Pièce en deux actes
Sous
le
contrôle
de
l’Autre
,
Je
est
amené
à
raconter
sa
rocambolesque
histoire,
de
son
entrée
dans
une
ville
qu’il
ne connaîssait pas jusqu’à son arrivée sur scène.
Une
histoire
d’
une
logique
absurde
implacable
qui
amena
Je
à
rencontrer
une
dizaine
d’autres
personnages.
Un monde de Zous
Deux comédiens, un batteur
zous.top
On
. Un monde de zous
Une scène
,
s’y trouvent
Je
et
l’Autre
et puis
un batteur
.
Une salle
avec des spectateurs.
Une salle avec des spectateurs
L’autre
s’installe
attendant
un
signal
du
batteur
pour
commencer son intervention.
La
batterie
s’étant
tue,
l’autre
ouvre
un
dossier
portant le titre ‘’
ON’’.
L’autre
,
s’adressant à
Je
:
Je récapitule :
Vous
entrez
côté
"Jardin"
;
jardin.
Vous
semblez
surpris
de
vous
trouver
là.
Vous
faites
mine
de
sortir
côté
"Cour"
;
cour,
Jardin…
Cour…
(
Il
montre
du
doigt le côté gauche puis le droit )
Vous vous ravisez.
Tout
ce
qui
va
suivre
est
la
transcription
in
extenso.
In
extenso. Tout est écrit, écrit et consigné. Consigné.
Je
vous
en
fais
lecture.
Vous
pouvez
m’interrompre
à
tout
moment.
Vous
le
pouvez
;
à
tout
moment.
Si
bon
vous semble.
Je lis ? Je lis. Ce sont vos propos, vos propos :
«Quelle
angoisse
!
...
Déjà
ce
matin...
Ce
matin
même...
Ce
beau
matin,
j'atterris...
j'atterris
aux
portes
d'une
ville que je ne connais pas… »
Je
:
J'ai dis atterrir ?
Un monde de Zous
Lumière
sur
le
batteur
lequel
exécute
un
solo
de
batterie
pendant
que
l’autre
, se saisit d’un dossier…
(Le batteur
est amené à intervenir à tout moment.)
Acte 1
Deux personnages en scène :
Je et L’Autre
Le batteur et sa batterie
Une salle avec des spectateurs
L’autre
:
Vous avez dit.
Je
:
Alors
excusez-moi.
Atterrir
est
un
gros
mot.
J’aurais
dû
dire
que
je
me
suis
simplement
trouvé
là
"comme
un
con"
.
Comme
un
con
c’eût
été
plus
correct
en
vérité. C’est plus correct ?
L’autre
:
Comme bon vous semble. Je reprends, je reprends :
«Quelle
angoisse
!
Déjà
ce
matin...
Ce
matin
même...
je
me
trouve
aux
portes
d'une
ville
que
je
ne
connais
pas, là, comme un con… »
Je
:
Voilà qui est plus convenable. Comme un con…
Comment ai-je atterri là ? Enfin bon.
L’autre
qui reprend la lecture
:
«
Enfin
bon,
comme
par
miracle,
je
suis
aux
portes
d'une ville que je ne connais pas, sans prévenir… »
Je
:
Même moi je n'ai pas été prévenu !
L’autre
:
Ce
sont
vos
propos,
vos
propos
consignés,
mot
pour
mot.
«
Même
moi
je
n'ai
pas
été
prévenu…
Même
moi
!
En
vérité,
on
a
beau
dire
que
nous
ne
pesons
pas
bien
lourd,
je
me
dis
qu'on
se
permet
de
disposer
des
gens
avec une légèreté... ! Tout de même. »
Je
:
Tout de même, en vérité ! Non ? Enfin bon…
L’autre
:
«
Enfin
bon,
comme
ça,
comme
par
miracle,
je
suis
aux portes de cette…
Mais au fait ?…
Au
fait,
On…
on
?
Qui
est-il
ce
ON
qui
se
permet
de
disposer ainsi des gens sans complexe ?!
»
Je
:
Je
suis
quand
même
en
droit
de
me
poser
la
question. Qui est-il ?
On
aurait
peut-être
pu
me
demander
mon
avis
tout
de
même…
non
?
Non.
On
aurait
peut-être
pu
m'avertir…
non
?
Non.
Averti,
je
ne
me
trouverais
pas
là
comme
un
con
non
?
Un
homme
averti,
ça
vaut
ce
que ça vaut… Enfin bon, c'est ce que je me dis.
L’autre
:
«
Enfin
bon,
je
suis
là,
comme
ça,
par
la
grâce
de
On.
Je
n'ai
pas
mon
mot
à
dire.
On
s’en
bat
l’œil.
Et
si
On
s'en bat l'œil qu'il aille au diable !
Sur la porte est un écriteau :
ENTREZ SANS FRAPPER
LE PORTIER N'A DE TOUTE FAÇON
PAS LE TEMPS DE VOUS OUVRIR »
Je
:
Surprenant !
L’autre
lit
:
La porte est ouverte, j'entre donc.
C'est une ville.
Je
:
Une ville, une ville quoi.
L’autre
:
Avec
cependant
un
quelque
chose
d’étrange.
Mais
quoi ?… »
Je
:
Mais quoi ?
Je
me
dis
bon…
Je
me
fais
des
idées,
ce
n'est
qu'une
ville et puis dans la ville, bon, faut pas s'en faire.
L’autre
:
Vous-vous mettez même à siffloter, à siffloter.
Je
:
Il
sifflote
les
premières
notes
de
la
chanson
de
Maurice Chevalier : “Dans la vie faut pas s'en faire...’’
Faut pas s'en faire, faut pas s'en faire !
I
l sifflote de nouveau comme pour se rassurer.
J'm'en fais pas, c'est vite dit !
L’autre
:
«
C'est
alors
que
quelqu’un
me
dépasse
au
pas
de
course, me bousculant sans vergogne… »
Je
:
— Eh là oh ! Faut pas s'en faire !
L’autre
qui lit
:
« Mais qu'ont-ils tous à courir comme des… ?
C’est
là
que
je
réalise
que…
que
TOUT
LE
MONDE
COURT...
!
Tout
le
monde
court
!
Etonnant
en
vérité
je me le dis.
Précisément un homme arrive en ma direction… »
Je
:
— S'il vous plaît monsieur, je... S'il... je...
L’autre
qui lit
:
« Zou ! Il est déjà hors de vue. Bon…
—
Excusez mo... Et Zou ! Ah ! ?
—
Ah
!
Pardon
ma
petite
dame...
Zou
!
Elle
me
passe
sous le nez ! Bien.
Ah enfin... !
—
Excusez mo… Et Zou !
Ah ! ?
—
Pard… Et Zou !
—
Je ne voudrais surtout pas vous... Zou !
ZOU, ZOU, ZOU, et re-ZOU... »
Au début bon, je prends cela à la légère… »
Je
:
Zou-Zou,
c’est
plutôt
drôle.
Mais
bon,
au
bout
d’un
moment... en vérité... Ça devient inquiétant, je me dis.
L’autre
qui lit
(Les deux voix se chevauchent)
:
« Je me dis surtout que bon,
je ferais mieux de m'en retourner d’où je viens... »
Je
:
M’en
retourner
d'où
je
viens,
vous
êtes
bon
!
Oui
mais
d’où ?
L’autre
: …
Je
:
Je
me
dis
surtout
que
bon.
D’abord
où
suis-je
?
D'où
viens-je ?
Pourquoi je ? Et surtout : — QU'EST-CE QU'ON ?
J'ai comme l’impression qu'On,
qu'On m'a fourré dans une sale histoire.
L’autre
qui lit
:
« Les voix de On sont impénétrables… »
Je
:
Ah ! Je ne vous le fais pas dire.
L’autre
:
Ce n’est pas moi, pas moi…
«
Les
voix
de
On
sont
impénétrables…
je
me
dis,
en
vérité pour me consoler. » …
C’est vous qui le dites :
Je
:
En vérité si vous le dites…
L’autre
qui lit
:
«
Alors
bon,
mes
pas
prennent
la
direction
—
Centre
Ville.
Plus je m'en approche plus il y a de monde.
Beaucoup de monde. Surtout, tout le monde court.
Et
puis
je
suis
bousculé
Zou
.
Et
puis
je
suis
dépassé
et
re-Zou
.
Zou à droite, Zou à gauche, Zou devant derrière… »
Je
:
Et
puis
moi,
plus
ça
va,
plus
j'ai
du
mal
à
respirer,
plus je suis ézouflé. En vérité, plus ça va moins ça va.
Plutôt inquiétant ! Plutôt.
L’autre
:
Par contre, je suis de moins en moins bousculé.
Plutôt positif.
D'autant
moins
bousculé,
que
ça
fait
un
moment
que
je ne suis plus dépassé ! … »
Je
:
Plutôt étrange !
L’autre
qui lit
:
« Mais oui… en vérité ! :
—
En vérité je me suis mis à courir … Moi aussi ! »
Je
:
Moi aussi,
comme tout le monde
!
Sans m’en rendre compte ! Plutôt inquiétant ! Non ?
L’autre
qui lit
:
«
Je
dois
vite
trouver
quelqu’un
pour
éclairer
ma
lanterne. Je ralentis le pas… »
Je
:
Pas trop, juste un peu...
L’autre
qui lit
:
« Alors tout de suite j'entends…...zzzzzzZZZZZZ
ZZ »
Je
:
C’est celà... zzzzzzZZZZZZ
ZZ
L’autre
:
«
Je
reprends
de
la
vitesse
pour
ne
pas
laisser
au
“ZZZ
ZZ
”
le
temps
de
faire
“
Z
ou
!”
et
de
me
dépasser,
et
j'ai,
dans
l’instant,
quelqu'un
avec
un
sac
qui
court
à mes côtés…
—
Pardon madame... ? »
Je
:
C'est une dame.
L’autre
:
« Je lui demande pourquoi elle court.
—
Oh
pôvre
!
Pôvre,
purée,
il
est
estranger
ou
quoi
le
minot
?
Un
estrangrer
qu’est
même
pas
d’ici
ça
se
voit.
Pourquoi
je
cours
?
Tè
vé,
si
je
cours
c’est
à
cause
des courses courantes, grand couillon.
Et
les
courses
courantes
elles
se
font
pas
toutes
seules si il voit ce que je veux dire.
Je
:
Voyant que je ne voyais pas, elle poursuit :
«
Je
vais
vite
lui
expliquer.
J’ai
cinquante
sacs
dans
mon
sac
mon
pôvre
et
je
cours
faire
mes
courses
courantes
au
marché
couvert
avant
que
les
prix
ils
aient
crevé
le
plafond,
que
si
que
je
tarderai,
sûr
que
mes
courses
courantes
pour
cinquante
sacs
je
pourrais toujours courir.
Et
que
si,
Dieu
me
garde,
je
devais
faire
mes
courses
demain,
pôvre
de
moi,
hè
bé
alors
ce
serait
cent
sacs.
Alors
l'affaire
est
dans
le
sac
monsieur
l’estranger
qui
l’est même pas d’ici.
Sur
ce
elle
me
montre
un
homme
le
visage
crispé
qui
courre en tenant son ventre à deux mains : té vè çuilà
ce
grand
fada
qu’est
si
pressé,
ma
main
à
couper
qu’il courre changer l’eau des olives. Sinon plus. »
L’autre
:
«
Pôvres
de
nous,
nous
vivons
dans
un
monde
de...
“Zous !” elle est déjà hors de vue. »
Je
:
Sans
y
prendre
garde
j’avais
un
peu
ralenti
le
pas.
Alors… ZOU… !
— @=@ —
L’autre
qui lit
:
Sur
ma
lancée
je
rattrappe
en
vol
le
type
au
visage
crispé qui court en tenant son ventre à deux mains.
Je lui demande ce qui le fait courir si vite.
Il me dit… »
Je
:
Il
me
dit
:
—
Je
viens
de
me
faire
péter
la
zou-
ventrière !
L’autre
qui lit
:
« Je marque un temps avant de lui demander :
—
Et pourquoi soutenir son ventre de la sorte ?
Si ce n'est pas indiscret.
L'air un peu gêné, il me dit… »
Je
:
Il me dit :
—
C'est
pour
ne
pas
être
freiné
dans
ma
course…
Ce
qui serait le cas si je courais ventre à terre.
L’autre
qui lit
:
«
—
Et
où
courez-vous
si
vite,
si
ce
n'est
toujours
pas
indiscret ?
Pour
ne
pas
avoir
à
lâcher
son
ventre,
du
menton
il
me montre des toilettes publiques. »
Je
:
Pour
le
coup
c'est
moi
qui
me
sens
quelque
peu
gêné.
L’autre
qui lit
:
«
Il
s'agit
d'un
édicule
où
les
gens
pénètrent
à
toute
allure par un côté et ressortent de l'autre vite fait… »
Zou-lagés.»
Je
:
Je le prie de bien vouloir m’excuser.
L’autre
qui lit
:
«
—
C’est
moi
qui
m’excuse...
il
me
lance,
mais
je
cours
au
plus
pressé.
Jai
pas
le
temps
de
vous
faire
un
dessin,
le
moment
n'est
pas
propice,
vous
me
suivez ? »
Je
:
— Non-merci... pas besoin.
L’autre
qui lit
:
«
Nom
d’un
chien
!
Il
me
faut
lever
le
pied
fort
à
propos… »
Je
:
Fort
à
propos
pour
éviter
de
marcher
sur
une…
en
vérité je vous dis pas ! Zou ! il a disparu.
Bienheureux
les
chiens.
Ils
prennent
au
moins
le
temps pour... En vérité je me le dis.
L’autre
qui lit
:
«
Le
temps
de
me
faire
cette
réflexion
strictement
métaphysique,
de
nombreux
Zous
ont
le
temps
de
me
siffler aux oreilles. »
— @=@ —
« Je décide de reprendre un Zou en vol.
Peu
importe
lequel,
au
hasard.
Pour
moi,
un
Zou
est
un Zou…
Je
:
La
cadence
recouvrée,
sans
transition,
je
suis
aux
côtés
d'un
militaire
qui
court
derrière
un
de
ces
camions
kaki-verts
qui
sillonnent
les
rues
à
zoute
allure.
Un Zou-lieutenant.
Une
chance,
j’aurais
très
bien
pu
tomber
sur
un
Zou-
fifre.
L’autre
:
Il reprend la lecture
«
Alors,
le
temps
de
régler
mon
pas
sur
le
sien,
je
lui
demande… :
—
Pourquoi
vous
courez-vous
ainsi,
comme
ça
et
tous les autres pareil comme lui, comme ça ?
Il me dit :
—
PARCE
QUE
C'EST
COMME
ÇA
:
je
monte
la
garde. »
Je
:
Je lui dis :
—
Vous
montez
la
garde
!!
Vous
courez
pourquoi
alors ?
Il me répond :
—
Tu
es
un
drôle
mon
gaillard,
je
monte
la
garde
avec
ma
compagnie
de
Gardes
Mobiles.
Tu
es
un
drôle.
Nous
courons
parce
que
c'est
comme
ça
et
que
c'est
pas
autrement.
Et
c'est
comme
ça,
à
cause
des
bruits
qui courent de part et d'autre.
Alors je lui dis :
—
Et
à
cause
de
bruits
qui
courent,
vous
courez
derrière des
camions,
et les autres pareil que vous ?
L’autre
(se mettant dans la peau du militaire)
:
— Affirmatif. Ce sont des camions bourrés d'armes.
Je
:
— Et alors quoi ?
L’autre
:
—
Et
alors
quoi,
c'est
la
course
aux
armements
vous
êtes drôle enfin quoi !
Je
:
—
Et
vous
n'avez
pas
peur
que
ça
vous
pète
au
nez,
et tous les autres non plus pareil ?
L’autre
:
—
Affirmatif
mon
vieux,
mais
par
les
temps
qui
courent c'est un risque à courir.
C'est comme ça
. C'est pas autrement. Affirmatif.
Et
comme
de
part
et
d'autre
c'est
aussi
comme
ça
et
pas
autrement,
comme
ça,
ça
équilibre.
Nous
n’avons
pas le choix.
C’est à prendre ou à prendre.
Je
:
Et quand à prendre des permissions ?
L’autre
:
Nous
pouvons
toujours
courir
!
Les
permissions
ça
fait
longtemps qu’elles ont sauté, de part et d’autre.
Tu
es
un
drôle
toi.
Donnez
des
perms
à
mes
hommes…
ils
vont
sauter
sur
l’occasion
pour
aller
faire
la
bombe.
Il
y
a
des
filles
canons
qui
courent
les
rues,
des
vraies
bombes
prêtes
à
se
faire
sauter.
Ah
ah ah !
Je
:
Vos hommes sont majeurs tout de même !
L’autre
:
Tu
es
drôle,
ils
sont
majeurs
mais
pas
démineurs.
Majeurs, démineurs Ah ah ah !
Je
n’arrête
pas
de
leur
dire
:
«
Les
gars
c’est
la
garde
qu’on
monte,
pas
la
garce…
»
Ah
ah
ah
!
Monter
la
garce ! Monter la garde, la garce... Ah ah ah !
Tu es un drôle toi, et ça te fait pas rire !
Enfin c'est comme ça, à la guerre comme à la guerre.
Allez
on
s’bouge
le
cul,
on
se
remue
les
fesses
mon
gaillard,
plus
vite
et
qu’ça
saute
!
C’est
comme
ça
et
c’est pas autrement.
On
monte
la
garde.
Pas
de
gymnastique
!
Un
deux
un
deux
!
On
se
remue
la
chatte
!
Dans
la
troupe
y
a
pas
d’jambes de bois…
— @=@ —
Après
avoir
donné
la
réplique,
L’autre
reprend
la
lecture
:
«
En
vérité,
ça
ne
fait
ni
une
ni
deux,
Zou...
En
moins
de deux,
Je me trouve à côte d'un homme qui court,
Un chronomètre à la main. »
« A ma question :
—
Vous courez comme ça depuis longtemps ?
Il répond… »
Je
:
Il répond :
— Depuis un bon bout de temps.
L’autre
qui
commence par lire…
:
«
Et
pourquoi
vous
courez-vous
donc
ainsi
donc
?»
donnera
ensuite
la
réplique,
prenant
la
place
de
Je
,
pendant
que
Je
joura
le
rôle
de
l’homme
au
chronomètre :
Je
:
— Je cours pour gagner du temps.
Un bout de temps par-ci etc.
Un bout de temps par-là...
Un
bout
de
temps
plus
un
bout
de
temps
plus
un
bout
de
temps
etc.,
au
bout
d'un
certain
temps
du
coup
ça
finit par faire
un bon bout de temps
etc.
Et du coup c'est toujours ça de gagné.
L’autre
:
—
Alors,
vous
devez
disposer
de
plein
de
temps
pour
faire plein de choses ?
Je
:
—
Il
n'y
a
jamais
assez
de
temps,
le
temps
est
compté,
du
coup
je
n’ai
pas
de
temps
à
perdre,
il
me
faut
gagner
du
temps,
ça
occupe
mon
temps
à
plein
temps.
L’autre
qui reprend la lecture
:
«
C'est comme pour
.
Comme pour
l'argent.
D'abord le temps c'est de l'argent.
Mais
contrairement
au
temps
qui
a
une
odeur
propre
“
L'ODEUR
DU
TEMPS”,
l'argent
lui
n'a
pas
d'odeur,
même s'il n'est pas toujours très propre très propre.
A moins qu'il ne soit blanchi.
Le
temps
est
précieux,
mais
il
en
va
de
l'odeur
du
Temps
comme
de
toutes
les
odeurs,
elle
est
fugace,
elle
se
déprécie
etc.
et
du
coup
je
risque
de
perdre
du
temps.
Sans
compter
que
bien
placé
etc.,
le
temps
travaille pour moi. »
—
Et
vous
pensez
courir
encore
longtemps
comme
vous le faites ? Lui demande-je.
—
Je
ne
peux
pas
m'arrêter,
si
je
ne
veux
pas
être
dépassé par LES CHOSES et tout le tintouin... »
Je
:
— Les choses, mais quelles choses ?
— @=@ —
L’autre
(maintenant
dans
la
peau
de
l’homme
au
chronomètre)
:
— Du coup je vais être obligé de vous faire un cours,
une “Leçon de Choses”.
Et du coup remonter
au début des Choses
.
Pas
au
tout
début-tout
début
,
parce
qu'
au
tout-début
tout
début
,
les
gens
étant
absents,
et
du
coup
les
choses se passaient sans Histoire.
Pour
résumer
:
Au
commencement
étaient
les
Choses
.
Et puis les gens sont arrivés.
C'est
à
ce
moment
précis
que
débute
“
l'Histoire
des
Choses
”
.
A peu de chose près.
Au
début
des
gens
,
les
Choses
et
les
gens
s'ignoraient.
Surtout
les
gens,
car
les
gens
n'avaient
pas la moindre idée des Choses.
Du
coup
les
Choses
et
les
gens
se
côtoyaient
dans
l'indifférence
générale,
sans
heurts,
sans
histoires
etc.
Et du coup c'était bien.
Au
début
des
gens
,
les
gens
n'avaient
pas
de
mots
à
leur
disposition,
tout
juste
émettaient-ils
quelques
grognements
sans
sens
précis
et
la
plupart
du
temps
vides de sens etc.
Les
gens
n’ayant
du
coup
rien
à
dire,
du
coup
tout
se
passait sans histoire.
Le
hasard
faisant
bien
les
choses,
le
premier
mot
qu'ils découvrirent fut le mot “
chose
”.
Du coup les gens furent très fiers de leur trouvaille.
«
C'est
pas
tous
les
jours
qu'on
trouve
une
chose
pareille. »
Pour
la
première
fois,
les
gens
avaient
leur
mot
à
dire
et du coup pourquoi s'en priver ?
Du
coup
ils
l'employèrent
à
tout
bout
de
champs,
à
tord et à travers etc.
Tout
ce
qui
leur
tombait
sous
la
main
était
aussitôt
baptisé “chose”. Chose, chose, chose... etc.
En
général,
ça
ne
posait
pas
de
problème,
les
gens
se comprenaient au quart de chose.
—
Tu
montes
beau
chose
?
Tu
me
donnes
un
petit
quelque
chose,
je
t’envoie
au
septième
chose,
chose
promise chose due.
—
Avec
toutes
ces
choses
transmissibles,
ça
me
fout
les
choses.
Chez
moi
j'ai
ma
petite
chose
à
moi
qui
peut faire la même chose.
—
Bonsoir
ma
petite
chose
à
moi.
Viens,
nous
allons
faire la chose.
—
Je ne peux pas, j'ai mes choses.
—
Chose
alors
!
Sers-moi
un
petit
quelque
chose,
tu
seras
au
moins
utile
à
quelque
chose,
c’est
la
moindre des choses.
Parfois,
il
arrivait
que
les
gens
prennent
une
chose
pour une autre :
—
Est
ce
que
je
peux
me
lever
pour
aller
aux
choses?
— On ne dit pas, je vais au chose, on dit, je vais chez
le chose !
—
Tu
me
l'as
déjà
dit,
mais
moi
c'est
aux
choses
qu'il
faut que je vais.
Et c'était comme ça tous les jours, etc., etc. etc.
Les
bonnes
choses
ayant
une
fin,
arriva
ce
qui
devait
arriver.
Les
gens,
à
force
de
baptiser
toute
chose
du
nom
de
“chose”, etc., n'eurent, un jour, plus rien à baptiser.
Du coup ils en furent tout chose.
“Un mot presque neuf !”
C'est
alors
que
quelqu’un
eut
l’idée
lumineuse
et
simple :
—
Y
a
qu’à
mettre
le
mot
“chose”
au
service
de
ce
que nous ne connaissons pas.
Du
coup,
pour
les
gens
qui
ne
connaissaient
pas
grand
chose,
son
champ
d'application
s'en
trouva,
considérablement
élargi,
d'autant
plus
que
rien
n'empêchait
des
petits
futés
d'inventer
des
tas
d'autres choses pour se rendre intéressant.
Du
coup
le
mot
“chose”
était
promis
à
un
avenir
radieux.
Et
puis
vint
quelqu'un
qui
déclara
que
toutes
ces
choses,
ces
choses
qu'on
ne
connaissait
pas,
c'était
autre
chose
que
ces
vulgaires
choses
banales
du
quotidien.
Et
du
coup
il
devenait
indécent,
irrévérencieux
même,
d'en parler de la même manière.
Pour
dissiper
toute
équivoque,
du
coup
ils
se
mirent
à
parler
“
des
Choses
”
au
pluriel
et
avec
“La
Majuscule”,
inventée
pour
la
circonstance,
et
qui
en
bouchait
un
coin,
et
qui
faisait
du
coup
vraiment
sérieux,
respectable, etc.
Du
coup
les
gens
pouvaient
dire
“les
Choses”,
parler
“des
Choses”
etc.,
avec
l'air
entendu
de
celui
qui,
même
s’il
n'y
entendait
rien,
était
quand
même
au
courant
des
Choses,
et
que
de
toute
façon
ça
s'invente pas des Choses comme ça.
Du
coup
UN
GRAND
PAS
VENAIT
D'ETRE
FRANCHI.
Jusqu’alors,
les
Choses
et
les
gens
menaient
des
vies parallèles,
—
les
Choses
suivaient
leur
cours
immuable
de
Choses
—
et
les
gens,
ignorant
tout
des
Choses,
ne
songeaient du coup pas à en changer le cours etc.
Ça marchait comme ça :
tant bien que mal, et plutôt pas plus mal que ça.
Arriva
le
jour
où
quelqu’un,
cherchant
une
réponse
à
la
question
:
«
Quel
est
le
chose
de
chose
?
»
et
n’obtenant
pour
toute
réponse
de
son
entourage
que:
—
Le
chose
de
chose
c’est
chose
enfin
quoi,
eut
du
coup l’idée d’un second mot, ‘’
Machin
’’.
Du
coup,
la
question
devenait
:
«
Quel
est
le
chose
de machin ? »
Ce
qui
amenait
comme
réponse
soit
chose
,
soit
machin
, soit
machin-chose
.
Se
rendant
compte
que
ça
ne
changeait
pas
grande
chose,
lui
vint
l’idée
d’un
troisième
mot
et
ce
fut
‘’
synonyme
’’.
Fort
de
ce
nouveau
mot
il
se
reposa
la
question
:
«
Quel est le synonyme de chose ?
— Machin.»
Euréka
!
ne
pût-il
s’empêcher
de
s’exclamer
inventant du même coup un nouveau mot.
À
partir
de
ce
jour
allait
s’ensuivre
une
longue
période de déchosisation des choses.
À
la
suite
de
quoi
s'est
trouvé
quelqu'un,
quelqu'un
pour
dire
:
«
Si
nous
essayiiions
d'aller
un
peu
plus
vite... pour voir ce que feraient les Choses ?
Ça ne coûte rien d'essayer... Juste pour voir.
Juste pour voir si ça vaut le coup du coup. »
Or,
les
gens
avaient
justement
un
moment
de
libre
à
cette époque.
Et
comme
ils
ne
voyaient
aucune
raison
de
contrarier
ce
quelqu'un,
ils
consentirent
du
coup
à
aller
un
peu
plus vite.
Pas
trop
vite,
mais
un
peu,
sans
chercher
à
brusquer
les Choses, JUSTE POUR VOIR.
Et puis les gens se sont arrêtés pour voir.
Et ils ont vu.
Ils
ont
vu
que
du
coup,
peut-être,
peut-être
pas...
enfin bon.
« Voilà c'est bien nous avons vu. Bien voilà.»
Aussitôt il s'est trouvé quelques uns pour dire :
« Vous avez vu ! Les Choses ont bougé !
Faites-nous confiance ! Nous vous le disons.
Il
serait
intéressant
que
vous
essayiiiez
d'aller
encore
un poil plus vite.
Ça coûte rien d'essayiiier... Juste pour voir.
Faîtes pas les cons.
JUSTE POUR VOIR encore un peu. »
Du
coup
les
gens
qui
venaient
de
retrouver
leur
moment
de
libre
dans
l'état
où
ils
l'avaient
laissé,
les
gens
ont
marché,
histoire
de
ne
pas
contrarier
ces
quelques-uns,
histoire
aussi
de
ne
pas
passer
pour
des cons.
Du coup ils sont allés un peu plus vite, juste pour voir.
Mais
lorsqu’ils
ont
voulu
s'arrêter
pour
voir,
il
s'en
est
tout
de
suite
trouvé
quelques-uns,
les
mêmes,
plus
quelques autres, pour dire :
«
Malheureux,
surtout
ne
vous
arrêtez
pas
!
vous
risqueriiiez
de
tout
gâcher
!!!
Croyez-nous.
Nous
vous
le
disons.
il
serait
raisonnable
que
vous
poursuiviiiez
l'expérience encore aujourd'hui.
Encore
aujourd'hui,
ça
coûte
rien
d'essayiiier,
il
sera
toujours temps de voir demain. »
Du coup les gens se sont dit :
«
Ces
gens
ont
peut-être
raison,
et
puis
demain
il
fera
jour on y verra plus clair. »
Et
puis,
les
jours
passant,
les
Choses
ont
bougé
de
plus en plus vite.
Du
coup
il
n'était
même
plus
question
du
lendemain
pour voir.
Il y avait des gens, quelques uns, pour dire :
« On verra ça un autre jour,
un Beau Jour
. »
Et d'autres :
«
Non,
il
faut
que
ce
soit
un
soir,
un
Grand
Soir
!
après
quoi
vous
verrez
les
lendemains
n'en
finiront
plus de chanter , croyez-nous. »
Et quelques-uns, quand même, qui ont crié :
« Faites pas les cons ! Attention !! Attention. »
Mais
les
gens
n'avaient
déjà
plus
le
temps
d'écouter
qui
que
ce
soit,
tellement
ils
étaient
occupés
à
ne
pas
se
laisser
dépasser
par
les
Choses
qui
du
coup
allaient
de
plus
en
plus
vite.
Et
du
coup
de
toute
façon, soyons raisonnables faut être sérieux etc. etc.
A
partir
de
là,
les
Choses
étant
ce
qu'elles
sont,
il
n'y
avait
du
coup
pas
de
raison
pour
que
les
Choses
changent,
et
du
coup
les
Choses
restant
ce
qu'elles
étaient nous en sommes arrivés là où nous sommes.
Voilà
en
bref,
un
résume
de
l'Histoire
des
Choses
et
de tout le tintouin. »
Je
:
— Mais, les Choses étant justement ce qu'elles sont,
et
vu
ce
qu'elles
vont
très
vite
devenir,
vous
allez
finir
par vous emballer en vérité je vous le dis, je lui dis.
L’autre
:
—
C
'
est
pas
que
ça
m'emballe.
Mais
du
coup
vous
avez une solution vous ?
Je
:
—
En
vérité,
au
point
où
en
sont
les
Choses
vous
n'avez guère le choix je vous le dis, je lui dis.
Vous avez peur que les Choses vous dépassent, bon.
Mais
qui
vous
prouve
que
les
Choses
cherchent
à
vous dépasser ?
Pour
en
avoir
le
cœur
net,
il
faudrait
essayer
de
ralentir un peu.
Ça ne coûte rien d'essayer, juste pour voir.
JUSTE POUR VOIR.
Vous
verriez
tout
de
suite
si
vous
risquez
d'être
dépassés.
Si
ce
nétait
pas
le
cas,
vous
pourriez
essayer
de
ralentir encore un peu, JUSTE POUR VOIR.
Sinon
c’est
du
tout
vu,
vous
allez
voir
ce
que
vous
allez
voir
:
plus
vite
vous
irez,
plus
vite
vous
serez
dépassés.
En
vérité,
la
seule
chance
qu'il
vous
reste
pour
ne
pas
être dépassés, c'est de commencer à mettre le frein.
Je
ne
vous
demande
pas
de
me
croire,
mais
croyez-
moi en vérité je vous le dis.
Ça marche ou ça ne marche pas.
Si
ça
ne
marche
pas
,
comme
vous
n'aviez
rien
à
perdre : vous n'avez rien perdu.
Si ça marche
: vous avez tout à gagner.
C'est un pari à prendre.
Ou bien vous faites COMME JE VOUS DIS, ou bien
vous
faites
COMME
SI
JE
NE
VOUS
AVAIS
RIEN
DIT et vous courez à votre perte.
Vous me croyez ou vous ne me croyez pas.
Moi, ce que je vous en dis, en vérité… !
L’autre
qui reprend la lecture
:
« Alors il me dit :
—
Je
ne
demande
qu'à
vous
croire,
mais
du
coup,
du
coup
avec
des
idées
comme
les
vôtres,
c'est
plutôt
vous qui courez à votre perte.
—
Comment ça moi ? je lui dis, et pourquoi donc ?
—
Parce que, avec des idées comme les vôtres etc.
vous
risquez
de
créer
un
courant
d'opinions,
et
quoi
de plus dangereux que les courants d'opinions ?
Les
idées
vont
vite,
et
du
coup
dans
les
hautes
sphères ils seront vite au courant.
Pour
que
les
choses
puissent
changer,
il
faudrait
un
miracle et les miracles, par les temps qui courent...
J'ai comme l'impression qu'On nous a abandonné.
Et vous, que faites-vous ? Vous n'êtes pas d'ici ? »
Je
:
C'est
bien
la
première
fois
que
quelqu'un
prend
le
temps de s'intéresser à moi.
L’autre
qui lit
:
« — Je l’ignore, en vérité je vous le dis, je lui dis.
On m'a envoyé ici.
On ne m'a absolument rien dit.
Je ne vous demande pas de me croire,
mais c'est la vérité, en vérité. Je vous le dis. »
Je
:
A ces mots il est tout excité :
— Vous avez bien dit qu'On vous avait envoyé !!!!
Que ne l’avez-vous dit tout de suite !
Si
On
vous
a
envoyé,
c'est
du
coup,
du
coup
du
coup
du
coup,
du
coup
qu'On
nous
a
pas
oublié
du
coup
etc. ! Du coup vous êtes l'envoyé d'On, du coup.
— Allons donc... je lui dis.
Ne vous emballez pas, j'ai du mal à vous suivre.
Dites moi donc ce que vous savez d'On,
Que savez-vous donc d'On, j'aimerais savoir ?
L’autre
:
« Il me répond :
—
Ecoutez,
du
coup
j'ai
pas
le
temps,
je
cours
porter
la bonne nouvelle et tout le tintouin.
Rendez-vous “Place des Oliviers”.
J’en
ai
pour
quelques
minutes,
montre
en
main.
À
tout à l’heure.
Sitôt sa phrase achevée, il disparaît dans la foule. »
— @=@ —
Je
:
Il disparaît…
L’autre
:
«
De
quelle
bonne
nouvelle
veut-il
parler
?
Que
me
veut cet On ? »
Je
:
Est-ce qu'On chercherait à me manipuler ?
Il
ne
faudrait
pas
qu'On
me
fasse
faire
des
choses
pour des clous !
— @=@ —
L’autre
:
Un
instant
!
J’ai
perdu
le
fil…
L’homme
au
chronomètre
vous
donne
rendez-vous
sur
une
certaine
place
des
Oliviers,
avant
de
disparaître…
Ah
voilà,
voilà
j’y
suis,
j’y suis :
« Sitôt sa phrase achevée, il disparaît dans la foule »
Je
:
Place
des
Oliviers…
Allez
trouver
votre
chemin
dans
une pareille ville de Zous !
Je ne suis pas devin.
L’autre
il lit :
«
—
Pardon Monsieur, c'est pour un renseignement,
la Place des Oliviers ?
—
Quoi ?
—
La Place des Oliviers ?
—
Quoi
?
Quoi,
et
bien
quoi
la
Place
des
Oliviers
?!
Quoi ?
—
C'est pour un renseignement.
Je
:
— Juste pour un renseignement.
L’autre
:
«
Il
me
répond
:
«
Je
ne
suis
pas
dans
les
renseignements,
JE
SUIS
CHASSEUR
quoi,
Alors
bon
voilà. Quoi ! Je suis chasseur. »
—
Ah bon, en ville vous avez le droit ? »
Je
:
— Vous avez le droit ?
L’autre
:
— Alors bon voilà quoi, comment t’expliquer ?
Je t’explique :
Je
suis
chasseur
chargé
de
faire
la
chasse
aux
temps
morts quoi. Aux temps morts.
Et
bon,
voilà
quoi
?
Les
temps
morts
peuvent
se
cacher partout quoi, même en ville, voilà.
La
chasse
aux
temps
morts
c’est
toute
l'année,
autorisation
du
Ministère
des
temps
morts
lequel
bon
dépend
directement
du
Ministère
du
temps
libre,
alors
quoi ?
Je
:
—
Alors
rien.
Parce
que,
un
Ministère
du
temps
libre
il
existe ?
L’autre
:
— Oh gamin, je devrais pas avoir à t’expliquer.
Par
les
temps
qui
courent
on
ne
peux
pas
quoi,
laisser
le
temps
libre
agir
en
toute
liberté,
parce-que
bon.
Je
t’explique
:
une
suposition
tu
laisses
le
champ
libre
au
temps
libre
quoi
?
en
moins
de
deux
il
finira
par
bouffer tout le champ
à moins que bon
.
A
moins
que
bon,
on
ne
lui
coupe
l'herbe
sous
le
pied.
Pour
l’instant
le
temps
libre
est
placé
en
liberté
surveillée. Voilà.
Le
temps
libre
a
besoin
de
liberté
pour
être
libre.
Bon.
Mais
bon,
il
y
a
des
limites
à
ne
pas
dépasser
:
“
Les
limites du raisonnable
”.
Un impôt sur le temps libre, a bien été créé mais bon.
Bon
mais
bon,
c'était
oublier
que
dans
le
temps
libre
se nichait quoi, environ 25% de temps morts.
Et
que
bon,
les
temps
morts,
n'ayant
pas
été
réglementés,
tous
ceux
qui
bon
n'avaient
pas
eu
le
temps
de
faire
passer
leur
temps
libre
en
Suisse,
parce
que
bon,
je
t’explique,
en
Suisse
ils
prennent
tout
leur
temps,
tous
ceux
là
se
sont
empressés
de
convertir leur temps libre en temps morts.
Je
t’explique
pas
les
campagnes
pour
tenter
d’endiguer cette dérive quoi, du genre :
«
Je
vous
échange
votre
paquet
de
temps
on
ne
peut
plus mort, contre deux paquets de temps libre...
En plus c'est une bonne action...
Deux barils, qui dit mieux ! »
Les gens ne marchaient pas.
—
Le temps mort était devenu une valeur refuge
—
De 25% il passa très vite à, quoi, 30, puis à 50%.
Il se passait une chose incroyable quoi ?
—
Les temps morts étaient en train de faire des petits
.
Un comble quoi !!
Alors
bon,
en
catastrophe
quoi,
fut
créé
le
Ministère
des temps morts. Ça explique.
Mais
voilà,
s'occuper
des
temps
morts
était
autrement
plus difficile que de s'occuper du temps libre quoi.
Au
début,
le
temps
libre
c'était
l'anarchie,
et
l'anarchie
bon, ça a beau être l'anarchie, mais bon, ça a du bon.
L'anarchie,
elle
ne
demande
qu'à
être
contrôlée,
canalisée
et
exploitée
au
profit
de
celui
qui
sait
s'y
prendre.
Contrairement
au
temps
libre,
le
temps
mort
n'a
rien
à
perdre.
C’est
comme
la
gangrène
quoi,
il
faut
éviter
qu’elle
gagne du terrain.
Et
si,
bon,
on
ne
parvenait
pas
à
éliminer
le
temps
mort,
il
n’y
aurait
pas
d’autre
choix
que
d'amputer
le
temps
de
sa
partie
malade
quoi
?
:
il
faudrait
abolir
le
temps libre quoi, mais bon.
Mais
bon
en
attendant,
bon,
la
chasse
aux
temps
morts continue quoi. Voilà.
Délicat travail gamin.
Délicat car quoi, je t’explique :
avant
tout
il
faut
éviter
de
tuer
le
temps.
Le
temps
est
précieux.
Il
faut
juste
tuer
“
le
temps
mort
”,
rien
que
le
temps mort.
Et, pour tuer le temps mort, quoi... ?
II faut avant tout attendre qu'il soit mort.
Il
faut
le
tuer,
JUSTE
A
TEMPS,
et
bon
c'est
délicat
quoi.
Que j’explique :
Juste à temps
— c'est juste à temps quoi.
Avant
juste
à
temps
—
vous
risquez
de
tuer
un
temps
qui quoi, n'est pas encore mort bon, c’est pas bon.
Après
juste
à
temps
—
c'est
plus
le
temps,
et
bon,
à
quoi bon, vous avez perdu, quoi ? : votre temps.
Et le temps perdu, même mort, quoi... ? »
Je
:
— Ne se rattrape guère, je lui dis.
L’autre
il reprend la lecture
:
« — Voilà, c'est ça. Bon... il me dit.
Voilà voilà voilà, bon. Voilà bon. Tout s’explique.
À
propos
mon
grand,
euh
!
bon,
tu
m’avais
demandé
un
renseignement
;
bon
j’ai
plus
le
temps
de
t’expliquer
je
t’explique
pas,
mais
bon,
adresse-toi
là
bas, bon. Voilà. Enfin bon quoi, c’est bon mais bon.
— Merci vous êtes bien trop bon je lui dis. »
Je
:
Il
me
dit
:
—
C'est
bon
gamin,
y
a
pas
de
quoi,
bon,
mais
bon,
voilà
voilà
voilà.
C’est
bon.
Bon
bon
bon
je
t’explique pas. Voilà voilà bon.
Envisager
intervention
du
batteur
et
sa
batterie
Bon
bon
voilà
voilà voià, bon bon voilà… quoi.
— @=@ —
L’autre
:
« Bon bon bon, devant moi est écrit :
“BUREAU DE RENSEIGNEMENTS”
J'entre, je passe devant le guichet.
Pardon Madame c’est pour un renseignement.
— J'ai pas le temps au suivant ! »
Je
:
Je
veux
protester,
mais
le
suivant
a
déjà
pris
ma
place
et
je
me
retrouve
illico
à
la
rue,
poussé
par
mon
suivant.
Là ça me dépasse !
— @=@ —
L’autre
:
« Ceci dit, je tombe sur un arrêt de bus. »
Je
:
Je me dis : — Le bus voilà ma planche de salut.
L’autre
:
« Je m'arrête de courir.
Je
:
Ouf
ça
fait
du
bien
!
Je
vais
pouvoir
reprendre
mon
souffle. ”
L’autre
:
Alors
tout
de
suite
j'entends
un
Zou,
un
Zou
tout
autour de moi. »
Je
:
Pas
un
simple
zou,
un
Zou
continu
:
“Zouououououououououou...”
C'est un zou-brigadier qui fait une ronde.
Il tourne autour de moi. Il se met à crier :
—
ALLEZ
!
CIRCULEZ,
CIRCULEZ
S'IL
VOUS
PLAIT, SVP !
Je proteste, je lui dis que j'attends le bus.
Il me dit :
—
Z'avez
pas
compris
circulez.
S'il
vous
plaît
SVP
!
Z'avez
pas
z'à
attendre
le
bus.
Alors,
s'il
vous
plaît,
SVP... ! »
Et d'ajouter :
—
De
toute
façon
les
bus
z'ont
pas
le
temps
de
s'arrêter.
Z'ont pas que ça à faire.
Z'ont l'Horaire à respecter
.
L'Horaire c'est sacré.
Alors un peu de respect je vous z'en prie ! Circulez !
L’autre
:
«
—
Mais…
je
lui
dis,
et
les
gens
qui
sont
sensés
prendre le bus, ils font comment ?
—
Ils peuvent toujours courir.
De
toute
façon,
aucune
personne
sensée,
si
elle
est
sensée,
n'est
sensée
avoir
envie
de
perdre
son
temps
à
attendre
un
bus
qui
n'est
pas
sensé
s'arrêter.
C’est
insensé. Ca tombe sous le sens.
Et
ça
tombe
dans
le
sens
de
mes
prérogatives,
comme
nous
disons
en
termes
de
notre
jargon
de
métier, de les z'en empêcher.
J'ai
10
ans
de
quartier,
vous
êtes
bien
le
premier
contrevenant
qui
m'obligez,
à
me
servir
de
mes
prérogatives.
Alors j'ai pas de temps à perdre avec vous !
Circulez s'il vous plaît SVP ! On ne contrevient pas.
—
Mais
il
peut
me
laisser
le
temps
de
souffler
le
zou-
brigadier tout de même ! Je lui dis.
Il me dit :
—
Ca
tombe
bien,
j'ai
des
ballons
pour
vous,
z'allez
pouvoir mettre votre souffle dedans. »
Je
:
Sur ce il me tend deux ballons.
L’autre
:
« Je lui dis :
—
Mais pourquoi deux ballons ?
—
C'est pour avoir r'
UNE
indication.
Le
premier
ballon
change
de
couleur
si
vous
Z'avez
bu, c'est t'une indication.
Le
deuxième
ballon
change
de
couleur
si
vous
Z’avez
pas bu, c'est t'
une indication
, z'aussi.
Comme
ça,
si
le
premier
ballon
ne
donnait
pas
d'indication,
il
serait
t'étonnant
que
le
deuxième
n'en
donne pas z'une, et vers-ci vers-ça.
Parce
que
pour
faire
un
rapport
je
suis
z'obligé
d'avoir
au moins z'
UNE
indication.
Alors maintenant soufflez s’il vous plaît SVP ! »
Je
:
—
Un
instant,
je
suis
encore
à
bout
de
souffle,
laissez-moi le temps de souffler ! je lui dis.
Il me dit :
— Arrêtez de me les gonfler... ! S'il vous plaît S.V.P.
C’est bon pour cette fois, pour une fois.
Mais
la
prochaine
fois
z'aurez
z'affaire
z'à
moi.
Z'êtes
prévenu.
Alors
ne
contrevenez
pas,
circulez
si
vous
voulez
pas
que je vous z'arrête !
L’autre
:
«
Je
lui
fais
remarquer
que
ça
fait
déjà
un
moment
que je suis arrêté.
Il me dit : alors tant pis je vous z'arrête. ».
Je
:
Je lui dis :
—
Attendez.
J'attends
le
bus,
vrai
ou
faux
?
Oui
non
?
Arrétez-moi si je me trompe.
Je me suis arrêté c'est mon droit, oui non... ?
L’autre
:
—
Là
je
vous
z'arrête,
le
seul
droit
que
vous
z'avez,
c'est le droit de pas vous z'arrêter.
Si
tous
les
gens
z'avaient
le
droit
de
s’arrrêter
où
irions-nous. A chacun son boulot.
Les
contrevenants
qui
décident
de
s'arrêter
eux-
mêmes,
je
suis
z'obligé
de
les
z’arrêter
moi-même
pour ’“Exercice illégal du droit de s’arrêter”.
A
chacun
son
boulot.
Si
nous
perdions
notre
boulot,
c'est nous qui serions z'obligés de nous z'arrêter.
Je
:
Je lui dis :
— Pardon je n'étais pas au courant.
L’autre
:
«
Et
bien
vous
l'êtes
maintenant
il
me
dit,
en
m'entraînant au pas de course. »
— @=@ —
L’autre
:
« Où peut-il bien m'emmener ?
Au bout d'un moment je risque la question.
Il me répond :
—
Je vous z'emmène “PLACE DES Z'OLIVIERS”... »
Je
:
“Ca
tombe
bien,
je
pense
en
moi
même,
j'ai
de
la
chance.”
L’autre
:
—
...
Où
vous
z'allez
passer
devant
la
Cour
qui
s'occupe des z'affaires courantes.
Je
:
Je me dis : “J'ai pensé trop vite.”
Et il rajoute :
L’autre
:
—
Ça
ne
durera
pas
très
longtemps
si
ça
peut
vous
rassurer...
Je
:
“Oui en effet, je pense, ça me rassure.”
L’autre
:
— Vous inquiétez pas, la Justice est très z'expéditive.
Je
:
Je me dis : “Bon, j'arrête de penser, ça vaut mieux.”
L’autre
qui reprend la lecture
:
«
C'est
en
ne
pensant
à
rien
que
nous
poursuivons
notre
chemin,
moi
par
la
force
de
la
concentration,
le
Zou-brigadier par la force de l'habitude. »
«
A
un
moment
nous
sommes
ralentis
par
deux
personnes
qui
courent
devant
nous,
en
traînant
les
pieds. »
Je
:
L'une
d'eux
porte
une
robe
noire.
L'autre
suit,
la
mine
défaite.
Il
tient
précieusement
je
ne
sais
quoi
enveloppé dans un kleenex rouge sang.
L’autre
:
« Alors au porteur de robe noire je demande :
—
Votre ami a une triste mine, il est souffrant ?
Il me répond :
—
D'accord... »
Je
:
— Oui d'accord, d'accord mais quoi ? je lui dis.
Il me dit :
— D'accord.
Nous
sommes condamnés, d'accord ?
Je lui dis :
—
Vous
?
Lui,
je
suis
prêt
à
le
croire,
bon.
Mais
VOUS... !
Il me dit :
— MOI non.
Nous
c'est
lui.
Pas
moi.
Moi
je
suis
son
avocat
d'accord ?
Nous avons été arrêtés, d’accord ?
Nous avons comparu devant une première chambre,
nous
sommes
en
désaccord
avec
cette
chambre,
d'accord ?
Alors
il
nous
faut
vite
trouver
une
autre
chambre,
ce
n’est pas le moment de nous endormir, d'accord ?
Je lui dis :
—
D'accord,
d'accord
je
suis
d'accord
avec
nous,
mais que nous est-il reproché à lui ?
—
Il
nous
est
reproché
d'avoir
jonglé
sur
la
voie
publique.
Je suis étonné. Je le lui dis :
— Je suis étonné je vous le dis.
Jongler c'est un délit ?
L’autre
:
«
A
ce
moment
le
Zou-brigadier
m’intime
l’ordre
d’accélérer. »
— @=@ —
« Intrigué, je repose ma question au Zou-brigadier :
—
Jongler n'est pas un délit... »
Je
:
Il me dit :
—
Si.
Et
si
ça
serait
pas
z'un
délit,
ça
serait
t'un
crime... A CAUSE DES CONNOTATIONS.
—
Des
connotations,
comment
des
connotations
?
Je
lui dis.
Il me dit :
—
En
raison,
des
Connotations
qu'il
y
a
à
jongler
r'avec les mots
.
Jongler
r'avec
les
mots,
c'est
jouer
r'avec
eux,
ce
sont
des
“
jeux
de
mots
”,
et
les
jeux
de
mots,
ça
connote
une certaine connotation d'esprit.
Ca relève du crime de lèse-Connotation :
“Jeux de mots jeux de vilains.”
L'autre
jour,
un
n’individu
jonglait
t'avec
les
mots,
Je
l'ai pris la main dans le sac...
— Il jonglait les mains dans un sac ?! je lui dis.
Il me dit :
—
Ne
jouez
pas
r’avec
les
mots
s'il
vous
plaît
SVP
!
S'il vous plaît.
“
La main dans le sac”
,
en termes de jargon de métier,
ça équiveut dire que je l'ai vu jongler de vive voix.
Alors
pesez
vos
mots
s'il
vous
plaît
SVP,
ça
pourrait
vous
retomber
dessus.
Alors...
S'il
vous
plaît
SVP
!
Z’êtes prévenu.
—
Excusez-moi...
Parlez-moi
donc
de
ce
jongleur
lui
dis-je, pour tenter de le calmer.
Il poursuit :
— Le jongleur ? Le jongleur il jonglait.
Il s'est fait prendre les doigts dans le nez.
Là je préfère me taire, de peur de faire une boulette.
— J'ai dû lui mettre le panier à salades, il me dit.
—
LE
PANIER
A
SALADES
?
Je
lui
demande
ce
qu'il
entend par là.
Je
marque un temps, alors
L’autre
prend la suite.
L’autre
:
« Il me répond :
—
Jargon / de / métier.
C'est
comme
nous
disons
“les
pinces”
pour
dire
les
menottes, nous disons à nous, “le panier à salades”
pour dire la muselière.
Les
pinces
z'elles
,
c'est
fait
pour
pincer
les
z’individus
qui
se
font
pincer
r’à
eux,
d'où
le
terme
“
les
pinces
”
en termes du jargon à nous.
La
muselière
elle
,
c'est
pour
les
z'arrêter
qu'ils
continuent
de
débiter
leurs
salades,
d'où
le
terme
:
“
le
panier à salades
”. Jargon / de / métier. »
— @=@ —
«
De
nouveau
à
portée
de
voix
de
l'homme
de
loi,
je
l'interpelle :
—
Il
est
interdit
de
jongler
avec
les
mots,
mais
pourquoi ? »
Je
:
Il me répond :
— Vous voulez que je vous dise pourquoi, d'accord ?
Et bien d'accord : C'EST À CAUSE DES TEXTES
ET DU POUVOIR DES MOTS...
Au
début,
le
pouvoir
des
mots
s'exercait
par
‘’le
truchement des Textes” d’accord ?
Et
puis,
les
Textes
ont
pris
de
plus
en
plus
d'importance,
tant
et
si
bien
qu’ils
ont
fini
par
prendre
le contrôle.
Et
pour
l’heure
ce
sont
les
Textes
qui
font
la
Loi,
les
Textes
qui
décident
du
sens
des
mots,
et
les
mots
n'ont plus leur mot à dire. D’accord ?
Vous allez me demander que disent les Textes ?
En
l’occurence
les
Textes
disent
que
les
jeux
de
mots
c'est... comment dire... ?
— Des jeux de vilain ? Je me hasarde à lui dire.
L’autre
:
«
—
Jeux
de
mots
jeux
de
vilains,
jargon
populaire.
En jargon textuel ’‘Prévarication verbale aggravée’’ .
Les
Textes
font
la
distinction
entre
deux
sortes
de
mots :
—
Primo
“
les
mots
qui
ne
sont
PAS
COURANTS
”.
et
qui,
n’étant
pas
courant
sont
très
vite
dépassés,
et
illico mis hors course, primo.
En
un
mot
:
y
recourir
c'est
se
mettre
hors
la
loi,
même pour en rire. D'accord ? »
—
Seconmo
:
ce
sont
“
les
mots
COURANTS
”
qui
eux
vont
dans
la
bonne
direction,
les
mots
dont
il
n'est
pas
sérieux
de
rire.
En
rire
c’est
tomber
sous
les
coups de la loi.
Pour rire il y a des mots spécifiques prévus pour.
Je
:
Je
lui
demande
de
m'en
citer
un
ou
deux,
pour
l'exemple.
Là
il
jette
un
regard
furtif
en
direction
du
Zou-brigadier et à mi-voix il me dit, l’air navré :
— Je ne peux pas... il y a des oreilles qui trainent.
Je lui dis :
— Allons donc, vous voulez rire ?!
Il me dit :
— Non non non non !!! surtout pas.
Vous ne me croyez pas, vous allez voir, d'accord... ?
Sans même élever la voix, il enchaîne :
— Pour rire, il y a des mots prévus pour.
Ils
sont
appelés
“Mots
de
dessous
de
ceinture”,
histoire
de
les
rabaisser,
d’autant
plus
que
la
plupart
de
ces
mots
se
recrutent
précisément
au-dessous
de
la ceinture.
—
Je
peux
z’en
citer
z'un
!
s'exclame
au
quart
de
tour
le Zou-brigadier, avant de lancer fièrement :
— Bistouquette !
Sur quoi il pique un fou-rire.
L’autre
:
« — Alors d'accord... ? me dit l'avocat.
Ces
mots
à
rire
ont
fini
par
déconnoter
sur
le
code
génétique, donc difficiles à éradiquer,.
Si
bien
que
les
Textes
leur
ont,
jusqu'à
présent,
octroyé
un
statut
de
faveur
:
le
statut
de
“MOTS
SOUPAPES DE SECURITE”.
Les
mots
qui
ont
le
label
de
risibilité
“Dessous
de
Ceinture”
sont
publiés
à
“l'Almanach
Officiel”,
l'ouvrage de référence.
Tout
mot
y
figurant
peut
être
utilisé
soit
individuellement... »
Je
:
—
Bistouquette
popotin
!
Lance
le
Zou-brigadier
fièrement.
L’autre
:
«
—
C'est
ça,
d'accord...
!
Individuellement
ou
associé
à
tout
autre
mot
de
l'Almanach,
au
gré
des
goûts. »
Je
:
—
Pipi
caca
prout
bistouquette,
zigounette
!
lance
de
zou-brigadier, en riant de plus belle.
L’autre
:
«
—
C'est
ça,
d'accord...
!
Mais
,
comme
ce
sont
des
mots
qui
prêtent
à
rire
facilement,
ils
doivent
être
tenus à l’écart des
mots courants
, d’accord ?
Je
:
Le
rire
étant
contagieux,
les
mots
courants
pourraient
être
tentés
de
garder
pour
eux
tout
ou
partie
du
rire
qui
ne
manquerait
pas
de
leur
être
prêté
par
les
mots
qui prêtent à rire d’accord ? »
L’autre
:
Les
mots
courants
perdraient
alors
leur
sérieux,
les
uns
après
les
autres,
jusqu'à
ce
que
ça
se
termine
par un grand éclat.
Et
quand
il
éclate,
le
rire
est
une
arme
qui
peut
faire
des ravages.
Voilà
pourquoi
il
est
interdit
de
faire
cohabiter
des
mots
qui
prêtent
à
rire
,
considérés
comme
des
mots
détonateurs, avec les
mots courants
.
Il s'agit de bien faire la distinction entre
un “
bon mot
”
et
un
“mot pour rire”
. D'accord ? »
Je
:
—
Un
bon
mot,
un
mot
pour
rire...
moi
en
vérité
la
différence... ?
L’autre
:
D'accord,
dans
la
pratique
vous
seriez
inculpé
comme
mon
client
pour
“
Constitution
d'association
de
mots
à
connotation
ludique
et
détournement
de
sens,
avec
ou
sans
intention
de
provoquer
le
contresens
et
le
glissement
de
connotation”
,
pour
parler
jargon
juridico-textuel, d'accord... ?
Je
:
Oui mais enfin bon. Encore faut-il se faire repérer.
L’autre
:
C'est vite arrivé, “Elle” est partout.
Je
:
Qui ‘’elle’’ ? lui dis-je.
L’autre
:
‘’Elle’’.
La
“Brigade
des
Jeux
de
mots
et
des
Connotations”.
‘’Elle’’
est
placée
sous
la
tutelle
du
Garde
des
Mots
au
Ministère de la Justesse et de l'Excommunication.
‘’Elle’’
a
pour
mission
de
faire
respecter
les
Textes,
avec la bénédiction de la Sainte Axe.
Je
:
Mais pourquoi cet acharnement ?
J'aimerais comprendre. Pourquoi cet acharnement ?
L’autre
:
Cet acharnement ? d’accord, vous allez comprendre.
La
connotation
des
mots
courants
ne
doit
jamais
bouger.
D'accord ? C'est dans les Textes. Pourquoi ?
Je n'ai pas encore parlé “
DES IDEES
", d’accord .
Si
les
Textes
commençaient
à
tolérer
les
jeux
de
mots,
même
pour
rire,
ce
serait
ouvrir
la
porte
aux
“jeux d'idées”
.
Aux jeux d'idées pour rire d'abord, d'accord.
Ensuite
les
jeux
d'idées
auraient
vite
fait
de
se
prendre
au
sérieux
:
“Qui
connote
lundi
pour
rire,
dimanche
connotera
sérieux”
.
Alors
faut
pas
déconnoter !
D’abord,
dans
un
premier
temps,
“les
Idées”
étaient
défendues
par
des
mots.
D’abord.
D’accord
?
Vous
me suivez ? Premier temps.
Ensuite,
ensuite
deuxième
tempos,
il
a
fallu
élaborer
des
textes,
pour
défendre
“les
Idées”
contre
des
mouvements
qui
pourraient
être
tentés
de
les
faire
bouger,
car,
car
s'il
est
une
chose
qui
doit
rester
fixe,
ce
sont
bien
“les
Idées”
—
“
Tout
”
tourne
autour
des
Idées.
D’où
la
nécessité
de
les
stabiliser
afin
d'avoir
des
idées
fixes
le
plus
fixe
possible,
seule
garantie
pour
que “
Tout
” tourne rond...
Vous suivez ? D'accord ? D’accord ?
D’accord.
A
partir
du
moment
où
“
Tout
”
s'est
mis
à
tourner
rond,
les
Textes
n’eurent
plus
vraiment
besoin
“des Idées” pour que “
Tout
” continue à tourner.
Maintenant,
s’il
y
avait
un
risque
pour
que
ça
tourne
mal
au
niveau
“des
Idées”,
les
Textes
se
réservent
le
droit de décréter l'abolition des Idées.
Jusque là vous suivez d'accord ?
D’accord.
Voilà
une
des
raisons
justifiant
ce
que
vous
appelez
“cet acharnement”
Il
y
a
une
autre
raison
:
—
LA
RAISON
DU
BON
SENS.
Les
Textes,
c'est
d'accord,
vous
êtes
d’accord,
peuvent
se
passer
des
Idées,
par
contre
les
Textes
ne sauraient se passer du concours des mots.
Si
les
Textes
laissaient
les
mots
connoter
dans
n'importe
quel
sens,
imaginez,
ils
s'écarteraient
du
“Bon
Sens”
—
le
sens
courant
—
et
les
mots
auraient
vite
fait
de
perdre
le
sens
des
Choses.
Et
les
mots
n'ayant
plus
de
sens,
les
Textes,
qui
s'appuient
sur
les
mots,
n'auraient
à
leur
tour
plus
aucun
sens
;
et
donc
plus
aucun
pouvoir,
puisque
les
Textes
tiennent
leur pouvoir des mots.
Vous
suivez
d'accord
?
Les
Textes
n'auraient
plus
de
sens
.
Je
:
Ce
ne
serait
pas
plus
mal,
dans
un
sens.
Vous
ne
croyez pas ?
L’autre
:
D'accord,
c'est
vous
qui
le
dites,
mais
le
jour
où
plus
rien
n'aura
de
sens,
ce
sera
le
retour
au
début
des
Choses...
Pire
même.
Pire,
devant
une
multitude
de
mots
fuyants
et
insaisissables,
les
gens
perdraient
leur
temps à essayer, vainement, d'en attraper le sens.
Allez donc trouver le sens de la vie dans tout cela.
Et ce n'est qu'un exemple. D'accord ?
Au
début
des
Choses,
d'accord
les
gens
ne
disposaient
que
d'un
seul
mot,
le
mot
“chose”
pour
toutes chose.
Un
mot
qui
certes
ne
manquait
pas
de
sens,
mais
un
mot
tellement
courant
qu'il
ne
serait
venu
à
l'idée
de
personne d’essayer de courir après.
Quant
à
la
vie...
la
vie,
pour
eux,
était
une
chose
comme une autre.
Ni plus ni moins.
— @=@ —
Je
:
Sur ce il me dit :
— Je ne sais pas si vous m’avez bien suivi ?
Si
vous
vous
le
demandez,
je
peux
tout
reprendre
depuis le début ? Tout. D’accord ?
L’autre
qui revient à la lecture
:
«
Intrigué
par
le
cas
de
son
client
qui
le
suit
et
qui
tient
je
ne
sais
toujours
quoi
dans
son
kleenex
rouge
sang, je préfère lui répondre :
—
Oui,
d’accord
enfin...
non-merci
ça
va
tout
est
parfaitement clair, tout.
Je
:
Oui,
d’accord
enfin...
non-merci
ça
va,
tout
est
parfaitement
clair,
tout.
J'ai
tout
compris,
ce
n’est
pas
nécessaire,
par
contre
j'aimerais
bien
interviewer
votre client.
L’autre
:
«
—
D’accord?
Vous
pouvez
toujours
tenter
le
coup,
il
ne vous répondra sûrement pas.
Par
contre
si
vous
nous
interviewiez
“
nous
”,
‘’nous”
nous ferions un plaisir de vous répondre, d'accord ? »
Sur ce, je lui-leur pose la question :
—
A
quelle
peine
avons-t-il-nous-vous-ils
été
condamnés
?
Et
que
tenons-vous
de
si
précieux
dans
son kleenex ?
Il me dit :
—
Comme ça d'accord.
Au
tribunal
il
était
très
loquace,
moi
je
n'avais
pas
mon
mot
à
dire.
Ce
n'était
pas
mon
affaire,
j'étais
là
pour rire. D'accord ?
Je
:
Ah bein d'accord ! Comment vous étiez là pour rire !
L’autre
:
Pour rire. J'étais l'avocat comique d'office. D'accord ?
Il
a
voulu
se
passer
d’avocat,
il
en
était
tout
à
fait
capable, vu qu’il n'avait pas la langue dans sa poche.
Mon
client
avait
entamé
un
plaidoyer
pour
défendre
les
jeux
de
mots,
lorsque
le
juge
lève
le
doigt,
et
s'exclame :
—
Alors
là
!
Vous,
vous
n’avez
pas
votre
langue
dans
votre poche, Vous m'avez converti au calembour !
Me permettez-vous de vous couper la parole ?
Vous pourrez la reprendre ensuite.
Tout content, mon client lui a tout de suite dit :
—
Oui
je
suis
d'accord,
je
vous
en
prie,
je
vous
autorise à me la couper, faites donc.
Le
juge
qui
n'attendait
que
ça,
lui
a
fait
couper
la
langue,
avant
même
qu'il
n’ait
eu
le
temps
de
refermer la bouche.
A la suite de quoi il lui a dit :
— Ne restez donc pas la bouche ouverte ;
je vous ai pris au mot
... C'est de bonne guerre.
Quand
à
la
parole,
chose
promise
chose
due,
vous
pouvez la reprendre.
Dorénavant
vous
n'aurez
plus
d'excuse
pour
ne
pas
garder votre langue dans votre poche. »
Et
il
la
lui
a
rendue,
dans
un
mouchoir
de
poche
en
papier en lui disant :
—
Et
un
conseil
:
conservez-la
précieusement
dans
le
kleenex,
vous
avez
le
droit
de
faire
appel,
rien
ne
vous
en
empêche
.
Ce
n'est
pas
une
plaisanterie
:
“
sur le papier
” la chose est toujours possible... »
Voilà, pourquoi il a fait appel à moi.
Et
à
présent,
si
nous
tenons
notre
langue,
c'est
dans
un kleenex que nous la tenons, d'accord ?
Je
:
Mais
c'est
affreux
cette
histoire,
il
suffit
d'avoir
la
langue bien pendue pour...
L’autre
:
D'accord,
c'est
un
moyen
comme
un
autre
pour
éviter
que les langues ne se délient.
Il n’y a pas qu’aux langues que cela s’aplique.
Hier
c’est
un
coureur
de
jupons,
qui
était
poursuivi,
un exhibitionniste. Il l'avait bien pendue...
Le
même
juge
avait
l'affaire
en
main…
ça
n'a
pas
traîné longtemps. D'accord ?
Alors l’individu à voulu faire un procès en appel.
Je
:
Et alors ?
L’autre
:
Alors il l'a perdu.
Alors il a décidé de tenter un dernier recours.
Je
:
Lequel ?
L’autre
:
—
Son
affaire
est
en
Cour
de
Castration,
pour
ses
vices de forme.
Là son affaire sera vite tranchée. Ça coupera court.
Je
:
— Eh bein d'accord !! je lui dis.
L’autre
:
Je
ne
vous
le
fais
pas
dire,
vous
m'ôtez
le
mot
de
la
bouche.
Il
se
remet à la lecture :
«
Là
dessus
nos
chemins
se
séparent,
nous
sommes
“
Place des Oliviers” »
— @=@ —
« Il y a foule sur cette place !
Et puis, au beau milieu, il y a :
—
UNE
GUILLOTINE...
UNE
CHAISE
ELECTRIQUE,
côte à côte.
Je lève les yeux, et sur un monticule, il y a :
—
DEUX GRANDES CROIX ! »
Je
:
Quatre instruments de torture !! Inquiétant en vérité !
L’autre
:
« Alors je dis au zou-brigadier :
—
Jolie place... mais surprenant décor...
Et tous ces machins ?
Ils donnent l'impression d'être installés pour servir...
Cette chose par exemple... »
Il me dit :
—
La guillotine ?
La
guillotine,
et
tout
ce
qui
est
en
place
sur
cette
place, ça doit sévir r'aujourd'hui.
Personne
n'aurait
le
temps
de
s'amuser
r'à
mettre
en
place
des
choses
qui
n'auraient
pas
leur
place
sur
cette
place,
et
qui
serviraient
z'à
rien.
Où
vous
z'avez-
vous la tête... vous êtes drôle vous ?
Alors je lui dis :
—
Et... à qui est destinée, cette guillotine ? »
Je
:
C'est
pour
cet
t’individu
là-bas
qui
attend
pour
être
jugé, il me répond.
L’autre
:
« Je lui demande ce qu’il attend-il pour être jugé.
Il me répond :
—
Il
attend
qu'il
faut
d'abord
qu'il
passe
à
la
guillotine
voyons, vous êtes drôle !
—
Ah bon ! je dis, étonné. »
Je
:
Je
sais
que
je
suis
tombé
dans
un
monde
de
Zous,
mais tout de même !...
Je lui demande :
— Mais que lui est-il reproché donc ?
L’autre
:
—
Il
courait
à
contre
courant
;
disons
une
fois
sur
deux.
C'est un courant alternatif.
Sont
appelés
comme
ça
en
termes
de
jargon
de
métier.
Je
:
— Ah bon ! Et la chaise électrique, pour qui est-elle ?
L’autre
:
—
Vous
êtes
de
plus
z’en
plus
drôle
!
Pour
lui
z'aussi,
voyons !
Je
:
—
Peut-il
me
répéter
ce
qu'il
vient
de
dire,
le
zou-
brigadier ?
L’autre
:
—
La
chaise
z'électrique
c'est
pour
le
même
m’individu. VOYONS !
Je
:
— Le courant alternatif ?
L’autre
:
—
C'est
ça,
z'avez
compris.
C'est
la
procédure
courante qui s’applique aux courants alternatifs.
Elle comporte trois phases :
LA GUILLOTINE
, pour commencer. Premio.
Il
s’agit
avant
tout
de
COUPER
le
courant
;
raison
de
sécurité.
LE JUGEMENT
, ensuite Deuxio en deuxième.
Une
fois
le
courant
coupé,
si
l'alternatif
n'oppose
plus
de
résistance,
le
juge
étant
très
magnanime,
c'est
l'acquittement.
C'est alors qu'intervient le Troisio :
LA CHAISE ELECTRIQUE
.
Je
:
La chaise z’électrique !…
Après la guillotine, vous plaisantez.
Il me répond :
— Jamais pendant les sévices.
La
chaise
z’électrique,
c'est
pour
essayer
de
rétablir
le
courant
et
s’assurer
ensuite
qu’il
se
retrouve
bien
transformé
z'en
courant
continu,
pour
lui
éviter
de
retomber dans la récidive.
L’autre
:
« Je lui dis :
—
Ah bon ! Et il y a déjà eu des résultats ? »
Je
:
Il me répond :
— Pas jusque z'à présent, mais z'un peu d'espoir
n'a jamais tué personne.
Un
révolté
opposera
moins
de
résistance
s’il
est
mis
au
courant
qu'il
est
prévu
de
procéder
r’à
une
tentative pour le revolter.
Il
fut
un
temps,
lorsqu’on
mettait
la
main
sur
une
belle
prise
de
courant,
alternatif
ou
autre
déphasé,
on
prenait
le
courant,
l'était
mis
z'en
centrale,
pour
se
faire rephaser.
Mais
devant
la
hausse
des
détentions,
vu
leur
accumulation, il y avait un risque de surcharge.
Mais
vous,
c'est
drôle,
on
vous
a
jamais
été
mis
au
courant ? Vous me semblez bien désinvolte.
Je préfère faire le sourd.
L’autre
:
«
Je
préfère
faire
le
sourd.
J'ai
d'autres
raisons
d'être
inquiet. »
Je
:
Les deux croix là haut par exemple.
L’autre
:
« Les deux croix là haut par exemple.
Alors je lui dis :
—
Je
récapitule
:
La
guillotine,
c'est
pour
lui,
il
n’y
coupe pas, Ok.
La chaise électrique, c'est re-pour lui, c’est Ok.
Ok, et ces deux croix là haut, c'est re-pour lui aussi ?
Au cas ou. »
Je
:
Il
me
dit
:
—
Vous-vous
croyez
drôle
!
S’il
vous
plait
svp !
Si
après
la
chaise
électrique
le
courant
n'est
pas
rétabli,
il
sera
mis
hors
circuit,
avant
d'être
mis
z’à
la
terre.
À
la
suite
de
quoi,
la
Cour,
poursuit
l'expédition
des
autres affaires courantes.
Les
deux
croix
z’ont
été
installées
pour
les
deux
voleurs qui sont là bas.
Ca me rassure. Mais en vérité je me garde de le dire.
— @=@ —
L’autre
:
«
Alors
sur
un
ton
plus
détendu
je
demande
ce
qu'il
était reproché aux deux voleurs.
Il me répond :
—
Il
leur
est
reproché
qu'ils
Z'ONT
PIQUÉ
UN
SPRINT.
—
Ah
bon
!
Alors
il
suffit
que
je
pique
un
cent
mètres... et... ? je lui dis.
—
Non,
vous
piquez
un
cent
mètres
c'est
autre
chose,
c'est
pas
grave,
mais
z'eux,
z'ont
piqué
un
n’oeuf
sans
maître,
z'eux,
c'est
autrement
plus
grave,
vous êtes drôle, vous.
—
Pourquoi donc ? je demande.
—
Mais
enfin
voyons
!
parce-que,
qui
pique
un
n’oeuf
sans maître, pique un boeuf sans maître voyons !
Et
un
boeuf
sans
maître
c'est
pas
z'autorisé
de
s'en
rendre maître comme ça, du jour au lendemain.
Ou alors faut z'attendre un an et z'un jour.
Alors seulement vous pouvez en devenir maître.
—
Ah
bon
!
je
lui
dis,
mais
un
boeuf
sans
maître,
ça
ne doit pas courir les rues ?
—
Hé
oui
!
il
me
dit.
Par
contre,
un
n’oeuf
sans
maître, c'est autrement plus courant.
—
Oui
mais,
je
lui
dis,
s'il
s'agit
d'un
oeuf
du
jour,
au
bout
d'un
an
et
un
jour,
bonjour
!
Sans
rire
il
aura
tout
le temps pour pourrir.
—
Hé
oui
!
vous
croyez
pas
si
bien
rire,
c'est
un
risque à courir.
A vous de choisir le risque que vous voulez courir.
—
Ah bon ! je lui dis.
Encore
une
question
:
supposons
que
les
voleurs
ne
soient pas condamnés, que deviennent les croix ?
—
Rassurez-vous, ils ne sont peut-être pas jugés,
mais c'est du couru d'avance.
Je
:
“Le
malheur
des
uns
fait
le
bonheur
des
autres
en
vérité”, je me le dis.
— @=@ —
L’autre
:
«
Tout
en
parlant,
nous
avons
fait
le
tour
de
la
place
des
Oliviers.
Nous
arrivons
au
pied
du
monticule.
Et
là, que vois-je ?! »
Je
:
UNE
TROISIEME
CROIX
qui
n'avait
pas
été
dressée.!!
L’autre
:
«
UNE
TROISIEME
CROIX
qui
n'avait
pas
été
dressée !!
—
Et
là,
qu'est-ce
que
cette
croix
là,
là
?!!
je
m'empresse de demander au zou-brigadier. »
Je
:
Il me répond :
— Cette croix là, la la la il faut pas z'y faire attention,
elle est seulement là, au cas z'ou. La !
— Au cas où quoi ?!! Je lui demande.
Il me répond :
— Au cas z'ou, quoi.
— Oui mais quoi, au cas où ?!
L’autre
:
« Bein quoi, au cas z'où, quoi, il me dit ?
c'est
pour
“LE
CAS”,
quoi.
Pour
le
cas
z'où
“le
Cas”
se présenterait là —
au cas z'où
. »
Et
comme
les
préposés
z’aux
croix
n'ont
pas
le
temps
de
se
croiser
les
bras,
si
le
cas
se
présentait,
là,
il
n'aurait
qu'à
se
monter
sa
croix
lui
même.
Il
y
a
un
chemin
prévu
pour.
Il
est
pentu,
mais
c'est
quand
même
praticable,
z'à
condition
de
regarder
où
on
met
ses pieds, pour pas chuter.
Mais z'avez quoi, vous êtes tout drôle ?
Faut
dire
que
dans
votre
genre,
z'êtes
un
sacré
cas
vous.
Mais
moi
dans
cette
histoire
qu'est-ce
que
je
deviens
moi ? je lui dis. »
Je
:
Il me dit :
—
C'est
une
histoire
qui
vous
regarde,
à
chacun
son
histoire.
Moi je veux pas d'histoires.
Moi
je
m'en
lave
les
mains,
je
remets
mon
rapport,
je
signe d'une croix, et je retourne à mes z'occupations.
J'ai
déjà
assez
perdu
de
temps
comme
ça
avec
votre
histoire .
Je saute sur l’occasion et je lui dis :
— Vous voulez gagner du temps ?
J'ai une proposition à vous faire.
L’autre
:
« J’ai une proposition à vous faire.
Vous
me
relâchez,
et
en
vérité,
ça
vous
fera
gagner
du
temps,
et
pourrez
retourner
sans
tarder
à
vos
occupations en vérité je vous le dis... »
Je
:
Il me répond :
—
Savez
comment
elle
s'appelle
votre
proposition
en
vérité,
en
termes
de
jargon
de
métier
?
Je
vais
vous
le dire :
L’autre
:
«“Tentative
de
corruption
de
fonctionnaire
dans
l'exercice des prérogatives qui lui sont t’imparties.”
Alors hein, ça vous cloue pas quelque part, hein ?
Z'à
mon
n’avis,
vous
semblez
z’avoir
r’oublié
que
vous
z'êtes
z’un
contrevenant,
un
contrevenant
qui
z’êtes
z’en
train
de
vous
mettre
dans
de
sales
suaires. »
J'ai
un
mandat
d'amener,
j'amène,
c'est
dans
l'ordre
des
Choses,
et
je
ne
peux
aller
contre
l'ordre
des
Choses.
Si j'ai l'ordre d'amener, j'amène.
Si j'ai l'ordre d'arrêter, j'arrête.
Je
n'obéis
qu'aux
z'ordres,
les
z'ordres
rien
que
les
z'ordres !
je
:
Alors, me vient une idée, je tente le tout pour le tout.
Je
lui
mets
la
main
sur
l'épaule
et
lui
dis
d'un
air
détaché :
— Laissez venir à moi les petits enf...
“
Ça ne va pas, qu'est-ce que je raconte ?!”
— Excusez-moi, je lui dis. Autant pour moi.
Je
lui
remets
la
main
sur
l'épaule
et
lui
dis
d’une
voix
ferme
:—
Zou-brigadier
ARRETEZ-VOUS,
en
vérité
je
vous le dis !
C'EST UN ORDRE !!
A ma grande surprise le résultat est immédiat.
il est s'arrête net.
—
A
vos
z'ordres
!
il
me
dit,
au
garde
à
vous
en
portant la main au calot.
L’autre
qui lit
:
«
C'est
alors
qu'un
type
qui
avait
tout
vu,
accourt
en
criant :
«
BRAVO,
J'AI
TOUT
VU,
J'AI
TOUT
VU,
Je
viens
juste
d’arriver,
du
coup
du
coup
du
coup
J'AI
TOUT
VU etc.etc. !! »
Je
:
Le rendez-vous sur la place des Oliviers c'était lui…
L’autre
:
« Et il continue :
—
J'ai tout vu, j'ai tout entendu etc.,
J'SUIS TEMOIN
!
A
ce
mot,
mon
zou-brigadier
qui
avait
l'oreille
déformée
par
la
profession
se
précipite
pour
verbaliser.
Je m'empresse de le désamorcer :
—
Merci,
ne
vous
donnez
pas
la
peine
c'est
un
ami
à
moi, nous allons faire un constat amiable. »
Je
:
Il me répond :
—
Oui
mon
Adjudant,
bien
mon
Adjudant,
à
vos
ordres
mon
Adjudant.
Si
z'avez
besoin
de
mes
services, n'hésitez pas mon Adjudant.
—
Je
n'y
manquerais
pas
mon
brave,
je
lui
dis,
en
vérité pour éviter de le contrarier. Rompez.
L’autre :
«
Du
Coup,
mon
témoin
qui
avait
tout
vu,
s'approche
de moi et me dit :
—
Excusez mon retard, j'ai courru toute la ville etc.
afin de porter la bonne nouvelle et tout le tintouin.
Montre
en
main,
je
suis
quand
même
arrivé
à
temps
pour tout voir.
Du coup j’ai tout vu, bravo, ça c'est un vrai miracle !
Dommage, que mes amis n'aient pu voir ça.
Ils devraient arriver d'un moment à l'autre.
J'espère
que
vous
n'avez
pas
eu
de
difficultés
pour
trouver votre chemin.
—
Oh...
!
lui
dis-je,
en
vérité
je
ne
vous
dis
pas
!!
On
m'a beaucoup aidé, dans un certain sens. »
Je
:
Il me dit :
—
C'est
certain,
si
On
vous
a
aidé
vous
ne
pouviez
trouver meilleur guide, du coup.
Tenez
voici
mes
amis,
ils
sont
venus,
ils
sont
presque
tous là, venez que je vous présente.
L’autre :
« Il leur dit :
—
Voici
celui
dont
je
vous
ai
parlé,
etc.
etc.
le
fils
qu'On nous a envoyé, le lardon d'On. »
Je :
Qu'est-ce encore que cette salade ! je me dis.
—
Il
vient
d'arrêter
un
zou-brigadier
en
pleine
course
par
simple
imposition
des
mains
etc.
C'est
un
miracle
du
coup,
je
peux
en
témoigner,
j'ai
tout
vu,
j'suis
témoin.
Je vous présente le lardon d'On. »
L’autre
:
«
Alors
ils
se
rangent
tous
les
onze
à
mes
côtés
en
me disant :
—
Vous
êtes
le
lardon
d'On,
le
fils
qu'On
nous
a
envoyé, nous nous rangeons à vos côtés.
Nous sommes venus, nous sommes presque tous là,
y a le douzième qui devrait plus tarder.
—
Tenez, du coup quand on parle du loup, etc. »
Je
:
En vérité, fond sur moi une espèce de grand zazou !
Je
ne
sais
dire
le
désagréable
pressentiment
j'eus
d'abord…
— @=@ —
L’autre
:
«
Je
ne
sais
dire
le
désagréable
pressentiment
j'eus
d'abord
en
le
voyant
fondre
sur
moi
en
gueulant
à
tue-tête :
—
IL FAUT QUE JE VOUS EMBRASSE ! con !
IL FAUT QUE JE VOUS EMBRASSE !
Il faut que je vous embrasse, juste un biZou con !
J'eus
d'abord
un
mouvement
de
recul,
que
j'eus
d'ailleurs
à
renouveler,
tant
ses
avances
devenaient
pressantes. »
Je
:
— ... juste un bizou, juste un biZou ! con.
L’autre
:
« Comme il ne se décourageait pas, je lui dis :
—
C'est très aimable à vous... ça me gêne un peu,
et puis vous allez nous faire repérer. »
Je
:
Il me dit :
—
Ce
n'est
pas
grave
con,
ça
ne
me
gêne
pas
d'être
repéré,
c’est
pas
grave
bien
au
contraire.
Il
faut
que
je
vous
embrasse
con,
il
faut
que
je
vous
embrasse,
il
faut que je vous embrasse ! Un bizou.
Et
il
devient
de
plus
en
plus
entreprenant,
essayant
même de me prendre en traître.
L’autre
:
« Alors je lui dis :
—
Il
se
calme,
il
s'affole
pas
!!
Il
cesse
de
faire
son
Zouave.
Je
ne
suis
pas
celui
qu'il
croit
!
je
ne
mange
pas
de
ce
pain là !
Ceci
est
mon
corps,
j'ai
encore
le
droit
d'en
disposer
comme je veux, en l'espèce, en vérité je le lui dis !
Alors il se calme mon vieux !
Je ne le lui dirais pas deux fois en vérité.
Si
je
perds
mon
sang-froid,
il
sera
le
premier
à
trinquer ! »
Je
:
J'ai
l'impression
qu'il
boit
du
petit
lait,
et
qu'il
fait
même
son
possible
pour
que
j'attrape
un
coup
de
sang.
L’autre
:
« Je lui dis :
—
Attention ça va saigner bon sang de bon sang !
A ces mots il entre en transe :
—
Ah Seigneur, Seigneur... !! »
Je
:
C’en est trop !
L’autre
:
«
C’en
est
trop
!
Mon
sang
n'a
pas
le
temps
de
faire
un
tour.
Je
hèle
mon
zou-brigadier
qui
arrive
au
garde-à-vous, la main au calot.
Je lui dis :
—
Repos
!
Arrêtez-moi
ce
zouave,
et
veillez
à
ce
qu'il
aille se faire pendre ailleurs.
Exécution !! Allez Zou !
—
Bien mon Capitaine, à vos ordres mon Capitaine,
je fais le nécessaire mon Capitaine ! »
Je
:
Une sacrée ascension ! Non ?
Pas
le
temps
de
faire
“ouf”,
de
simple
contrevenant
je
me
retrouve
adjudant
et
dans
la
foulée
promu
capitaine…
Je
ne
vais
pas
tarder
à
vais
me
trouver
coiffé
d’un
képi
étoilé.
Ensuite
on
me
proposera
pourquoi
pas
une couronne ?
Ça ne manquerait pas de piquants.
L’autre
:
«
pourquoi
pas
une
couronne,
ça
ne
manquerait
pas
de
piquants.
Les
choses
sont
en
train
de
s'emballer,
je
me
dis.
J’
atteins
le
sommet,
à
la
vitesse
où
vont
les
Choses
je
n'aurais
pas
le
temps
de
faire
ouf
!
que
je
serai rattrapé par elles. »
Je
:
Je me dis : il me faut prendre les devants.
En
vérité
je
ne
me
le
dis
pas
deux
fois,
je
décide
de
prendre
ma
retraite
sur
le
champs
avant
que
Du
Coup
et
mes
nouveaux
fans
n'aient
le
temps
de
me
faire
une scène... “J’imagine le tableau !”.
Je
tourne
les
talons
sans
prévenir,
faisant
une
croix
sur
ma
foudroyante
carrière
militaire.
Mais
bon,
en
vérité…
— @=@ —
Je
retrouve
vite
fait
la
porte
devant
laquelle
j'avais
atterri, ce beau matin.
Il y a un écriteau sur lequel est écrit, à la va-vite
LE PORTIER EST SORTI
SAUVE-QUI-PEUT, S’IL EST ENCORE TEMPS
A peine plus loin, un autre panneau qui clignote :
ATTENTION
A
LA
FERMETURE
AUTOMATIQUE
DES PORTES
Il est juste temps de sauver ce qui peut encore l'être :
MOI
.
Et
qu'On
ne
vienne
pas
me
faire
des
reproches
si
je
me
sauve
de
cette
ville
au
plus
vite.
De
toute
façon
On s’en bat l’oeil.
“Ouf !”
— @=@ —
L’autre
:
«
“Ouf
!
”
Le
temps
de
res
pirer
un
coup
,
je
conviens
d'aller
droit
devant
moi,
dans
le
sens
le
plus
opposé,
pour ne surtout pas risquer de revenir sur mes pas.
Je
traverse
un
désert,
un
vrai
désert
où
des
squelettes
d'animaux
laissent
traîner
leurs
os
éparpillés
autour
d'eux,
et
comme
je
suis
décidé
d'aller
tout
droit,
sans
dévier
d'un
poil,
il
m’arrive
même de marcher sur les os... En vérité. »
— @=@ —
« Et voilà que j'atterris...
Que j'atterris devant une porte,
la porte d'un endroit que je ne connais pas... »
Je
:
Atterrir ? J’ai dis atterrir ?
L’autre
:
Vous
pouvez
vérifier,
c’est
ce
qui
est
consigné.
C’est
écrit.
Je
va voir le dossier. Il lit à haute voix :
j'atterris
devant
une
porte,
la
porte
d'un
endroit
que
je
ne connais pas... »
Atterrir, atterrir enfin bon.
Je
qui reprend la lecture du dossier :
«
j’atterris
devant
la
porte
d’un
endroit
que
je
ne
connais pas… atterrir, atterrir enfin bon…
J’atterris, comme ça.
Devant la porte : un individu que je ne connais pas.
Comme
il
me
voit
planté
là
comme
ça,
il
m'adresse
la
parole et me dit :
«
Je
vous
ai
vu
arriver
de
loin,
je
suis
le
vigile
ils
m'ont
prévenu de votre venue.
Ne
restez
pas
planté
là
comme
ça,
comme
un
con.
Pressez-vous,
ils
vous
attendent,
ils
sont
venus,
ils
sont tous là, ils vous ont réservé la scène. »
ILS... qu'est-ce maintnant que ces “ils” ?
“Ils”
m'attendent,
“
ils”
m'ont
réservé
la
scène...
!
“Ils”
sont bien bons.
Enfin bon, je suis là...
Il me dit :
—
Entrez je vous ouvre la porte.
Ne vous inquétez pas, elle se referme toute seule.
Au dessus clignote :
“
ENTRÉE DES ARTISTES” »
— @=@ —
Je
qui poursuit la lecture du dossier ON :
«
Quelle
angoisse
!
...
Déjà
ce
matin...
Ce
matin
même...
Ce beau matin, j'atterris...
j'atterris
aux
portes
d'une
ville
que
je
ne
connais
pas.»
« Quand il est écrit « J’atterris » enfin bon.
Maintenant
c'est
dans
cet
endroit,
dans
cet
endroit
que je ne connais pas que je me trouve… »
Ça s’arrête là ?
L’autre
:
Oh
pardon
!
C’est
la
fin
du
dossier
‘’ON’’
Maintenant
c’est le dossier ‘’ILS’’, le dossier ‘’ILS’’
( Il sort un dossier portant l’inscription ‘
’ILS’’
)
Je
l’ouvre et lit
:
Maintenant
c'est
dans
cet
endroit
que
je
ne
connais
pas que je me trouve…
Acte 2
ILS
Un monde de Zous
Et le vigile qui me dit :
—
Vous
en
faite
pas,
ils
vous
attendent,
ils
sont
tous
là... »
Il sont là ?
« Au début, je les distingue à peine.
Je me dis : « Je fais comme si de rien n'était.»
Et puis, maintenant je les entr'aperçois ! »
Je
jette un coup d’œil furtif à la salle…
C’est
inquiétant
tous
ces
yeux
qui
me
regardent,
qui
m’épient…
Je
qui reviens au dossier :
C’est
inquiétant
tout
ces
yeux
qui
me
regardent,
qui
m'épient...
tapis dans l'ombre... deux par deux.
Exepté,
dans
la
rangée
là...
J’ai
beau
les
compter
ils
sont en nombre impair.
Je
jette un oeil dans la salle pour vérifier.
Je
:
«
Faut
pas
s'en
faire,
un
“il”
borgne
est
peut
être
dans
la
rangée.
Un
borgne
ce
n’est
qu’un
un
œil
en
moins.
Mais si c’était un œil en plus ?! »
Mais si c’était un œil en plus ?!
L’autre
:
Faut pas s’en faire.
Je
:
Je ne m’en fais pas.
Qui sont-“ils” ? “Ils” sont là, ils m’attendent.
“Ils” attendent quoi ?
“Ils” sont là, immobiles, rivés sur leurs sièges.
«
Immobiles...
immobiles...
je
vois
certains
“ils”
qui
se tortillent sur place. Certains bruyamment... »
Je ne m’en fais pas.
« D’autres en silence... »
Faut pas s’en faire.
«
Faut pas s’en faire.
Des “ils” qui se tortillent par épisode.
D’autres plus souvent.
Pourquoi m’en ferais-je ? Vous me faites rire.
Vous
me
faite
rire.
Vous
voyez
cette
“il”
là,
vous
n’allez pas me dire qu’elle ne souffre pas.
Ils
ne
doivent
pas
avoir
le
cœur
à
rire
tous
ces
“ils”,
en vérité c'est ce que je me dis. »
Même
s’il
y
a
des
exeptions,
Ce
“il”
en
particulier,
un
“il” stoïque.
“Il”
a
de
la
chance.
En
vérité,
“il”
a
l’air
moins
atteint
que les “ils” qui se tordent.
“Il” pourrait peut être se rendre utile, porter secours...
L’autre
:
“Il” aurait du “il” à retordre.
Je
:
C’est
bien
beau
tout
ça,
et
moi,
que
viens-je
faire
dans tout cela ? Si vous croyez que ça me fait rire.
L’autre
:
“Ils”
ne
chercheraient-il
pas
à
vous
dire
quelque
chose.
Je
:
Il
n’émettent
que
des
borborygmes
c’est
rassurant.
Alors en vérité je ne sais qu'en dire.
— @=@ —
Je
:
«
“Ils”
vous
attendent,
“ils”
sont
tous
là...
»
La
belle
affaire. Ils ils ils…
“Ils”
ne
sont
tout
de
même
pas
arrivés
là
par
miracle.
On les a invités ?
Sinon
comment
auraient-ils
été
tous
informés
de
ma
venue ?
On
a
passé
une
annonce
?
On
a
distribué
des
tracs
?
Pourquoi
pas
des
affiches
pendant
qu'On
y
était...
?
Allons donc.
L’autre
:
Le bouche à oreille. Pourquoi pas ?
Je
:
Une histoire à la On.
— @=@ —
L’autre
:
Dans
le
bouche
à
oreille,
c'est
la
première
bouche,
la
première
bouche
qui
compte.
On
le
sait,
On
le
sait.
bien
Il
suffit
qu'On
se
cache
derrière
la
première
bouche,
pour que les oreilles s'amassent à l'appel.
On
n’a
alors
plus
qu’à
glisser
son
information
dans
la
première
oreille
qui
traîne
pour
que
la
mécanique
se
mette
en
route
et
que
l’information
commence
à
circuler, de bouche à oreille. De bouche à oreille.
D'autant
plus
rapidement
qu’elle
peut
passer
d'une
bouche à plusieurs oreilles.
L’information
va
alors
se
frayer
un
chemin
en
passant
par
toutes
sortes
de
bouches
et
toutes
sortes
d'oreilles, sans s'y attarder.
Je :
Sans s'y attarder.
Sans
s’y
attarder
jusqu'à
ce
que
l’information tombe dans l'oreille d'un muet.
L'oreille
d'un
muet
étant
une
oreille
en
cul
de
sac,
en
cul
de
sac,
l'information
qui
y
tombe
ne
peut
plus
en
ressortir
:
l'oreille
d'un
muet
faisant
alors
de
la
rétention d'information.
L’autre
:
L'information
qui
est
tombée
dans
l'oreille
d'un
muet,
c'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd...
L'oreille
d'un
sourd
n’est
qu’une
oreille
en
trompe
l'œil
en
trompe
l'œil
et
l'information
qui
chercherait
à
y
pénétrer s’y casserrait le nez. S’y casserait le nez.
Je
:
En
vérité
vous
sous-entendez
que
“Ils”
pourraient
être
muets.
— @=@ —
Je
:
Oui mais, de là à se tortiller comme ça sur place ?
L’autre
:
A moins qu'On...
Je
:
A
moins
qu'On
ne
leur
ai
demandé
de
venir
à
l’avance.
Pour peu qu’“Ils” …
Pour peu qu’“Ils” lui obéissent au doigt et à l'œil…
Pour
peut
qu'“ils”
soient
venus
vraiment
très
en
avance, très en avance…
Pour
peu
qu’’’lls’’
n’aient
pas
pensé
à
prendre
leurs
précautions,
et
pour
peu
qu’“ils”
jugent
que
maintenant
le
moment
n’est
plus
propice,
plus
propice...»
,
L’autre
:
Ou alors…
Je
:
Ou alors ?
L’autre
:
Ou
alors…
ne
les
auraient-ils
pas
tout
bêtement
payées ?
Je
:
Qui donc ?
L’autre
:
“Ils”,
Je
:
Quoi donc ?
L’autre
:
L
eurs places.
Je
:
“Ils”
auraient dû payer leurs places ?
L’autre
:
Sait-on jamais, ça pourrait expliquer.
Pour peu qu’On…
Pour peu qu’On leur ai fait payer leurs places.
Pour peu qu’elles… l
Pour
peu
qu’elles
leur
aient
coûté
la
peau
du
cul,
et
qu’“Ils” préfèrent se retenir…
Je
:
“Ils” aurait ils peur de perdre leurs places ?
L’autre
:
“Qui va à la chasse, à la chasse…”
À
moins qu’“ils”…
À
moins
qu’“ils”
ne
soient
plus
simplement
retenus
PAR leurs places !! Tout simplement.
Je
:
En
vérité
ça
pourrait
expliquer
pourquoi
‘’ils”
restent
cloués sur place ?
Mais non mais oui, en vérité !!!
— @=@ —
Je :
s'adressant,
pour
la
premère
fois,
directement
à
la
salle :
—
Si
“ils”
restent
cloués
sur
place,
c'est
qu'
On
vous
a
cloué ?!
On
en
est
très
capable,
et
d'autres
choses
bien
pires
encore.
On
s'amuse
comme
On
peut,
On
n'a
rien
d'autre
à
faire.
ET
VOILÀ
POURQUOI
VOUS,
‘’ILS’’,
NE
VOUS ARRACHEZ PAS DE VOS PLACES.
Notez que vous “ils” n'ont pas à se plaindre,
Cloués
d’accord,
mais
bon,
cloué
dans
un
fauteuil,
c'est
autrement
plus
confortable…
Tout
de
même.
Non enfin je crois. En vérité je ne vous dis pas !
S’adressant à L’Autre :
Ça ne les fait pas rire... ?
“Ils’’ ne trouvent pas ça drôle ?
L’autre
:
Dans
l'état
où
“ils”
sont,
“ils”
ne
risquent
pas
d’avoir
le
cœur à rire. C’est triste à rire, triste à rire.
Je
:
Oui
mais
en
vérité,
ce
que
je
viens
de
leur
dire,
c'était
pour
essayer
de
faire
de
l'esprit,
un
peu
d’humour,
histoire d‘essayer de détendre un peu l'atmosphère.
Ils n’ont pas le coeur à rire.
— @=@ —
Je
:
En vérité la situation ne s’arrange pas;
Avez-vous
remarqué,
celui
qui
tout
à
l'heure
ne
se
tortillait pas ?
L’autre
:
Le “il” stoïque ?
Je :
Même
lui
s'est
tortillé
une
fois,
quand
vous
avez
répété
’c’est
triste
à
rire,
triste
à
rire’
vous
n’avez
pas
vu ?
L’autre
:
Je
vois
qu’il
est
encadré
par
deux
autres
“ils”
qui
eux
se
tordent
depuis
le
début…
De
là
à
en
déduire
que,
de là à en déduire que…
Je
:
Qu’il y a de la contagion dans l’air ?
L’autre
:
Peut-être.
Le vigile à l'entrée a bien dit :
( lisant dans le dossier )
«
“Ils”
sont
là,
“ils”
vous
attendent,
“
ils”
vous
ont
réservé la scène. » ?
Une
suposition
qu’“ils”
ne
comprennent
pas
ce
que
vous leur dites ? Qu’“ils” ne comprennent pas.
D’entrée
de
jeu
il
eu
peut-être
fallu
commencer
par
leur poser la question, la question :
« Etes-vous “ils” ? ... Vous : “ils” ? »
Je
:
En vérité je ne saisi pas bien.
L’autre
:
Si “ils” vous avaient répondu :
« Yes we are “ill”, we are “ill” of corse. »
Tout eut été clair : “Ils”, ils étaient angloph
iles
.
Tout
eut
été
clair,
“ILL”
sont
là...
:
les
malades
angloph
iles
sont là.
“
ILL” vous attendent... :
les malades vous attendent.
Tout eut été clair :
“
ILL”
vous
ont
réservé
la
scène...
les
malades
anglophiles vous ont réservé la scène.
Alors vous leur auriez dit :
( il consulte le dossier ) Vous leurs auriez dit :
«
You
are
ill,
I
am
sorry,
I
am
very
sorry
but
I
am
not
a doctor. It is the true in deed. I tell you. »
«
Vous
êtes
des
malades,
je
suis
désolé
mais
je
ne
suis pas docteur. C’est la vérité vraie, je vous le dis. »
Je
:
Pourriez-vous essayer de le leur dire ?
L’autre
à la salle
:
— He is not a doctor, it’s the true in deed, I tell you.
Je
:
— Ce n'est pas sain. Quittez ce lieu.
L’autre
:
— Ce n’est pas sain. This is not healthy.
Go
away,
it
is
not
good
for
you
to
stay
here,
not
good...
Je
:
—
Rien
ne
vous
retient,
je
ne
vous
retiens
pas,
en
vérité je vous le dis.
L’autre
:
C’est vous qui le dites.
— @=@ —
L’autre
:
“Ils”
n’attendraient-“Ils”
pas
justement
que
vous
ayez
le dos tourné, le dos tourné pour partir ? Qui sait ?
Je
:
Vous croyez ?
L’autre
:
Qui sait On jamais.
Je
:
Il tourne le dos un instant…
En profitent-ils pour se sauver ?
L’autre
:
“Ils” y sont, “ils” y restent.
Je
:
"Ils” font comme “ils” veulent...
Il lit :
Et
toujours
cet
œil
en
trop
ou
en
plus
qui
me
fait
les
gros
yeux
!
Qu’est-ce
qu’on…
Qu’est-ce
qu’On
me
veut !
— @=@ —
Je
:
Dans
quelle
histoire
On
m’a
fourré
?
Il
y
aurait
un
sacré
bouquin
à
écrire.
Une
histoire
complètement
dingue.
L’autre
:
Une histoire complètement dingue commencant par :
«
Quelle
angoisse
!
...
Déjà
ce
matin...
Ce
matin
même...
Ce
beau
matin,
j’atteris
aux
porte
d’une
ville
que
je
ne
ne connais pas… »
On garderait le début.
Passons
sur
ON,
sur
le
monde
de
Zous,
je
quitte
la
ville. Sauvé !
Fin de la première partie.
Deuxième partie, deuxième partie :
«
Quelle
angoisse
!
...
Déjà
ce
matin...
Ce
matin
même...
Ce beau matin, j'atterris aux portes d'une ville
que je ne connais pas. »
Point.
Je
:
« Quelle angoisse... ! »
On remet ça.
Après
cette
ville
que
je
ne
connais
pas,
une
salle
que
je
ne
connais
pas,
des
“ils”
que
je
ne
connais
pas
d'avantage...»
L’autre
:
« Des yeux tapis dans l'ombre, deux par deux... ?
Qui sont “ils” ?
“Ils” ont l'air mal en point,
“ils”
croient-ils
que
je
peux
faire
quelque
choses
pour
eux ?
“
Ils”
restent
assis
là,
comme
si
“ils”
étaient
au
spectacle.
Comme
s’“ils”
attendaient
que
je
fasse
un
show. »
Je
:
« Pendant qu’On…
Pendant
qu’On
y
est
On
pourrait
en
tirer
une
comédie
dramatique en deux actes
.
pendant qu’on y est.»
L’autre
:
C’est
écrit
:
«
On
pourrait
en
tirer
une
comédie
dramatique
en
deux
actes
.
pendant
qu’on
y
est.
Et
puis réserver une salle.»
Je
:
Premier acte... :
Quelqu’un
arrive
sur
scène.
Il
pourrait
entrer
côté
jardin et se tiendrait là comme un con.
Ses premiers mots : « Quelle angoisse !...»
Et
puis,
le
personnage
parlerait
d’une
ville
où
tout
le
monde
courrerait.
Une
ville
de
laquelle
il
serait
obligé
de s’enfuir.
Acte deux :
Où
il
serait
question
d’yeux…
d’yeux
tapis
dans
l’ombre…
deux
par
deux
et
d’une
rangée
avec
un
oeil
en trop ou en plus.
Au final le personnage pourrait dire :
« Quittez vos places, levez-vous et sauvez-vous,
je ne peux pas vous sauver à votre place. Et toc !
... Je ne peux pas vous sauver à votre place,
JE NE SUIS PAS SAUVEUR ! »
La salle
se viderait et ce serait la fin du spectacle.
J’aime bien cette fin. Je tente le coup ?
A la salle :
« Quittez vos places, levez-vous et sauvez-vous,
je ne peux pas vous sauver à votre place. Et toc !
Je ne peux pas vous sauver à votre place,
JE NE SUIS PAS SAUVEUR ! »
—
En
vérité
si
“Ils”
s’attendaient
à
assister
à
un
spectacle
“Ils”
sont
venus
trop
tôt.
Ceci
n’est
pas
une
pièce de théâtre.
“Ils”
peuvent
rentrer
chez
vous.
Le
moment
venu
On
vous préviendra et “ils” pourront revenir.
Alors
maintenant
“ils”
peuvent
quitter
vos
places,
levez-vous et sauvez-vous...
Je ne peux pas vous sauver à votre place.
JE NE SUIS PAS SAUVEUR... mais non
Vous
pouvez
toujours
dire
mais
si
,
je
vous
dis
mais
non.
On les manipule, c'est sûr.
— Mais non. Mais non !!
— Bon, “ils” font comme “ON” veux,
“Ils’’ restent là si “On” le veut...
je dois me sauver.
SAUVEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES !!
EN VÉRITÉ JE NE VOUS LE DIRAI PAS DEUX FOIS
JE VOUS LE DIS.
Que On vous garde ! »
( Il sort )
— @=@ —
//.
RETOUR DE L’AUTRE
— @=@ —
Salut au public. Applaudissements.
ENTRÉE DE JE
Je
:
“Ils” sont toujours là !.
Voilà qu'“ils” frappent leurs mains. Inquiétant !
Il faut qu'On les ait bien en mains,
qu'On les fasse marcher au doigt et à l'œil.
On ferait bien mieux de les laisser sortir.
La comédie a assez duré.
(
Je
jette un œil sur le dossier resté ouvert… lit )
La comédie a assez duré.
C'est inquiétant, tout ces yeux...
tapis dans l'ombre..., deux par deux...
Je commence à faire le compte, dans la rangée...
Paire !
Le compte est bon. L’impair n’est plus là
Il fallait s'y attendre.
Il continue à lire :
Excusez-moi, je dois vous quitter. En vérité On
m'attend à la sortie.
C’est écrit….
C’est écrit.
Sur
le
point
de
sortir,
il
se
ravise,
retourne
fermer
le
dossier
avant
de
quitter
la
scène
en
ayant
l’air
de
s’excuser.
— @=@ @=@ —
— @=@ —
//