche plus il y a de monde. Beaucoup de monde. Surtout, tout le monde court. Et puis je suis bousculé Zou . Et puis je suis dépassé et re-Zou . Zou à droite, Zou à gauche, Zou devant derrière… »
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Je : Et puis moi, plus ça va, plus j'ai du mal à respirer, plus je suis ézouflé. En vérité, plus ça va moins ça va. Plutôt inquiétant ! Plutôt. L’autre : Par contre, je suis de moins en moins bousculé. Plutôt positif. D'autant moins bousculé, que ça fait un moment que je ne suis plus dépassé ! … » Je : Plutôt étrange ! L’autre qui lit : « Mais oui… en vérité ! : En vérité je me suis mis à courir … Moi aussi ! » Je : Moi aussi, comme tout le monde ! Sans m’en rendre compte ! Plutôt inquiétant ! Non ? L’autre qui lit : « Je dois vite trouver quelqu’un pour éclairer ma lanterne. Je ralentis le pas… » Je : Pas trop, juste un peu... L’autre qui lit : « Alors tout de suite j'entends…...zzzzzzZZZZZZ ZZ » Je : C’est celà... zzzzzzZZZZZZ ZZ L’autre : « Je reprends de la vitesse pour ne pas laisser au “ZZZ ZZ le temps de faire Z ou !” et de me dépasser, et j'ai, dans l’instant, quelqu'un avec un sac qui court à mes côtés…
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Pardon madame... ? » Je : C'est une dame. L’autre : « Je lui demande pourquoi elle court. Oh pôvre ! Pôvre, purée, il est estranger ou quoi le minot ? Un estrangrer qu’est même pas d’ici ça se voit. Pourquoi je cours ? vé, si je cours c’est à cause des courses courantes, grand couillon. Et les courses courantes elles se font pas toutes seules si il voit ce que je veux dire. Je : Voyant que je ne voyais pas, elle poursuit : « Je vais vite lui expliquer. J’ai cinquante sacs dans mon sac mon pôvre et je cours faire mes courses courantes au marché couvert avant que les prix ils aient crevé le plafond, que si que je tarderai, sûr que mes courses courantes pour cinquante sacs je pourrais toujours courir. Et que si, Dieu me garde, je devais faire mes courses demain, pôvre de moi, alors ce serait cent sacs. Alors l'affaire est dans le sac monsieur l’estranger qui l’est même pas d’ici. Sur ce elle me montre un homme le visage crispé qui courre en tenant son ventre à deux mains : té vè çuilà ce grand fada qu’est si pressé, ma main à couper qu’il courre changer l’eau des olives. Sinon plus. » L’autre : « Pôvres de nous, nous vivons dans un monde de... “Zous !” elle est déjà hors de vue. » Je : Sans y prendre garde j’avais un peu ralenti le pas. Alors… ZOU… ! — @=@ —
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L’autre qui lit : Sur ma lancée je rattrappe en vol le type au visage crispé qui court en tenant son ventre à deux mains. Je lui demande ce qui le fait courir si vite. Il me dit… » Je : Il me dit : Je viens de me faire péter la zou- ventrière ! L’autre qui lit : « Je marque un temps avant de lui demander : Et pourquoi soutenir son ventre de la sorte ? Si ce n'est pas indiscret. L'air un peu gêné, il me dit… » Je : Il me dit : C'est pour ne pas être freiné dans ma course… Ce qui serait le cas si je courais ventre à terre. L’autre qui lit : « Et courez-vous si vite, si ce n'est toujours pas indiscret ? Pour ne pas avoir à lâcher son ventre, du menton il me montre des toilettes publiques. » Je : Pour le coup c'est moi qui me sens quelque peu gêné. L’autre qui lit : « Il s'agit d'un édicule les gens pénètrent à toute allure par un côté et ressortent de l'autre vite fait… » Zou-lagés.» Je : Je le prie de bien vouloir m’excuser.
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L’autre qui lit : « C’est moi qui m’excuse... il me lance, mais je cours au plus pressé. Jai pas le temps de vous faire un dessin, le moment n'est pas propice, vous me suivez ? » Je : — Non-merci... pas besoin. L’autre qui lit : « Nom d’un chien ! Il me faut lever le pied fort à propos… » Je : Fort à propos pour éviter de marcher sur une… en vérité je vous dis pas ! Zou ! il a disparu. Bienheureux les chiens. Ils prennent au moins le temps pour... En vérité je me le dis. L’autre qui lit : « Le temps de me faire cette réflexion strictement métaphysique, de nombreux Zous ont le temps de me siffler aux oreilles. » — @=@ — « Je décide de reprendre un Zou en vol. Peu importe lequel, au hasard. Pour moi, un Zou est un Zou… Je : La cadence recouvrée, sans transition, je suis aux côtés d'un militaire qui court derrière un de ces camions kaki-verts qui sillonnent les rues à zoute allure. Un Zou-lieutenant.
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Une chance, j’aurais très bien pu tomber sur un Zou- fifre. L’autre : Il reprend la lecture « Alors, le temps de régler mon pas sur le sien, je lui demande… : Pourquoi vous courez-vous ainsi, comme ça et tous les autres pareil comme lui, comme ça ? Il me dit : PARCE QUE C'EST COMME ÇA : je monte la garde. » Je : Je lui dis : Vous montez la garde !! Vous courez pourquoi alors ? Il me répond : Tu es un drôle mon gaillard, je monte la garde avec ma compagnie de Gardes Mobiles. Tu es un drôle. Nous courons parce que c'est comme ça et que c'est pas autrement. Et c'est comme ça, à cause des bruits qui courent de part et d'autre. Alors je lui dis : Et à cause de bruits qui courent, vous courez derrière des camions, et les autres pareil que vous ? L’autre (se mettant dans la peau du militaire) : — Affirmatif. Ce sont des camions bourrés d'armes. Je : — Et alors quoi ? L’autre : Et alors quoi, c'est la course aux armements vous êtes drôle enfin quoi ! Je : Et vous n'avez pas peur que ça vous pète au nez, et tous les autres non plus pareil ?
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L’autre : Affirmatif mon vieux, mais par les temps qui courent c'est un risque à courir. C'est comme ça . C'est pas autrement. Affirmatif. Et comme de part et d'autre c'est aussi comme ça et pas autrement, comme ça, ça équilibre. Nous n’avons pas le choix. C’est à prendre ou à prendre. Je : Et quand à prendre des permissions ? L’autre : Nous pouvons toujours courir ! Les permissions ça fait longtemps qu’elles ont sauté, de part et d’autre. Tu es un drôle toi. Donnez des perms à mes hommes… ils vont sauter sur l’occasion pour aller faire la bombe. Il y a des filles canons qui courent les rues, des vraies bombes prêtes à se faire sauter. Ah ah ah ! Je : Vos hommes sont majeurs tout de même ! L’autre : Tu es drôle, ils sont majeurs mais pas démineurs. Majeurs, démineurs Ah ah ah ! Je n’arrête pas de leur dire : « Les gars c’est la garde qu’on monte, pas la garce… » Ah ah ah ! Monter la garce ! Monter la garde, la garce... Ah ah ah ! Tu es un drôle toi, et ça te fait pas rire ! Enfin c'est comme ça, à la guerre comme à la guerre. Allez on s’bouge le cul, on se remue les fesses mon gaillard, plus vite et qu’ça saute ! C’est comme ça et c’est pas autrement. On monte la garde. Pas de gymnastique ! Un deux un deux ! On se remue la chatte ! Dans la troupe y a pas d’jambes de bois… — @=@ —
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Après avoir donné la réplique, L’autre reprend la lecture : « En vérité, ça ne fait ni une ni deux, Zou... En moins de deux, Je me trouve à côte d'un homme qui court, Un chronomètre à la main. » « A ma question : Vous courez comme ça depuis longtemps ? Il répond… » Je : Il répond : — Depuis un bon bout de temps. L’autre qui commence par lire… : « Et pourquoi vous courez-vous donc ainsi donc donnera ensuite la réplique, prenant la place de Je , pendant que Je joura le rôle de l’homme au chronomètre : Je : — Je cours pour gagner du temps. Un bout de temps par-ci etc. Un bout de temps par-là... Un bout de temps plus un bout de temps plus un bout de temps etc., au bout d'un certain temps du coup ça finit par faire un bon bout de temps etc. Et du coup c'est toujours ça de gagné. L’autre : Alors, vous devez disposer de plein de temps pour faire plein de choses ?
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Je : Il n'y a jamais assez de temps, le temps est compté, du coup je n’ai pas de temps à perdre, il me faut gagner du temps, ça occupe mon temps à plein temps. L’autre qui reprend la lecture : « C'est comme pour . Comme pour l'argent. D'abord le temps c'est de l'argent. Mais contrairement au temps qui a une odeur propre L'ODEUR DU TEMPS”, l'argent lui n'a pas d'odeur, même s'il n'est pas toujours très propre très propre. A moins qu'il ne soit blanchi. Le temps est précieux, mais il en va de l'odeur du Temps comme de toutes les odeurs, elle est fugace, elle se déprécie etc. et du coup je risque de perdre du temps. Sans compter que bien placé etc., le temps travaille pour moi. » Et vous pensez courir encore longtemps comme vous le faites ? Lui demande-je. Je ne peux pas m'arrêter, si je ne veux pas être dépassé par LES CHOSES et tout le tintouin... » Je : — Les choses, mais quelles choses ? — @=@ — L’autre (maintenant dans la peau de l’homme au chronomètre) : — Du coup je vais être obligé de vous faire un cours, une “Leçon de Choses”. Et du coup remonter au début des Choses . Pas au tout début-tout début , parce qu' au tout-début tout début , les gens étant absents, et du coup les choses se passaient sans Histoire.
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Pour résumer : Au     commencement     étaient     les Choses . Et puis les gens sont arrivés. C'est à ce moment précis que débute l'Histoire   des Choses . A peu de chose près. Au     début     des     gens , les Choses et les gens s'ignoraient. Surtout les gens, car les gens n'avaient pas la moindre idée des Choses. Du coup les Choses et les gens se côtoyaient dans l'indifférence générale, sans heurts, sans histoires etc. Et du coup c'était bien. Au   début   des   gens , les gens n'avaient pas de mots à leur disposition, tout juste émettaient-ils quelques grognements sans sens précis et la plupart du temps vides de sens etc. Les gens n’ayant du coup rien à dire, du coup tout se passait sans histoire. Le hasard faisant bien les choses, le premier mot qu'ils découvrirent fut le mot “ chose ”. Du coup les gens furent très fiers de leur trouvaille. « C'est pas tous les jours qu'on trouve une chose pareille. » Pour la première fois, les gens avaient leur mot à dire et du coup pourquoi s'en priver ? Du coup ils l'employèrent à tout bout de champs, à tord et à travers etc. Tout ce qui leur tombait sous la main était aussitôt baptisé “chose”. Chose, chose, chose... etc. En général, ça ne posait pas de problème, les gens se comprenaient au quart de chose.
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Tu montes beau chose ? Tu me donnes un petit quelque chose, je t’envoie au septième chose, chose promise chose due. Avec toutes ces choses transmissibles, ça me fout les choses. Chez moi j'ai ma petite chose à moi qui peut faire la même chose. Bonsoir ma petite chose à moi. Viens, nous allons faire la chose. Je ne peux pas, j'ai mes choses. Chose alors ! Sers-moi un petit quelque chose, tu seras au moins utile à quelque chose, c’est la moindre des choses. Parfois, il arrivait que les gens prennent une chose pour une autre : Est ce que je peux me lever pour aller aux choses? On ne dit pas, je vais au chose, on dit, je vais chez le chose ! Tu me l'as déjà dit, mais moi c'est aux   choses qu'il faut que je vais. Et c'était comme ça tous les jours, etc., etc. etc. Les bonnes choses ayant une fin, arriva ce qui devait arriver. Les gens, à force de baptiser toute chose du nom de “chose”, etc., n'eurent, un jour, plus rien à baptiser. Du coup ils en furent tout chose. “Un mot presque neuf !” C'est alors que quelqu’un eut l’idée lumineuse et simple : Y a qu’à mettre le mot “chose” au service de ce que nous ne connaissons pas.
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Du coup, pour les gens qui ne connaissaient pas grand chose, son champ d'application s'en trouva, considérablement élargi, d'autant plus que rien n'empêchait des petits futés d'inventer des tas d'autres choses pour se rendre intéressant. Du coup le mot “chose” était promis à un avenir radieux. Et puis vint quelqu'un qui déclara que toutes ces choses, ces choses qu'on ne connaissait pas, c'était autre chose que ces vulgaires choses banales du quotidien. Et du coup il devenait indécent, irrévérencieux même, d'en parler de la même manière. Pour dissiper toute équivoque, du coup ils se mirent à parler des   Choses au pluriel et avec “La Majuscule”, inventée pour la circonstance, et qui en bouchait un coin, et qui faisait du coup vraiment sérieux, respectable, etc. Du coup les gens pouvaient dire “les Choses”, parler “des Choses” etc., avec l'air entendu de celui qui, même s’il n'y entendait rien, était quand même au courant des Choses, et que de toute façon ça s'invente pas des Choses comme ça. Du coup UN GRAND PAS VENAIT D'ETRE FRANCHI. Jusqu’alors, les Choses et les gens menaient des vies parallèles, les Choses suivaient leur cours immuable de Choses et les gens, ignorant tout des Choses, ne songeaient du coup pas à en changer le cours etc. Ça marchait comme ça : tant bien que mal, et plutôt pas plus mal que ça.
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Arriva le jour quelqu’un, cherchant une réponse à la question : « Quel est le chose de chose ? » et n’obtenant pour toute réponse de son entourage que: Le chose de chose c’est chose enfin quoi, eut du coup l’idée d’un second mot, ‘’ Machin ’’. Du coup, la question devenait : « Quel est le chose de machin ? » Ce qui amenait comme réponse soit chose , soit machin , soit machin-chose . Se rendant compte que ça ne changeait pas grande chose, lui vint l’idée d’un troisième mot et ce fut ‘’ synonyme ’’. Fort de ce nouveau mot il se reposa la question : « Quel est le synonyme de chose ? — Machin.» Euréka ! ne pût-il s’empêcher de s’exclamer inventant du même coup un nouveau mot. À partir de ce jour allait s’ensuivre une longue période de déchosisation des choses. À la suite de quoi s'est trouvé quelqu'un, quelqu'un pour dire : « Si nous essayiiions d'aller un peu plus vite... pour voir ce que feraient les Choses ? Ça ne coûte rien d'essayer... Juste pour voir. Juste pour voir si ça vaut le coup du coup. » Or, les gens avaient justement un moment de libre à cette époque. Et comme ils ne voyaient aucune raison de contrarier ce quelqu'un, ils consentirent du coup à aller un peu plus vite. Pas trop vite, mais un peu, sans chercher à brusquer les Choses, JUSTE POUR VOIR. Et puis les gens se sont arrêtés pour voir. Et ils ont vu. Ils ont vu que du coup, peut-être, peut-être pas... enfin bon. « Voilà c'est bien nous avons vu. Bien voilà.» Aussitôt il s'est trouvé quelques uns pour dire : « Vous avez vu ! Les Choses ont bougé ! Faites-nous confiance ! Nous vous le disons. Il serait intéressant que vous essayiiiez d'aller encore un poil plus vite. Ça coûte rien d'essayiiier... Juste pour voir. Faîtes pas les cons. JUSTE POUR VOIR encore un peu. » Du coup les gens qui venaient de retrouver leur moment de libre dans l'état ils l'avaient laissé, les gens ont marché, histoire de ne pas contrarier ces quelques-uns, histoire aussi de ne pas passer pour des cons. Du coup ils sont allés un peu plus vite, juste pour voir.
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Mais lorsqu’ils ont voulu s'arrêter pour voir, il s'en est tout de suite trouvé quelques-uns, les mêmes, plus quelques autres, pour dire : « Malheureux, surtout ne vous arrêtez pas ! vous risqueriiiez de tout gâcher !!! Croyez-nous. Nous vous le disons. il serait raisonnable que vous poursuiviiiez l'expérience encore aujourd'hui. Encore aujourd'hui, ça coûte rien d'essayiiier, il sera toujours temps de voir demain. » Du coup les gens se sont dit : « Ces gens ont peut-être raison, et puis demain il fera jour on y verra plus clair. » Et puis, les jours passant, les Choses ont bougé de plus en plus vite. Du coup il n'était même plus question du lendemain pour voir. Il y avait des gens, quelques uns, pour dire : « On verra ça un autre jour, un Beau Jour . » Et d'autres : « Non, il faut que ce soit un soir, un   Grand   Soir ! après quoi vous verrez les lendemains n'en finiront plus de chanter , croyez-nous. » Et quelques-uns, quand même, qui ont crié : « Faites pas les cons ! Attention !! Attention. » Mais les gens n'avaient déjà plus le temps d'écouter qui que ce soit, tellement ils étaient occupés à ne pas se laisser dépasser par les Choses qui du coup allaient de plus en plus vite. Et du coup de toute façon, soyons raisonnables faut être sérieux etc. etc. A partir de là, les Choses étant ce qu'elles sont, il n'y avait du coup pas de raison pour que les Choses changent, et du coup les Choses restant ce qu'elles étaient nous en sommes arrivés là où nous sommes. Voilà en bref, un résume de l'Histoire des Choses et de tout le tintouin. »
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Je : — Mais, les Choses étant justement ce qu'elles sont, et vu ce qu'elles vont très vite devenir, vous allez finir par vous emballer en vérité je vous le dis, je lui dis. L’autre : C ' est pas que ça m'emballe. Mais du coup vous avez une solution vous ? Je : En vérité, au point en sont les Choses vous n'avez guère le choix je vous le dis, je lui dis. Vous avez peur que les Choses vous dépassent, bon. Mais qui vous prouve que les Choses cherchent à vous dépasser ? Pour en avoir le cœur net, il faudrait essayer de ralentir un peu. Ça ne coûte rien d'essayer, juste pour voir. JUSTE POUR VOIR. Vous verriez tout de suite si vous risquez d'être dépassés. Si ce nétait pas le cas, vous pourriez essayer de ralentir encore un peu, JUSTE POUR VOIR. Sinon c’est du tout vu, vous allez voir ce que vous allez voir : plus vite vous irez, plus vite vous serez dépassés. En vérité, la seule chance qu'il vous reste pour ne pas être dépassés, c'est de commencer à mettre le frein. Je ne vous demande pas de me croire, mais croyez- moi en vérité je vous le dis. Ça marche ou ça ne marche pas. Si   ça   ne   marche   pas , comme vous n'aviez rien à perdre : vous n'avez rien perdu. Si ça marche : vous avez tout à gagner. C'est un pari à prendre.
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Ou bien vous faites COMME JE VOUS DIS, ou bien vous faites COMME SI JE NE VOUS AVAIS RIEN DIT et vous courez à votre perte. Vous me croyez ou vous ne me croyez pas. Moi, ce que je vous en dis, en vérité… ! L’autre qui reprend la lecture : « Alors il me dit : Je ne demande qu'à vous croire, mais du coup, du coup avec des idées comme les vôtres, c'est plutôt vous qui courez à votre perte. Comment ça moi ? je lui dis, et pourquoi donc ? Parce que, avec des idées comme les vôtres etc. vous risquez de créer un courant d'opinions, et quoi de plus dangereux que les courants d'opinions ? Les idées vont vite, et du coup dans les hautes sphères ils seront vite au courant. Pour que les choses puissent changer, il faudrait un miracle et les miracles, par les temps qui courent... J'ai comme l'impression qu'On nous a abandonné. Et vous, que faites-vous ? Vous n'êtes pas d'ici ? » Je : C'est bien la première fois que quelqu'un prend le temps de s'intéresser à moi. L’autre qui lit : « — Je l’ignore, en vérité je vous le dis, je lui dis. On m'a envoyé ici. On ne m'a absolument rien dit. Je ne vous demande pas de me croire, mais c'est la vérité, en vérité. Je vous le dis. »
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Je : A ces mots il est tout excité : — Vous avez bien dit qu'On vous avait envoyé !!!! Que ne l’avez-vous dit tout de suite ! Si On vous a envoyé, c'est du coup, du coup du coup du coup, du coup qu'On nous a pas oublié du coup etc. ! Du coup vous êtes l'envoyé d'On, du coup. — Allons donc... je lui dis. Ne vous emballez pas, j'ai du mal à vous suivre. Dites moi donc ce que vous savez d'On, Que savez-vous donc d'On, j'aimerais savoir ? L’autre : « Il me répond : Ecoutez, du coup j'ai pas le temps, je cours porter la bonne nouvelle et tout le tintouin. Rendez-vous “Place des Oliviers”. J’en ai pour quelques minutes, montre en main. À tout à l’heure. Sitôt sa phrase achevée, il disparaît dans la foule. » — @=@ — Je : Il disparaît… L’autre : « De quelle bonne nouvelle veut-il parler ? Que me veut cet On ? » Je : Est-ce qu'On chercherait à me manipuler ? Il ne faudrait pas qu'On me fasse faire des choses pour des clous ! — @=@ —
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L’autre : Un instant ! J’ai perdu le fil… L’homme au chronomètre vous donne rendez-vous sur une certaine place des Oliviers, avant de disparaître… Ah voilà, voilà j’y suis, j’y suis : « Sitôt sa phrase achevée, il disparaît dans la foule » Je : Place des Oliviers… Allez trouver votre chemin dans une pareille ville de Zous ! Je ne suis pas devin. L’autre il lit : « Pardon Monsieur, c'est pour un renseignement, la Place des Oliviers ? Quoi ? La Place des Oliviers ? Quoi ? Quoi, et bien quoi la Place des Oliviers ?! Quoi ? C'est pour un renseignement. Je : — Juste pour un renseignement. L’autre : « Il me répond : « Je ne suis pas dans les renseignements, JE SUIS CHASSEUR quoi, Alors bon voilà. Quoi ! Je suis chasseur. » Ah bon, en ville vous avez le droit ? » Je : — Vous avez le droit ?
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L’autre : — Alors bon voilà quoi, comment t’expliquer ? Je t’explique : Je suis chasseur chargé de faire la chasse aux temps morts quoi. Aux temps morts. Et bon, voilà quoi ? Les temps morts peuvent se cacher partout quoi, même en ville, voilà. La chasse aux temps morts c’est toute l'année, autorisation du Ministère des temps morts lequel bon dépend directement du Ministère du temps libre, alors quoi ? Je : Alors rien. Parce que, un Ministère du temps libre il existe ? L’autre : — Oh gamin, je devrais pas avoir à t’expliquer. Par les temps qui courent on ne peux pas quoi, laisser le temps libre agir en toute liberté, parce-que bon. Je t’explique : une suposition tu laisses le champ libre au temps libre quoi ? en moins de deux il finira par bouffer tout le champ à moins que bon . A moins que bon, on ne lui coupe l'herbe sous le pied. Pour l’instant le temps libre est placé en liberté surveillée. Voilà. Le temps libre a besoin de liberté pour être libre. Bon. Mais bon, il y a des limites à ne pas dépasser : Les limites du raisonnable ”.
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Un impôt sur le temps libre, a bien été créé mais bon. Bon mais bon, c'était oublier que dans le temps libre se nichait quoi, environ 25% de temps morts. Et que bon, les temps morts, n'ayant pas été réglementés, tous ceux qui bon n'avaient pas eu le temps de faire passer leur temps libre en Suisse, parce que bon, je t’explique, en Suisse ils prennent tout leur temps, tous ceux se sont empressés de convertir leur temps libre en temps morts. Je t’explique pas les campagnes pour tenter d’endiguer cette dérive quoi, du genre : « Je vous échange votre paquet de temps on ne peut plus mort, contre deux paquets de temps libre... En plus c'est une bonne action... Deux barils, qui dit mieux ! » Les gens ne marchaient pas. Le temps mort était devenu une valeur refuge De 25% il passa très vite à, quoi, 30, puis à 50%. Il se passait une chose incroyable quoi ? Les temps morts étaient en train de faire des petits . Un comble quoi !! Alors bon, en catastrophe quoi, fut créé le Ministère des temps morts. Ça explique. Mais voilà, s'occuper des temps morts était autrement plus difficile que de s'occuper du temps libre quoi.
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Au début, le temps libre c'était l'anarchie, et l'anarchie bon, ça a beau être l'anarchie, mais bon, ça a du bon. L'anarchie, elle ne demande qu'à être contrôlée, canalisée et exploitée au profit de celui qui sait s'y prendre. Contrairement au temps libre, le temps mort n'a rien à perdre. C’est comme la gangrène quoi, il faut éviter qu’elle gagne du terrain. Et si, bon, on ne parvenait pas à éliminer le temps mort, il n’y aurait pas d’autre choix que d'amputer le temps de sa partie malade quoi ? : il faudrait abolir le temps libre quoi, mais bon. Mais bon en attendant, bon, la chasse aux temps morts continue quoi. Voilà. Délicat travail gamin. Délicat car quoi, je t’explique : avant tout il faut éviter de tuer le temps. Le temps est précieux. Il faut juste tuer le   temps   mort ”, rien que le temps mort. Et, pour tuer le temps mort, quoi... ? II faut avant tout attendre qu'il soit mort. Il faut le tuer, JUSTE A TEMPS, et bon c'est délicat quoi. Que j’explique : Juste à temps — c'est juste à temps quoi. Avant   juste   à   temps vous risquez de tuer un temps qui quoi, n'est pas encore mort bon, c’est pas bon. Après   juste   à   temps c'est plus le temps, et bon, à quoi bon, vous avez perdu, quoi ? : votre temps. Et le temps perdu, même mort, quoi... ? » Je : — Ne se rattrape guère, je lui dis. L’autre il reprend la lecture : « — Voilà, c'est ça. Bon... il me dit.
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Voilà voilà voilà, bon. Voilà bon. Tout s’explique. À propos mon grand, euh ! bon, tu m’avais demandé un renseignement ; bon j’ai plus le temps de t’expliquer je t’explique pas, mais bon, adresse-toi bas, bon. Voilà. Enfin bon quoi, c’est bon mais bon. — Merci vous êtes bien trop bon je lui dis. » Je : Il me dit : C'est bon gamin, y a pas de quoi, bon, mais bon, voilà voilà voilà. C’est bon. Bon bon bon je t’explique pas. Voilà voilà bon. Envisager intervention du batteur et sa batterie Bon bon voilà voilà voià, bon bon voilà… quoi. — @=@ — L’autre : « Bon bon bon, devant moi est écrit : “BUREAU DE RENSEIGNEMENTS” J'entre, je passe devant le guichet. Pardon Madame c’est pour un renseignement. — J'ai pas le temps au suivant ! » Je : Je veux protester, mais le suivant a déjà pris ma place et je me retrouve illico à la rue, poussé par mon suivant. Là ça me dépasse ! — @=@ — L’autre : « Ceci dit, je tombe sur un arrêt de bus. » Je : Je me dis : — Le bus voilà ma planche de salut. L’autre : « Je m'arrête de courir. Je : Ouf ça fait du bien ! Je vais pouvoir reprendre mon souffle. ” L’autre : Alors tout de suite j'entends un Zou, un Zou tout autour de moi. »
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Je : Pas un simple zou, un Zou continu : “Zouououououououououou...” C'est un zou-brigadier qui fait une ronde. Il tourne autour de moi. Il se met à crier : ALLEZ ! CIRCULEZ, CIRCULEZ S'IL VOUS PLAIT, SVP ! Je proteste, je lui dis que j'attends le bus. Il me dit : Z'avez pas compris circulez. S'il vous plaît SVP ! Z'avez pas z'à attendre le bus. Alors, s'il vous plaît, SVP... ! » Et d'ajouter : De toute façon les bus z'ont pas le temps de s'arrêter. Z'ont pas que ça à faire. Z'ont l'Horaire à respecter . L'Horaire c'est sacré. Alors un peu de respect je vous z'en prie ! Circulez ! L’autre : « Mais… je lui dis, et les gens qui sont sensés prendre le bus, ils font comment ? Ils peuvent toujours courir. De toute façon, aucune personne sensée, si elle est sensée, n'est sensée avoir envie de perdre son temps à attendre un bus qui n'est pas sensé s'arrêter. C’est insensé. Ca tombe sous le sens. Et ça tombe dans le sens de mes prérogatives, comme nous disons en termes de notre jargon de métier, de les z'en empêcher. J'ai 10 ans de quartier, vous êtes bien le premier contrevenant qui m'obligez, à me servir de mes prérogatives. Alors j'ai pas de temps à perdre avec vous ! Circulez s'il vous plaît SVP ! On ne contrevient pas. Mais il peut me laisser le temps de souffler le zou- brigadier tout de même ! Je lui dis.
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Il me dit : Ca tombe bien, j'ai des ballons pour vous, z'allez pouvoir mettre votre souffle dedans. » Je : Sur ce il me tend deux ballons. L’autre : « Je lui dis : Mais pourquoi deux ballons ? C'est pour avoir r' UNE indication. Le premier ballon change de couleur si vous Z'avez bu, c'est t'une indication. Le deuxième ballon change de couleur si vous Z’avez pas bu, c'est t' une indication , z'aussi. Comme ça, si le premier ballon ne donnait pas d'indication, il serait t'étonnant que le deuxième n'en donne pas z'une, et vers-ci vers-ça. Parce que pour faire un rapport je suis z'obligé d'avoir au moins z' UNE indication. Alors maintenant soufflez s’il vous plaît SVP ! » Je : Un instant, je suis encore à bout de souffle, laissez-moi le temps de souffler ! je lui dis. Il me dit : — Arrêtez de me les gonfler... ! S'il vous plaît S.V.P. C’est bon pour cette fois, pour une fois. Mais la prochaine fois z'aurez z'affaire z'à moi. Z'êtes prévenu. Alors ne contrevenez pas, circulez si vous voulez pas que je vous z'arrête !
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L’autre : « Je lui fais remarquer que ça fait déjà un moment que je suis arrêté. Il me dit : alors tant pis je vous z'arrête. ». Je : Je lui dis : Attendez. J'attends le bus, vrai ou faux ? Oui non ? Arrétez-moi si je me trompe. Je me suis arrêté c'est mon droit, oui non... ? L’autre : je vous z'arrête, le seul droit que vous z'avez, c'est le droit de pas vous z'arrêter. Si tous les gens z'avaient le droit de s’arrrêter irions-nous. A chacun son boulot. Les contrevenants qui décident de s'arrêter eux- mêmes, je suis z'obligé de les z’arrêter moi-même pour ’“Exercice illégal du droit de s’arrêter”. A chacun son boulot. Si nous perdions notre boulot, c'est nous qui serions z'obligés de nous z'arrêter. Je : Je lui dis : — Pardon je n'étais pas au courant. L’autre : « Et bien vous l'êtes maintenant il me dit, en m'entraînant au pas de course. » — @=@ — L’autre : « Où peut-il bien m'emmener ? Au bout d'un moment je risque la question. Il me répond :
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Je vous z'emmène “PLACE DES Z'OLIVIERS”... » Je : “Ca tombe bien, je pense en moi même, j'ai de la chance.” L’autre : ... vous z'allez passer devant la Cour qui s'occupe des z'affaires courantes. Je : Je me dis : “J'ai pensé trop vite.” Et il rajoute : L’autre : Ça ne durera pas très longtemps si ça peut vous rassurer... Je : “Oui en effet, je pense, ça me rassure.” L’autre : — Vous inquiétez pas, la Justice est très z'expéditive. Je : Je me dis : “Bon, j'arrête de penser, ça vaut mieux.” L’autre qui reprend la lecture : « C'est en ne pensant à rien que nous poursuivons notre chemin, moi par la force de la concentration, le Zou-brigadier par la force de l'habitude. » « A un moment nous sommes ralentis par deux personnes qui courent devant nous, en traînant les pieds. » Je : L'une d'eux porte une robe noire. L'autre suit, la mine défaite. Il tient précieusement je ne sais quoi enveloppé dans un kleenex rouge sang.
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L’autre : « Alors au porteur de robe noire je demande : Votre ami a une triste mine, il est souffrant ? Il me répond : D'accord... » Je : — Oui d'accord, d'accord mais quoi ? je lui dis. Il me dit : — D'accord. Nous sommes condamnés, d'accord ? Je lui dis : Vous ? Lui, je suis prêt à le croire, bon. Mais VOUS... ! Il me dit : — MOI non. Nous c'est lui. Pas moi. Moi je suis son avocat d'accord ? Nous avons été arrêtés, d’accord ? Nous avons comparu devant une première chambre, nous sommes en désaccord avec cette chambre, d'accord ? Alors il nous faut vite trouver une autre chambre, ce n’est pas le moment de nous endormir, d'accord ? Je lui dis : D'accord, d'accord je suis d'accord avec nous, mais que nous est-il reproché à lui ? Il nous est reproché d'avoir jonglé sur la voie publique. Je suis étonné. Je le lui dis : — Je suis étonné je vous le dis. Jongler c'est un délit ? L’autre : « A ce moment le Zou-brigadier m’intime l’ordre d’accélérer. » — @=@ —
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« Intrigué, je repose ma question au Zou-brigadier : Jongler n'est pas un délit... » Je : Il me dit : Si. Et si ça serait pas z'un délit, ça serait t'un crime... A CAUSE DES CONNOTATIONS. Des connotations, comment des connotations ? Je lui dis. Il me dit : En raison, des   Connotations   qu'il   y   a   à   jongler r'avec les mots . Jongler r'avec les mots, c'est jouer r'avec eux, ce sont des jeux de mots ”, et les jeux de mots, ça connote une certaine connotation d'esprit. Ca relève du crime de lèse-Connotation : “Jeux de mots jeux de vilains.” L'autre jour, un n’individu jonglait t'avec les mots, Je l'ai pris la main dans le sac... — Il jonglait les mains dans un sac ?! je lui dis. Il me dit : Ne jouez pas r’avec les mots s'il vous plaît SVP ! S'il vous plaît. La main dans le sac” , en termes de jargon de métier, ça équiveut dire que je l'ai vu jongler de vive voix. Alors pesez vos mots s'il vous plaît SVP, ça pourrait vous retomber dessus. Alors... S'il vous plaît SVP ! Z’êtes prévenu. Excusez-moi... Parlez-moi donc de ce jongleur lui dis-je, pour tenter de le calmer. Il poursuit : — Le jongleur ? Le jongleur il jonglait. Il s'est fait prendre les doigts dans le nez. Là je préfère me taire, de peur de faire une boulette.
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— J'ai dû lui mettre le panier à salades, il me dit. LE PANIER A SALADES ? Je lui demande ce qu'il entend par là. Je marque un temps, alors L’autre prend la suite. L’autre : « Il me répond : Jargon / de / métier. C'est comme nous disons “les pinces” pour dire les menottes, nous disons à nous, “le panier à salades” pour dire la muselière. Les   pinces   z'elles , c'est fait pour pincer les z’individus qui se font pincer r’à eux, d'où le terme les pinces en termes du jargon à nous. La    muselière    elle , c'est pour les z'arrêter qu'ils continuent de débiter leurs salades, d'où le terme : le panier à salades ”. Jargon / de / métier. » — @=@ — « De nouveau à portée de voix de l'homme de loi, je l'interpelle : Il est interdit de jongler avec les mots, mais pourquoi ? » Je : Il me répond : — Vous voulez que je vous dise pourquoi, d'accord ? Et bien d'accord : C'EST À CAUSE DES TEXTES ET DU POUVOIR DES MOTS... Au début, le pouvoir des mots s'exercait par ‘’le truchement des Textes” d’accord ? Et puis, les Textes ont pris de plus en plus d'importance, tant et si bien qu’ils ont fini par prendre le contrôle. Et pour l’heure ce sont les Textes qui font la Loi, les Textes qui décident du sens des mots, et les mots n'ont plus leur mot à dire. D’accord ?
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Vous allez me demander que disent les Textes ? En l’occurence les Textes disent que les jeux de mots c'est... comment dire... ? — Des jeux de vilain ? Je me hasarde à lui dire. L’autre : « Jeux de mots jeux de vilains, jargon populaire. En jargon textuel ’‘Prévarication verbale aggravée’’ . Les Textes font la distinction entre deux sortes de mots : Primo les   mots   qui   ne   sont   PAS   COURANTS ”. et qui, n’étant pas courant sont très vite dépassés, et illico mis hors course, primo. En un mot : y recourir c'est se mettre hors la loi, même pour en rire. D'accord ? » Seconmo : ce sont les   mots   COURANTS qui eux vont dans la bonne direction, les mots dont il n'est pas sérieux de rire. En rire c’est tomber sous les coups de la loi. Pour rire il y a des mots spécifiques prévus pour. Je : Je lui demande de m'en citer un ou deux, pour l'exemple. il jette un regard furtif en direction du Zou-brigadier et à mi-voix il me dit, l’air navré : — Je ne peux pas... il y a des oreilles qui trainent. Je lui dis : — Allons donc, vous voulez rire ?! Il me dit : — Non non non non !!! surtout pas. Vous ne me croyez pas, vous allez voir, d'accord... ? Sans même élever la voix, il enchaîne :
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— Pour rire, il y a des mots prévus pour. Ils sont appelés “Mots de dessous de ceinture”, histoire de les rabaisser, d’autant plus que la plupart de ces mots se recrutent précisément au-dessous de la ceinture. Je peux z’en citer z'un ! s'exclame au quart de tour le Zou-brigadier, avant de lancer fièrement : — Bistouquette ! Sur quoi il pique un fou-rire. L’autre : « — Alors d'accord... ? me dit l'avocat. Ces mots à rire ont fini par déconnoter sur le code génétique, donc difficiles à éradiquer,. Si bien que les Textes leur ont, jusqu'à présent, octroyé un statut de faveur : le statut de “MOTS SOUPAPES DE SECURITE”. Les mots qui ont le label de risibilité “Dessous de Ceinture” sont publiés à “l'Almanach Officiel”, l'ouvrage de référence. Tout mot y figurant peut être utilisé soit individuellement... » Je : Bistouquette popotin ! Lance le Zou-brigadier fièrement. L’autre : « C'est ça, d'accord... ! Individuellement ou associé à tout autre mot de l'Almanach, au gré des goûts. » Je : Pipi caca prout bistouquette, zigounette ! lance de zou-brigadier, en riant de plus belle. L’autre : « C'est ça, d'accord... ! Mais , comme ce sont des mots    qui prêtent    à    rire facilement, ils doivent être tenus à l’écart des mots courants , d’accord ?
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Je : Le rire étant contagieux, les mots courants pourraient être tentés de garder pour eux tout ou partie du rire qui ne manquerait pas de leur être prêté par les mots qui prêtent à rire d’accord ? » L’autre : Les mots courants perdraient alors leur sérieux, les uns après les autres, jusqu'à ce que ça se termine par un grand éclat. Et quand il éclate, le rire est une arme qui peut faire des ravages. Voilà pourquoi il est interdit de faire cohabiter des mots   qui   prêtent   à   rire , considérés comme des mots détonateurs, avec les mots courants . Il s'agit de bien faire la distinction entre un “ bon mot et un “mot pour rire” . D'accord ? » Je : Un bon mot, un mot pour rire... moi en vérité la différence... ? L’autre : D'accord, dans la pratique vous seriez inculpé comme mon client pour Constitution d'association de mots à connotation ludique et détournement de sens, avec ou sans intention de provoquer le contresens et le glissement de connotation” , pour parler jargon juridico-textuel, d'accord... ?
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Je : Oui mais enfin bon. Encore faut-il se faire repérer. L’autre : C'est vite arrivé, “Elle” est partout. Je : Qui ‘’elle’’ ? lui dis-je. L’autre : ‘’Elle’’. La “Brigade des Jeux de mots et des Connotations”. ‘’Elle’’ est placée sous la tutelle du Garde des Mots au Ministère de la Justesse et de l'Excommunication. ‘’Elle’’ a pour mission de faire respecter les Textes, avec la bénédiction de la Sainte Axe. Je : Mais pourquoi cet acharnement ? J'aimerais comprendre. Pourquoi cet acharnement ? L’autre : Cet acharnement ? d’accord, vous allez comprendre. La connotation des mots courants ne doit jamais bouger. D'accord ? C'est dans les Textes. Pourquoi ? Je n'ai pas encore parlé “ DES IDEES ", d’accord . Si les Textes commençaient à tolérer les jeux de mots, même pour rire, ce serait ouvrir la porte aux “jeux d'idées” . Aux jeux d'idées pour rire d'abord, d'accord. Ensuite les jeux d'idées auraient vite fait de se prendre au sérieux : “Qui connote lundi pour rire, dimanche connotera sérieux” . Alors faut pas déconnoter ! D’abord, dans un premier temps, “les Idées” étaient défendues par des mots. D’abord. D’accord ? Vous me suivez ? Premier temps.
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Ensuite, ensuite deuxième tempos, il a fallu élaborer des textes, pour défendre “les Idées” contre des mouvements qui pourraient être tentés de les faire bouger, car, car s'il est une chose qui doit rester fixe, ce sont bien “les Idées” Tout tourne autour des Idées. D’où la nécessité de les stabiliser afin d'avoir des idées fixes le plus fixe possible, seule garantie pour que “ Tout ” tourne rond... Vous suivez ? D'accord ? D’accord ? D’accord. A partir du moment Tout s'est mis à tourner rond, les Textes n’eurent plus vraiment besoin “des Idées” pour que “ Tout ” continue à tourner. Maintenant, s’il y avait un risque pour que ça tourne mal au niveau “des Idées”, les Textes se réservent le droit de décréter l'abolition des Idées. Jusque là vous suivez d'accord ? D’accord. Voilà une des raisons justifiant ce que vous appelez “cet acharnement” Il y a une autre raison : LA RAISON DU BON SENS. Les Textes, c'est d'accord, vous êtes d’accord, peuvent se passer des Idées, par contre les Textes ne sauraient se passer du concours des mots. Si les Textes laissaient les mots connoter dans n'importe quel sens, imaginez, ils s'écarteraient du “Bon Sens” le sens courant et les mots auraient vite fait de perdre le sens des Choses. Et les mots n'ayant plus de sens, les Textes, qui s'appuient sur les mots, n'auraient à leur tour plus aucun sens ; et donc plus aucun pouvoir, puisque les Textes tiennent leur pouvoir des mots. Vous suivez d'accord ? Les   Textes   n'auraient   plus   de sens . Je : Ce ne serait pas plus mal, dans un sens. Vous ne croyez pas ? L’autre : D'accord, c'est vous qui le dites, mais le jour plus rien n'aura de sens, ce sera le retour au début des Choses...
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Pire même. Pire, devant une multitude de mots fuyants et insaisissables, les gens perdraient leur temps à essayer, vainement, d'en attraper le sens. Allez donc trouver le sens de la vie dans tout cela. Et ce n'est qu'un exemple. D'accord ? Au début des Choses, d'accord les gens ne disposaient que d'un seul mot, le mot “chose” pour toutes chose. Un mot qui certes ne manquait pas de sens, mais un mot tellement courant qu'il ne serait venu à l'idée de personne d’essayer de courir après. Quant à la vie... la vie, pour eux, était une chose comme une autre. Ni plus ni moins. — @=@ — Je : Sur ce il me dit : — Je ne sais pas si vous m’avez bien suivi ? Si vous vous le demandez, je peux tout reprendre depuis le début ? Tout. D’accord ? L’autre qui revient à la lecture : « Intrigué par le cas de son client qui le suit et qui tient je ne sais toujours quoi dans son kleenex rouge sang, je préfère lui répondre : Oui, d’accord enfin... non-merci ça va tout est parfaitement clair, tout. Je : Oui, d’accord enfin... non-merci ça va, tout est parfaitement clair, tout. J'ai tout compris, ce n’est pas nécessaire, par contre j'aimerais bien interviewer votre client. L’autre : « D’accord? Vous pouvez toujours tenter le coup, il ne vous répondra sûrement pas. Par contre si vous nous interviewiez nous ”, ‘’nous” nous ferions un plaisir de vous répondre, d'accord ? »
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Sur ce, je lui-leur pose la question : A quelle peine avons-t-il-nous-vous-ils été condamnés ? Et que tenons-vous de si précieux dans son kleenex ? Il me dit : Comme ça d'accord. Au tribunal il était très loquace, moi je n'avais pas mon mot à dire. Ce n'était pas mon affaire, j'étais pour rire. D'accord ? Je : Ah bein d'accord ! Comment vous étiez là pour rire ! L’autre : Pour rire. J'étais l'avocat comique d'office. D'accord ? Il a voulu se passer d’avocat, il en était tout à fait capable, vu qu’il n'avait pas la langue dans sa poche. Mon client avait entamé un plaidoyer pour défendre les jeux de mots, lorsque le juge lève le doigt, et s'exclame : Alors ! Vous, vous n’avez pas votre langue dans votre poche, Vous m'avez converti au calembour ! Me permettez-vous de vous couper la parole ? Vous pourrez la reprendre ensuite. Tout content, mon client lui a tout de suite dit : Oui je suis d'accord, je vous en prie, je vous autorise à me la couper, faites donc. Le juge qui n'attendait que ça, lui a fait couper la langue, avant même qu'il n’ait eu le temps de refermer la bouche. A la suite de quoi il lui a dit : — Ne restez donc pas la bouche ouverte ; je vous ai pris au mot ... C'est de bonne guerre.
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Quand à la parole, chose promise chose due, vous pouvez la reprendre. Dorénavant vous n'aurez plus d'excuse pour ne pas garder votre langue dans votre poche. » Et il la lui a rendue, dans un mouchoir de poche en papier en lui disant : Et un conseil : conservez-la précieusement dans le kleenex, vous avez le droit de faire appel, rien ne vous en empêche . Ce n'est pas une plaisanterie : sur le papier ” la chose est toujours possible... » Voilà, pourquoi il a fait appel à moi. Et à présent, si nous tenons notre langue, c'est dans un kleenex que nous la tenons, d'accord ? Je : Mais c'est affreux cette histoire, il suffit d'avoir la langue bien pendue pour... L’autre : D'accord, c'est un moyen comme un autre pour éviter que les langues ne se délient. Il n’y a pas qu’aux langues que cela s’aplique. Hier c’est un coureur de jupons, qui était poursuivi, un exhibitionniste. Il l'avait bien pendue... Le même juge avait l'affaire en main… ça n'a pas traîné longtemps. D'accord ? Alors l’individu à voulu faire un procès en appel. Je : Et alors ? L’autre : Alors il l'a perdu. Alors il a décidé de tenter un dernier recours.
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Je : Lequel ? L’autre : Son affaire est en Cour de Castration, pour ses vices de forme. Là son affaire sera vite tranchée. Ça coupera court. Je : — Eh bein d'accord !! je lui dis. L’autre : Je ne vous le fais pas dire, vous m'ôtez le mot de la bouche. Il se remet à la lecture : « dessus nos chemins se séparent, nous sommes Place des Oliviers” » — @=@ — « Il y a foule sur cette place ! Et puis, au beau milieu, il y a : UNE GUILLOTINE... UNE CHAISE ELECTRIQUE, côte à côte. Je lève les yeux, et sur un monticule, il y a : DEUX GRANDES CROIX ! » Je : Quatre instruments de torture !! Inquiétant en vérité ! L’autre : « Alors je dis au zou-brigadier : Jolie place... mais surprenant décor... Et tous ces machins ? Ils donnent l'impression d'être installés pour servir... Cette chose par exemple... » Il me dit : La guillotine ? La guillotine, et tout ce qui est en place sur cette place, ça doit sévir r'aujourd'hui.
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Personne n'aurait le temps de s'amuser r'à mettre en place des choses qui n'auraient pas leur place sur cette place, et qui serviraient z'à rien. vous z'avez- vous la tête... vous êtes drôle vous ? Alors je lui dis : Et... à qui est destinée, cette guillotine ? » Je : C'est pour cet t’individu là-bas qui attend pour être jugé, il me répond. L’autre : « Je lui demande ce qu’il attend-il pour être jugé. Il me répond : Il attend qu'il faut d'abord qu'il passe à la guillotine voyons, vous êtes drôle ! Ah bon ! je dis, étonné. » Je : Je sais que je suis tombé dans un monde de Zous, mais tout de même !... Je lui demande : — Mais que lui est-il reproché donc ? L’autre : Il courait à contre courant ; disons une fois sur deux. C'est un courant alternatif. Sont appelés comme ça en termes de jargon de métier. Je : — Ah bon ! Et la chaise électrique, pour qui est-elle ? L’autre : Vous êtes de plus z’en plus drôle ! Pour lui z'aussi, voyons ! Je : Peut-il me répéter ce qu'il vient de dire, le zou- brigadier ?
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L’autre : La chaise z'électrique c'est pour le même m’individu. VOYONS ! Je : — Le courant alternatif ? L’autre : C'est ça, z'avez compris. C'est la procédure courante qui s’applique aux courants alternatifs. Elle comporte trois phases : LA GUILLOTINE , pour commencer. Premio. Il s’agit avant tout de COUPER le courant ; raison de sécurité. LE JUGEMENT , ensuite Deuxio en deuxième. Une fois le courant coupé, si l'alternatif n'oppose plus de résistance, le juge étant très magnanime, c'est l'acquittement. C'est alors qu'intervient le Troisio : LA CHAISE ELECTRIQUE . Je : La chaise z’électrique !… Après la guillotine, vous plaisantez. Il me répond : — Jamais pendant les sévices. La chaise z’électrique, c'est pour essayer de rétablir le courant et s’assurer ensuite qu’il se retrouve bien transformé z'en courant continu, pour lui éviter de retomber dans la récidive. L’autre : « Je lui dis : Ah bon ! Et il y a déjà eu des résultats ? » Je : Il me répond : — Pas jusque z'à présent, mais z'un peu d'espoir n'a jamais tué personne.
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Un révolté opposera moins de résistance s’il est mis au courant qu'il est prévu de procéder r’à une tentative pour le revolter. Il fut un temps, lorsqu’on mettait la main sur une belle prise de courant, alternatif ou autre déphasé, on prenait le courant, l'était mis z'en centrale, pour se faire rephaser. Mais devant la hausse des détentions, vu leur accumulation, il y avait un risque de surcharge. Mais vous, c'est drôle, on vous a jamais été mis au courant ? Vous me semblez bien désinvolte. Je préfère faire le sourd. L’autre : « Je préfère faire le sourd. J'ai d'autres raisons d'être inquiet. » Je : Les deux croix là haut par exemple. L’autre : « Les deux croix là haut par exemple. Alors je lui dis : Je récapitule : La guillotine, c'est pour lui, il n’y coupe pas, Ok. La chaise électrique, c'est re-pour lui, c’est Ok. Ok, et ces deux croix là haut, c'est re-pour lui aussi ? Au cas ou. »
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Je : Il me dit : Vous-vous croyez drôle ! S’il vous plait svp ! Si après la chaise électrique le courant n'est pas rétabli, il sera mis hors circuit, avant d'être mis z’à la terre. À la suite de quoi, la Cour, poursuit l'expédition des autres affaires courantes. Les deux croix z’ont été installées pour les deux voleurs qui sont là bas. Ca me rassure. Mais en vérité je me garde de le dire. — @=@ — L’autre : « Alors sur un ton plus détendu je demande ce qu'il était reproché aux deux voleurs. Il me répond : Il leur est reproché qu'ils Z'ONT PIQUÉ UN SPRINT. Ah bon ! Alors il suffit que je pique un cent mètres... et... ? je lui dis. Non, vous piquez un cent mètres c'est autre chose, c'est pas grave, mais z'eux, z'ont piqué un n’oeuf sans maître, z'eux, c'est autrement plus grave, vous êtes drôle, vous. Pourquoi donc ? je demande. Mais enfin voyons ! parce-que, qui pique un n’oeuf sans maître, pique un boeuf sans maître voyons ! Et un boeuf sans maître c'est pas z'autorisé de s'en rendre maître comme ça, du jour au lendemain. Ou alors faut z'attendre un an et z'un jour. Alors seulement vous pouvez en devenir maître. Ah bon ! je lui dis, mais un boeuf sans maître, ça ne doit pas courir les rues ?
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oui ! il me dit. Par contre, un n’oeuf sans maître, c'est autrement plus courant. Oui mais, je lui dis, s'il s'agit d'un oeuf du jour, au bout d'un an et un jour, bonjour ! Sans rire il aura tout le temps pour pourrir. oui ! vous croyez pas si bien rire, c'est un risque à courir. A vous de choisir le risque que vous voulez courir. Ah bon ! je lui dis. Encore une question : supposons que les voleurs ne soient pas condamnés, que deviennent les croix ? Rassurez-vous, ils ne sont peut-être pas jugés, mais c'est du couru d'avance. Je : “Le malheur des uns fait le bonheur des autres en vérité”, je me le dis. — @=@ — L’autre : « Tout en parlant, nous avons fait le tour de la place des Oliviers. Nous arrivons au pied du monticule. Et là, que vois-je ?! » Je : UNE     TROISIEME     CROIX qui n'avait pas été dressée.!! L’autre : « UNE    TROISIEME    CROIX qui n'avait pas été dressée !! Et là, qu'est-ce que cette croix là, ?!! je m'empresse de demander au zou-brigadier. » Je : Il me répond : — Cette croix là, la la la il faut pas z'y faire attention, elle est seulement là, au cas z'ou. La ! — Au cas où quoi ?!! Je lui demande. Il me répond : — Au cas z'ou, quoi. — Oui mais quoi, au cas où ?!
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L’autre : « Bein quoi, au cas z'où, quoi, il me dit ? c'est pour “LE CAS”, quoi. Pour le cas z'où “le Cas” se présenterait là — au cas z'où . » Et comme les préposés z’aux croix n'ont pas le temps de se croiser les bras, si le cas se présentait, là, il n'aurait qu'à se monter sa croix lui même. Il y a un chemin prévu pour. Il est pentu, mais c'est quand même praticable, z'à condition de regarder on met ses pieds, pour pas chuter. Mais z'avez quoi, vous êtes tout drôle ? Faut dire que dans votre genre, z'êtes un sacré cas vous. Mais moi dans cette histoire qu'est-ce que je deviens moi ? je lui dis. » Je : Il me dit : C'est une histoire qui vous regarde, à chacun son histoire. Moi je veux pas d'histoires. Moi je m'en lave les mains, je remets mon rapport, je signe d'une croix, et je retourne à mes z'occupations. J'ai déjà assez perdu de temps comme ça avec votre histoire . Je saute sur l’occasion et je lui dis : — Vous voulez gagner du temps ? J'ai une proposition à vous faire.
50 ON
L’autre : « J’ai une proposition à vous faire. Vous me relâchez, et en vérité, ça vous fera gagner du temps, et pourrez retourner sans tarder à vos occupations en vérité je vous le dis... » Je : Il me répond : Savez comment elle s'appelle votre proposition en vérité, en termes de jargon de métier ? Je vais vous le dire : L’autre : «“Tentative de corruption de fonctionnaire dans l'exercice des prérogatives qui lui sont t’imparties.” Alors hein, ça vous cloue pas quelque part, hein ? Z'à mon n’avis, vous semblez z’avoir r’oublié que vous z'êtes z’un contrevenant, un contrevenant qui z’êtes z’en train de vous mettre dans de sales suaires. » J'ai un mandat d'amener, j'amène, c'est dans l'ordre des Choses, et je ne peux aller contre l'ordre des Choses. Si j'ai l'ordre d'amener, j'amène. Si j'ai l'ordre d'arrêter, j'arrête. Je n'obéis qu'aux z'ordres, les z'ordres rien que les z'ordres ! je : Alors, me vient une idée, je tente le tout pour le tout. Je lui mets la main sur l'épaule et lui dis d'un air détaché : — Laissez venir à moi les petits enf... Ça ne va pas, qu'est-ce que je raconte ?!” — Excusez-moi, je lui dis. Autant pour moi. Je lui remets la main sur l'épaule et lui dis d’une voix ferme :— Zou-brigadier ARRETEZ-VOUS, en vérité je vous le dis ! C'EST UN ORDRE !!
51 ON
A ma grande surprise le résultat est immédiat. il est s'arrête net. A vos z'ordres ! il me dit, au garde à vous en portant la main au calot. L’autre qui lit : « C'est alors qu'un type qui avait tout vu, accourt en criant : « BRAVO, J'AI TOUT VU, J'AI TOUT VU, Je viens juste d’arriver, du coup du coup du coup J'AI TOUT VU etc.etc. !! » Je : Le rendez-vous sur la place des Oliviers c'était lui… L’autre : « Et il continue : J'ai tout vu, j'ai tout entendu etc., J'SUIS TEMOIN ! A ce mot, mon zou-brigadier qui avait l'oreille déformée par la profession se précipite pour verbaliser. Je m'empresse de le désamorcer : Merci, ne vous donnez pas la peine c'est un ami à moi, nous allons faire un constat amiable. » Je : Il me répond : Oui mon Adjudant, bien mon Adjudant, à vos ordres mon Adjudant. Si z'avez besoin de mes services, n'hésitez pas mon Adjudant. Je n'y manquerais pas mon brave, je lui dis, en vérité pour éviter de le contrarier. Rompez.
52 ON
L’autre : « Du Coup, mon témoin qui avait tout vu, s'approche de moi et me dit : Excusez mon retard, j'ai courru toute la ville etc. afin de porter la bonne nouvelle et tout le tintouin. Montre en main, je suis quand même arrivé à temps pour tout voir. Du coup j’ai tout vu, bravo, ça c'est un vrai miracle ! Dommage, que mes amis n'aient pu voir ça. Ils devraient arriver d'un moment à l'autre. J'espère que vous n'avez pas eu de difficultés pour trouver votre chemin. Oh... ! lui dis-je, en vérité je ne vous dis pas !! On m'a beaucoup aidé, dans un certain sens. » Je : Il me dit : C'est certain, si On vous a aidé vous ne pouviez trouver meilleur guide, du coup. Tenez voici mes amis, ils sont venus, ils sont presque tous là, venez que je vous présente. L’autre : « Il leur dit : Voici celui dont je vous ai parlé, etc. etc. le fils qu'On nous a envoyé, le lardon d'On. » Je : Qu'est-ce encore que cette salade ! je me dis. Il vient d'arrêter un zou-brigadier en pleine course par simple imposition des mains etc. C'est un miracle du coup, je peux en témoigner, j'ai tout vu, j'suis témoin.
53 ON
Je vous présente le lardon d'On. » L’autre : « Alors ils se rangent tous les onze à mes côtés en me disant : Vous êtes le lardon d'On, le fils qu'On nous a envoyé, nous nous rangeons à vos côtés. Nous sommes venus, nous sommes presque tous là, y a le douzième qui devrait plus tarder. Tenez, du coup quand on parle du loup, etc. » Je : En vérité, fond sur moi une espèce de grand zazou ! Je ne sais dire le désagréable pressentiment j'eus d'abord… — @=@ — L’autre : « Je ne sais dire le désagréable pressentiment j'eus d'abord en le voyant fondre sur moi en gueulant à tue-tête : IL FAUT QUE JE VOUS EMBRASSE ! con ! IL FAUT QUE JE VOUS EMBRASSE ! Il faut que je vous embrasse, juste un biZou con ! J'eus d'abord un mouvement de recul, que j'eus d'ailleurs à renouveler, tant ses avances devenaient pressantes. » Je : — ... juste un bizou, juste un biZou ! con. L’autre : « Comme il ne se décourageait pas, je lui dis : C'est très aimable à vous... ça me gêne un peu, et puis vous allez nous faire repérer. » Je : Il me dit : Ce n'est pas grave con, ça ne me gêne pas d'être repéré, c’est pas grave bien au contraire. Il faut que je vous embrasse con, il faut que je vous embrasse, il faut que je vous embrasse ! Un bizou.
54 ON
Et il devient de plus en plus entreprenant, essayant même de me prendre en traître. L’autre : « Alors je lui dis : Il se calme, il s'affole pas !! Il cesse de faire son Zouave. Je ne suis pas celui qu'il croit ! je ne mange pas de ce pain là ! Ceci est mon corps, j'ai encore le droit d'en disposer comme je veux, en l'espèce, en vérité je le lui dis ! Alors il se calme mon vieux ! Je ne le lui dirais pas deux fois en vérité. Si je perds mon sang-froid, il sera le premier à trinquer ! » Je : J'ai l'impression qu'il boit du petit lait, et qu'il fait même son possible pour que j'attrape un coup de sang. L’autre : « Je lui dis : Attention ça va saigner bon sang de bon sang ! A ces mots il entre en transe : Ah Seigneur, Seigneur... !! » Je : C’en est trop ! L’autre : « C’en est trop ! Mon sang n'a pas le temps de faire un tour. Je hèle mon zou-brigadier qui arrive au garde-à-vous, la main au calot. Je lui dis : Repos ! Arrêtez-moi ce zouave, et veillez à ce qu'il aille se faire pendre ailleurs. Exécution !! Allez Zou ! Bien mon Capitaine, à vos ordres mon Capitaine, je fais le nécessaire mon Capitaine ! »
55 ON
Je : Une sacrée ascension ! Non ? Pas le temps de faire “ouf”, de simple contrevenant je me retrouve adjudant et dans la foulée promu capitaine… Je ne vais pas tarder à vais me trouver coiffé d’un képi étoilé. Ensuite on me proposera pourquoi pas une couronne ? Ça ne manquerait pas de piquants. L’autre : « pourquoi pas une couronne, ça ne manquerait pas de piquants. Les choses sont en train de s'emballer, je me dis. J’ atteins le sommet, à la vitesse vont les Choses je n'aurais pas le temps de faire ouf ! que je serai rattrapé par elles. » Je : Je me dis : il me faut prendre les devants. En vérité je ne me le dis pas deux fois, je décide de prendre ma retraite sur le champs avant que Du Coup et mes nouveaux fans n'aient le temps de me faire une scène... “J’imagine le tableau !”. Je tourne les talons sans prévenir, faisant une croix sur ma foudroyante carrière militaire. Mais bon, en vérité… — @=@ — Je retrouve vite fait la porte devant laquelle j'avais atterri, ce beau matin. Il y a un écriteau sur lequel est écrit, à la va-vite LE PORTIER EST SORTI SAUVE-QUI-PEUT, S’IL EST ENCORE TEMPS A peine plus loin, un autre panneau qui clignote : ATTENTION A LA FERMETURE AUTOMATIQUE DES PORTES
56 ON
Il est juste temps de sauver ce qui peut encore l'être : MOI . Et qu'On ne vienne pas me faire des reproches si je me sauve de cette ville au plus vite. De toute façon On s’en bat l’oeil. “Ouf !” — @=@ — L’autre : « “Ouf ! Le temps de res pirer un coup , je conviens d'aller droit devant moi, dans le sens le plus opposé, pour ne surtout pas risquer de revenir sur mes pas. Je traverse un désert, un vrai désert des squelettes d'animaux laissent traîner leurs os éparpillés autour d'eux, et comme je suis décidé d'aller tout droit, sans dévier d'un poil, il m’arrive même de marcher sur les os... En vérité. » — @=@ — « Et voilà que j'atterris... Que j'atterris devant une porte, la porte d'un endroit que je ne connais pas... » Je : Atterrir ? J’ai dis atterrir ? L’autre : Vous pouvez vérifier, c’est ce qui est consigné. C’est écrit. Je va voir le dossier. Il lit à haute voix : j'atterris devant une porte, la porte d'un endroit que je ne connais pas... » Atterrir, atterrir enfin bon.
57 ON
Je qui reprend la lecture du dossier : « j’atterris devant la porte d’un endroit que je ne connais pas… atterrir, atterrir enfin bon… J’atterris, comme ça. Devant la porte : un individu que je ne connais pas. Comme il me voit planté comme ça, il m'adresse la parole et me dit : « Je vous ai vu arriver de loin, je suis le vigile ils m'ont prévenu de votre venue. Ne restez pas planté comme ça, comme un con. Pressez-vous, ils vous attendent, ils sont venus, ils sont tous là, ils vous ont réservé la scène. » ILS... qu'est-ce maintnant que ces “ils” ? “Ils” m'attendent, ils” m'ont réservé la scène... ! “Ils” sont bien bons. Enfin bon, je suis là... Il me dit : Entrez je vous ouvre la porte. Ne vous inquétez pas, elle se referme toute seule. Au dessus clignote : ENTRÉE DES ARTISTES” » — @=@ —
58 ON
Je qui poursuit la lecture du dossier ON : « Quelle angoisse ! ... Déjà ce matin... Ce matin même... Ce beau matin, j'atterris... j'atterris aux portes d'une ville que je ne connais pas.» « Quand il est écrit « J’atterris » enfin bon. Maintenant c'est dans cet endroit, dans cet endroit que je ne connais pas que je me trouve… » Ça s’arrête là ? L’autre : Oh pardon ! C’est la fin du dossier ‘’ON’’ Maintenant c’est le dossier ‘’ILS’’, le dossier ‘’ILS’’ ( Il sort un dossier portant l’inscription ‘ ’ILS’’ ) Je l’ouvre et lit : Maintenant c'est dans cet endroit que je ne connais pas que je me trouve…
Acte 2
ILS
59 ON
Et le vigile qui me dit : Vous en faite pas, ils vous attendent, ils sont tous là... » Il sont là ? « Au début, je les distingue à peine. Je me dis : « Je fais comme si de rien n'était.» Et puis, maintenant je les entr'aperçois ! » Je jette un coup d’œil furtif à la salle… C’est inquiétant tous ces yeux qui me regardent, qui m’épient… Je qui reviens au dossier : C’est inquiétant tout ces yeux qui me regardent, qui m'épient... tapis dans l'ombre... deux par deux. Exepté, dans la rangée là... J’ai beau les compter ils sont en nombre impair. Je jette un oeil dans la salle pour vérifier. Je : « Faut pas s'en faire, un “il” borgne est peut être dans la rangée. Un borgne ce n’est qu’un un œil en moins. Mais si c’était un œil en plus ?! » Mais si c’était un œil en plus ?! L’autre : Faut pas s’en faire. Je : Je ne m’en fais pas. Qui sont-“ils” ? “Ils” sont là, ils m’attendent. “Ils” attendent quoi ? “Ils” sont là, immobiles, rivés sur leurs sièges.
60 ON
« Immobiles... immobiles... je vois certains “ils” qui se tortillent sur place. Certains bruyamment... » Je ne m’en fais pas. « D’autres en silence... » Faut pas s’en faire. « Faut pas s’en faire. Des “ils” qui se tortillent par épisode. D’autres plus souvent. Pourquoi m’en ferais-je ? Vous me faites rire. Vous me faite rire. Vous voyez cette “il” là, vous n’allez pas me dire qu’elle ne souffre pas. Ils ne doivent pas avoir le cœur à rire tous ces “ils”, en vérité c'est ce que je me dis. » Même s’il y a des exeptions, Ce “il” en particulier, un “il” stoïque. “Il” a de la chance. En vérité, “il” a l’air moins atteint que les “ils” qui se tordent. “Il” pourrait peut être se rendre utile, porter secours... L’autre : “Il” aurait du “il” à retordre. Je : C’est bien beau tout ça, et moi, que viens-je faire dans tout cela ? Si vous croyez que ça me fait rire. L’autre : “Ils” ne chercheraient-il pas à vous dire quelque chose. Je : Il n’émettent que des borborygmes c’est rassurant. Alors en vérité je ne sais qu'en dire. — @=@ —
61 ON
Je : « “Ils” vous attendent, “ils” sont tous là... » La belle affaire. Ils ils ils… “Ils” ne sont tout de même pas arrivés par miracle. On les a invités ? Sinon comment auraient-ils été tous informés de ma venue ? On a passé une annonce ? On a distribué des tracs ? Pourquoi pas des affiches pendant qu'On y était... ? Allons donc. L’autre : Le bouche à oreille. Pourquoi pas ? Je : Une histoire à la On. — @=@ — L’autre : Dans le bouche à oreille, c'est la première bouche, la première bouche qui compte. On le sait, On le sait. bien Il suffit qu'On se cache derrière la première bouche, pour que les oreilles s'amassent à l'appel. On n’a alors plus qu’à glisser son information dans la première oreille qui traîne pour que la mécanique se mette en route et que l’information commence à circuler, de bouche à oreille. De bouche à oreille. D'autant plus rapidement qu’elle peut passer d'une bouche à plusieurs oreilles.
62 ON
L’information va alors se frayer un chemin en passant par toutes sortes de bouches et toutes sortes d'oreilles, sans s'y attarder. Je : Sans s'y attarder. Sans s’y attarder jusqu'à ce que l’information tombe dans l'oreille d'un muet. L'oreille d'un muet étant une oreille en cul de sac, en cul de sac, l'information qui y tombe ne peut plus en ressortir : l'oreille d'un muet faisant alors de la rétention d'information. L’autre : L'information qui est tombée dans l'oreille d'un muet, c'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd... L'oreille d'un sourd n’est qu’une oreille en trompe l'œil en trompe l'œil et l'information qui chercherait à y pénétrer s’y casserrait le nez. S’y casserait le nez. Je : En vérité vous sous-entendez que “Ils” pourraient être muets. — @=@ — Je : Oui mais, de là à se tortiller comme ça sur place ? L’autre : A moins qu'On... Je : A moins qu'On ne leur ai demandé de venir à l’avance. Pour peu qu’“Ils” … Pour peu qu’“Ils” lui obéissent au doigt et à l'œil… Pour peut qu'“ils” soient venus vraiment très en avance, très en avance… Pour peu qu’’’lls’’ n’aient pas pensé à prendre leurs précautions, et pour peu qu’“ils” jugent que maintenant le moment n’est plus propice, plus propice...»
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63 ON
L’autre : Ou alors… Je : Ou alors ? L’autre : Ou alors… ne les auraient-ils pas tout bêtement payées ? Je : Qui donc ? L’autre : “Ils”, Je : Quoi donc ? L’autre : L eurs places. Je : “Ils” auraient dû payer leurs places ? L’autre : Sait-on jamais, ça pourrait expliquer. Pour peu qu’On… Pour peu qu’On leur ai fait payer leurs places. Pour peu qu’elles… l Pour peu qu’elles leur aient coûté la peau du cul, et qu’“Ils” préfèrent se retenir… Je : “Ils” aurait ils peur de perdre leurs places ? L’autre : “Qui va à la chasse, à la chasse…” À moins qu’“ils”… À moins qu’“ils” ne soient plus simplement retenus PAR leurs places !! Tout simplement. Je : En vérité ça pourrait expliquer pourquoi ‘’ils” restent cloués sur place ? Mais non mais oui, en vérité !!! — @=@ —
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Je : s'adressant, pour la premère fois, directement à la salle : Si “ils” restent cloués sur place, c'est qu' On vous a cloué ?! On en est très capable, et d'autres choses bien pires encore. On s'amuse comme On peut, On n'a rien d'autre à faire. ET VOILÀ POURQUOI VOUS, ‘’ILS’’, NE VOUS ARRACHEZ PAS DE VOS PLACES. Notez que vous “ils” n'ont pas à se plaindre, Cloués d’accord, mais bon, cloué dans un fauteuil, c'est autrement plus confortable… Tout de même. Non enfin je crois. En vérité je ne vous dis pas ! S’adressant à L’Autre : Ça ne les fait pas rire... ? “Ils’’ ne trouvent pas ça drôle ? L’autre : Dans l'état “ils” sont, “ils” ne risquent pas d’avoir le cœur à rire. C’est triste à rire, triste à rire. Je : Oui mais en vérité, ce que je viens de leur dire, c'était pour essayer de faire de l'esprit, un peu d’humour, histoire d‘essayer de détendre un peu l'atmosphère. Ils n’ont pas le coeur à rire. — @=@ —
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Je : En vérité la situation ne s’arrange pas; Avez-vous remarqué, celui qui tout à l'heure ne se tortillait pas ? L’autre : Le “il” stoïque ? Je : Même lui s'est tortillé une fois, quand vous avez répété ’c’est triste à rire, triste à rire’ vous n’avez pas vu ? L’autre : Je vois qu’il est encadré par deux autres “ils” qui eux se tordent depuis le début… De à en déduire que, de là à en déduire que… Je : Qu’il y a de la contagion dans l’air ? L’autre : Peut-être. Le vigile à l'entrée a bien dit : ( lisant dans le dossier ) « “Ils” sont là, “ils” vous attendent, ils” vous ont réservé la scène. » ? Une suposition qu’“ils” ne comprennent pas ce que vous leur dites ? Qu’“ils” ne comprennent pas. D’entrée de jeu il eu peut-être fallu commencer par leur poser la question, la question : « Etes-vous “ils” ? ... Vous : “ils” ? » Je : En vérité je ne saisi pas bien. L’autre : Si “ils” vous avaient répondu : « Yes we are “ill”, we are “ill” of corse. » Tout eut été clair : “Ils”, ils étaient angloph iles . Tout eut été clair, “ILL” sont là... : les malades angloph iles sont là. ILL” vous attendent... : les malades vous attendent. Tout eut été clair : ILL” vous ont réservé la scène... les malades anglophiles vous ont réservé la scène. Alors vous leur auriez dit : ( il consulte le dossier ) Vous leurs auriez dit : « You are ill, I am sorry, I am very sorry but I am not a doctor. It is the true in deed. I tell you. » « Vous êtes des malades, je suis désolé mais je ne suis pas docteur. C’est la vérité vraie, je vous le dis. »
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Je : Pourriez-vous essayer de le leur dire ? L’autre à la salle : — He is not a doctor, it’s the true in deed, I tell you. Je : — Ce n'est pas sain. Quittez ce lieu. L’autre : — Ce n’est pas sain. This is not healthy. Go away, it is not good for you to stay here, not good... Je : Rien ne vous retient, je ne vous retiens pas, en vérité je vous le dis. L’autre : C’est vous qui le dites. — @=@ —
67 ON
L’autre : “Ils” n’attendraient-“Ils” pas justement que vous ayez le dos tourné, le dos tourné pour partir ? Qui sait ? Je : Vous croyez ? L’autre : Qui sait On jamais. Je : Il tourne le dos un instant… En profitent-ils pour se sauver ? L’autre : “Ils” y sont, “ils” y restent. Je : "Ils” font comme “ils” veulent... Il lit : Et toujours cet œil en trop ou en plus qui me fait les gros yeux ! Qu’est-ce qu’on… Qu’est-ce qu’On me veut ! — @=@ —
68 ON
Je : Dans quelle histoire On m’a fourré ? Il y aurait un sacré bouquin à écrire. Une histoire complètement dingue. L’autre : Une histoire complètement dingue commencant par : « Quelle angoisse ! ... Déjà ce matin... Ce matin même... Ce beau matin, j’atteris aux porte d’une ville que je ne ne connais pas… » On garderait le début. Passons sur ON, sur le monde de Zous, je quitte la ville. Sauvé ! Fin de la première partie. Deuxième partie, deuxième partie : « Quelle angoisse ! ... Déjà ce matin... Ce matin même... Ce beau matin, j'atterris aux portes d'une ville que je ne connais pas. » Point. Je : « Quelle angoisse... ! » On remet ça. Après cette ville que je ne connais pas, une salle que je ne connais pas, des “ils” que je ne connais pas d'avantage...» L’autre : « Des yeux tapis dans l'ombre, deux par deux... ? Qui sont “ils” ? “Ils” ont l'air mal en point, “ils” croient-ils que je peux faire quelque choses pour eux ? Ils” restent assis là, comme si “ils” étaient au spectacle. Comme s’“ils” attendaient que je fasse un show. » Je : « Pendant qu’On… Pendant qu’On y est On pourrait en tirer une comédie dramatique en deux actes . pendant qu’on y est.»
69 ON
L’autre : C’est écrit : « On pourrait en tirer une comédie dramatique en deux actes . pendant qu’on y est. Et puis réserver une salle.» Je : Premier acte... : Quelqu’un arrive sur scène. Il pourrait entrer côté jardin et se tiendrait là comme un con. Ses premiers mots : « Quelle angoisse !...» Et puis, le personnage parlerait d’une ville tout le monde courrerait. Une ville de laquelle il serait obligé de s’enfuir. Acte deux : il serait question d’yeux… d’yeux tapis dans l’ombre… deux par deux et d’une rangée avec un oeil en trop ou en plus. Au final le personnage pourrait dire : « Quittez vos places, levez-vous et sauvez-vous, je ne peux pas vous sauver à votre place. Et toc ! ... Je ne peux pas vous sauver à votre place, JE NE SUIS PAS SAUVEUR ! » La salle se viderait et ce serait la fin du spectacle. J’aime bien cette fin. Je tente le coup ?
70 ON
A la salle : « Quittez vos places, levez-vous et sauvez-vous, je ne peux pas vous sauver à votre place. Et toc ! Je ne peux pas vous sauver à votre place, JE NE SUIS PAS SAUVEUR ! » En vérité si “Ils” s’attendaient à assister à un spectacle “Ils” sont venus trop tôt. “Ils” peuvent rentrer chez vous. Le moment venu On vous préviendra et “ils” pourront revenir. Alors maintenant “ils” peuvent quitter vos places, levez-vous et sauvez-vous... Je ne peux pas vous sauver à votre place. JE NE SUIS PAS SAUVEUR... mais non Vous pouvez toujours dire mais si , je vous dis mais non. On les manipule, c'est sûr. — Mais non. Mais non !! — Bon, “ils” font comme “ON” veux, “Ils’’ restent là si “On” le veut... je dois me sauver. SAUVEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES !! EN VÉRITÉ JE NE VOUS LE DIRAI PAS DEUX FOIS JE VOUS LE DIS. Que On vous garde ! » ( Il sort ) — @=@ — //.
71 ON
RETOUR DE L’AUTRE — @=@ — Salut au public. Applaudissements. ENTRÉE DE JE Je : “Ils” sont toujours là !. Voilà qu'“ils” frappent leurs mains. Inquiétant ! Il faut qu'On les ait bien en mains, qu'On les fasse marcher au doigt et à l'œil. On ferait bien mieux de les laisser sortir. La comédie a assez duré. ( Je jette un œil sur le dossier resté ouvert… lit ) La comédie a assez duré. C'est inquiétant, tout ces yeux... tapis dans l'ombre..., deux par deux... Je commence à faire le compte, dans la rangée... Paire ! Le compte est bon. L’impair n’est plus là Il fallait s'y attendre. Il continue à lire : Excusez-moi, je dois vous quitter. En vérité On m'attend à la sortie. C’est écrit…. C’est écrit. Sur le point de sortir, il se ravise, retourne fermer le dossier avant de quitter la scène en ayant l’air de s’excuser. — @=@ @=@ — — @=@ — //