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SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
L’EFFET PAPILLON
Un battement d’aile.
Le papillon blanc dévie à peine de sa trajectoire.
Le jeune enfant chasseur de papillon manque le papillon.
Il le poursuit, bute sur une racine.
Sa tête heurte un rocher.
La mort est immédiate.
Infortuné petit enfant au doux prénom d’Adolphe…
.°.°.°.°.°.
2
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
SOUTERRAIN
Tentative de rangement
de
mon at
elier
-bureau parisien
Un petit clin d’oeil à G.P
.
Préambule
Un
saut
t
emporel
de
tre
nt
e
cin
q
ans
en
arri
ère,
pour
le
moin
s —
un
text
e dormant
qui
ref
ait surface…
Vendredi 4 septembre 2009
Pour
couper
court
aux
réflexions
lancinantes
sur
le
désordre
chronique
de
mon
atelier-bureau,
je
me
résous
à
en entreprendre le rangement.
Rien
ne
pourra
m’empêcher
de
terminer
le
chantier
dans
la
journée.
Même
pas
ce
texte
qui
essaie
de
profiter
de
l’aubaine
pour
refaire surface après dix huit ans de relégation.
Il
s’agit
d’une
tentative
d’écriture,
une
nuit
de
1974
dans
un
bar, une expérience qui se répètera deux autres fois.
Dix sept ans entre la première nuit et la dernière en 1991.
Après
un
rapide
survol
du
texte
se
rendre
à
l’évidence,
il
importe
d’en
faire
une
sauvegarde
informative,
ce
qui
implique
la
suspension
provisoire
des
travaux
de
rangement, Archéologie préventive oblige.
3
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SOUTERRAIN
.°.°.°.°.°.
4
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
SOUTERRAIN
CLIGNOTTEMENTS
23 HEURES. Ça clignote orange…
Trouver
le
souterrain
qui
évite
la
place
de
la
Concorde
Fermépourcausedenettoyagenocturnebdomadaire.
Se dire qu'il en ira de même avec le souterrain suivant,
celui qui descend sur la "Voiesurberges", pour
Causidentiquebdomadaire.
Pour rentrer dormir chez soi, près de la Bastille, les
"Quaisrivedroite", un cran au-dessus, se proposent comme
chemin le plus rationnel.
Faire la sourde oreille à cette injonction et prendre à droite
: Lepontdelaconcorde, en se disant que le chemin
Chambredesdéputésboulevardsaintgermainpontdesully,
qu'on va emprunter, ne devrait pas vraiment vous retarder.
Traverser ainsi une partie du Paris nocturne aux
nombreuses poches de résistance à
l’engourdissementnormalisé. Se laisser happer par un bar
qui se terrerait discret près la Placesaintsulpice, pourquoi
pas.
.°.°.°.°.°.
5
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
La nuit. Un bar. Pas d'ouverture sur l'extérieur.
Se retrouver, coude sur un comptoir de bois, face à un
verre de Guinness, le deuxième, qui viendrait juste
d'arriver. En boire une courte gorgée. Sortir un Bic, une
feuille de papier pliée en quatre, à cause d'une idée, une
idée comme ça… Écrire… Essayer d'écrire…
Écrire quoi ? Rien, tout et n'importe quoi. Rien que pour
voir. Rien dans la tête, rien dans les manches. Une
expérience comme ça. Juste pour voir.
Écouter, regarder autour de soi, se servir, se saisir de
Tout, de Riens, de bribes de mots, de débris de phrases
et les coucher tel que, sans se poser de questions et
persévérer pour voir si quelque chose va en sortir. Ou si
rien. Se dire qu'on a tout son temps et rien à perdre.
Se dire que, quand bien même le Bic en venait à faire
des siennes, et que le frottement sur le papier pour lui
faire entendre raison aboutissait à le percer, quand bien,
même… Se dire qu’un trou c’est toujours quelque chose.
.°.°.°.°.°.
Devant les yeux,
en enfilade :
un verre de Bière à mousse persistante à moitié plein,
la bouteille de Guinness
le verre à moitié vide
et puis moi.
Moi
accoudé
sur
un
comptoir
de
bois.
Moi
de
l'autre
coté
du
miroir.
Moi
qui
au
fond
d'un
étroit
comptoir
tente
de
repousser on ne sait quelle Limite.
.°.°.°.°.°.
Peu
de
choses
à
dire,
guère
plus
à
écrire
:
Lumières
très
exténuées… Musique de jazz. Musique plus qu'un fond
6
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
sonore,
un
sédiment
sans
lequel
tout
le
bar
s'étiolerait
probable…
Qu'écrire ?
Peu
de
monde…
La
sortie
d'un
trio
:
un
type
chevelure
ample
lunettes
rondes
et
noires,
deux
filles…
pas
le
temps
de voir les filles.
A
droite,
au
bar,
un
autre
trio…
trois
tabourets
plus
loin
deux types et une fille… :
― Yadeusolution, outalasécu outapalasécu…
Ça cause "sécu".
―
…Non
parce
que
j'ai
pas
demandé
l'assistance
gratuite
etc… J'leur ai filé 1.500 balles et les papiers de la sécu…
Écrire…
Écrire
en
l'attente
d'une
hypothétique
inspiration
?
Écrire
n'importe quoi… La facilité ?… Pourquoi non ?
― Et qui c'est qui va payer ? … Des petites vieilles, y a
juste des examens à faire, sont restées un mois à
l'hôpital…
Surtout ne pas s'arrêter d’écrire…
"SORTIE DE SECOURS" au dessus de la porte derrière le
comptoir, inscrit en lumineux ; (Est-ce bien rassurant ?)
"ÉVIER QUI FUME SOUS LE COMPTOIR, VERRES QUE
L'ON ESSUIE avec une énergie mesurée"…
― Quinze jours pour avoir rien que des analyses… Les
gens sont conditionnés… Les gens sont plus capables
d'assumer leur maladie. Moi je sais, j'irais voir un toubib…
Un type seul vient d'entrer, salue le barman. Un autre écrit
assis au bar… Que peut-il bien écrire ?… Quelqu'un
essaie discrètement de regarder par dessus son épaule…
Faut pas se gêner ! …
Des phrases arrivent par bribes…
7
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
― …Les gens s'imaginent que…
― … L'autre quart c'est des privilégiés…
― … C'est par le hasard des choses…
― Non ce n'est pas un n'hasard, toi t'as échappé au
système, t'as de la chance de voir ça de plus loin…
La population du bar change au grès des entrée-sorties,
mais sans vraiment changer. Des genres de spasmes…
― … J'estime que le mec… non mais attention il y a des
mecs, c'est le hasard certain. Je crois au hasard, pas à la
chance.
― Les gens ils sont là parce qu'ils ont peur.
―
Moi
le
système
médical
je
peux
pas
supporter
franchement non ? …
…
Faut
lâcher
du
lest
de
temps
en
temps,
tu
peux
très
bien
te
soigner
toi
même,
un
petit
exemple
:
il
y
a
des
gens
qui
vont
plus
loin
que
ça
;
moi
quand
j'ai
la
grippe
je
prends
des
cachets.
Il
y
a
des
gens
ils
guérissent
leur
cancer
tout
seul.
Le
cancer
c'est
aussi
psychique
que
la
grippe.
Faut
pas
trop
s'aveugler.
J'en
parle
pas
légèrement.
Dix minutes sans écrire… C'est toujours ça d'écrit.
― … D'abord les gens ils attendent… Ils vont voir un
toubib…
La fille du trio s'emmerde royalement, une cigarette-point
rouge au bout des doigts.
Un regret, ne pas avoir de magnéto… Et puis même pas.
Payer et s'en aller ?
Un
air
de
jazz
étonnant
vient
prendre
la
place
du
précédent… J'attends encore un instant.
8
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
La porte qui s'ouvre un court instant… Dans la rue un
couple de zombis qui passe. Le trio sanitaire en a profité
pour mettre les voiles.
A quand mon tour ?
Les baffles se mettent à cracher un morceau de jazz ultra-
connu, joué par un pianiste de jazz ultra connu… Excitant
non ?
Une eurasienne noire, belle comme le jour a remplacé
avantageusement la fille-sécu-du-trio-sanitaire. Elle fume
des américaines devant un ballon de rouge, au bout du
bar.
Je commande un chili-con-carné et un ballon de rouge,
alors de toute façon… C'est reparti pour un tour;
Le temps s'écoule… Entrées, sorties, entrées… Ceux qui
vont s'installer à gauche dans l'obscurité de la salle ne
m'intéressent pas, ils n'existent que furtivement, au
moment où ils entre-sortent, et encore.
Je
jette
de
temps
en
temps
un
coup
d'œil
en
direction
de
l'eurasienne
noire,
elle
me
regarde
aussi
de
temps
en
temps…
Monchiliarrive
en
même
temps
Quellafitzgérald
―
C'est
fu-mant!
― Bonjour les enfants on vous attendait, bonne année et
surtout bonne santé. Trois Guinness et un ballon de rouge
et une bière !
― …Elle est nihommenifemme…
― Ah bon ! Elle est plutôt mignonne.
Ce
n'est
tout
de
même
pas
de…
C'est
pourtant
de.
C'est
bien
d'elle
dont
on.
C'est
de
l'Eurasienne
noire
dont
on
vient de parler à voix basse…
9
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
…
"La
vie
réserve
bien
des
surprises"
.
Juste
le
temps
d'inscrire
cette
réflexion
puissante
et
de
relever
la
tête,
elle
a disparu.
5 minutes qui passent… Où avais-je les yeux ? Elle est
assise derrière moi sur une banquette rouge devant un
ballon neuf. Même de près, elle est vraiment bien, de très
belles mains…
― La blonde qui est en blanc, elle te regarde depuis
longtemps.
― Je sais, de toute façon elle a de toutes petites jambes.
― J'y ai dit écoute… je vais te dire, ras-le-bol…
Complètement bourré, c'est ce qu'il faut se dire.
Il y a beaucoup plus de monde qu'au début de mon entrée
en bar… il y a combien de temps ? Pas d'idée.
Fitzgerald
chante
toujours,
comme
jamais.
Sacrée
bonne
femme !
En
l'occurrence
est-ce
toujours
Lafitzgérald
qui
chante
?
Ne
serait-ce
pas
plutôt
Mahaliajackson.
Ou
Ninasimone
?
Pas
Lamathieu
c’est
sûr.
A
vrai
dire
je
n'ai
pas
très
bien
suivi
et
puis
de
toute
façon
mon
inculture
crasse
m'autorise
à
ne
pas
faire
le
distinguo.
D'abord
l'inculture
ça
se
cultive
au
quotidien,
ça
s'entretient
sinon
ça
se
perd
très
vite,
la
preuve.
Mon
inculture
a
encore
des
progrès
à
faire, personne n'est totalement parfait, no body.
Ce
que
je
sais
c’est
que
Lamireille
ne
chante
pas
sur
le
même
tempo
horaire.
A
chacun
son
créneau.
Il
n'est
pas
nécessaire
de
sortir
de
la
cuisse
de
je
ne
sais
qui
pour
le
savoir.
Et
puis
tout
ça
a-t-il
une
grande
importance
en
cette
heure
qui n'en est plus une ?
La
Gérald-Jack-Simone
chante
à
la
bonne
heure
pour
l'heure.
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SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
Un type et deux femmes sont à ma droite, une brune, une
blonde. La blonde la quarantaine épaisse. Elle semble me
faire des signes depuis un moment. Qu'est-ce qui lui
prends ? En fait elle fait des signes dans le vide. En fait
pas tout à fait dans le vide. Elle me fait des signes, à moi
mais comme si j'étais derrière moi.
Je
me
suis
tout
de
même
retourné,
discrètement.
Soulagement je n'y étais pas !
Problème
de
focalisation
?
A
moins
que…
Je
préfère
ne
pas
chercher
à
approfondir
et
me
remettre
la
tête
dans
Fitzgerald.
Serais-je parti pour finir la nuit ici ? Pourquoi pas.
Pourquoi?
Dois-je continuer à écrire ?
"FUMEES
DE
CIGARETTES,
UN
TABOURET
DE
BOIS
au
repose-cul carré verni foncé brille sur tranche." … "LE CIEL EST
11
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
BLEU LA MER EST CALME LES OISEAUX CHANTENT" et basta !
Fin
d'expérience.
À l'évidence
le stylobille
n'avait rien
dans le ventre.
Encre sympathique ?
Trop tard
pour répondre.
Assez rigolé
Payer,
Il est laisser
23 heures. l'eurasienne
Cette nuit à son ballon,
je viens de l'Alma la fausse blonde
je rentre chez moi. à son décalage,
Là bas, la tranche brillante
ça clignote orange à son repose-cul,
à hauteur de l'entrée Lafitgerald
du premier souterrain à la toile
pourvu que ce ne soit pas qu'elle tisse
jour de nettoyage nocturne hebdomadaire et bye
auquel cas le souterrain suivant bye
qui descend vers les voies sur berge salut !.
va, c'est sûr, être fermé. °
Ce serait dommage
car j'éprouve toujours un certain plaisir à les emprunter de nuit,
lorsque les ponts et monuments sont embrasés.
Parcours magique : La Conciergerie, Notre Dame, Notre Dame illuminée !…
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SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
…
Bonne
nouvelle,
le
clignotement
venait
d'ailleurs.
Ça
me
réjouit
et
dans
une
dizaine
de
minutes,
lorsque
j'aurais
rejoint
mon
lit,
nul
doute
que
ces
images
ne
m'auront
pas
quitté
et
ne
s'estomperont
qu'avec
la
tombée
du
sommeil.
Tandis
que
non
loin,
un
certain
Paris
se
préparera
à
veiller
jusqu'à
extinction
complète
de la nuit.
.°.°.°.°.°.
13
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
SOUTERRAIN
BÂILLEMENT
Je
prends
la
voie
sur
berge
rive
droite.
Je
passe
devant
la
Conciergerie
illuminée.
2,09m
premier
pont.
Pont
Royal.
Pont
du
Carrousel.
Pont
des
Arts.
Pont
Neuf.
Pont
au
Change
2,08m.
Pont
Notre
Dame
"3,1m.
Pont
d'Arcole
sans
précision.
Passerelle.
Pont
Louis
Philippe
3,1m.
Pont
Marie 2,7m. Pont de Sully 3,1m.
Sortie
de
la
Voiepompidolienne
sur
berge,
je
ne
me
souviens pas avoir aperçu les lueurs de Notre Dame.
Mettre
ça
sur
le
compte
de
la
distraction.
D'une
panne
d'éclairage ?
Et
puis
être
pris
d'un
doute.
Se
demander
si
elle
a
jamais
été
visible
des
voies
sur
berges,
et
se
dire
qu'on
a
peut-
être rêvé…
ÊTRE PRIS D'UN IMMENSE BÂILLEMENT, qui vous
inviterait plus à aller vous coucher qu'à aller satisfaire un
ôtemoidoncdundoute qui n’aurait rien de très urgent…
CECI DIT…
Deux petits hommes rouges se tenant par la manche,
accrochés à un poteau de feux tricolores au vert.
TRAVERSER en
dia
go
nale.
Se
fau
fi
ler
en
tr
deux voitures, e, deux voitures en tationnement
14
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
pour accéder au trottoir d'en face. Une croix bien blanche
peinte à même le caniveau entre les deux véhicules qu'on
ne remarquerait qu'après avoir mis un pied sur une
substance déposée là, pile poil en son intersection.
― Et merde !
Du trottoir, se targuant d'une flèche blanche pointant la
croix du caniveau, deux têtes de chiens d'une blancheur
goguenardesque qui vous regarderaient.
En venir à se dire que ce n’est pas de chance.
Qu'habituellement les producteurs de déjections canines,
peu sensibles aux peintures rue-pestres municipales ont
plutôt tendance à bouder les emplacements qui leur sont
dédiés.
Et de se dire que trêve de plaisanterie on était en chemin
pour aller se coucher et on se retrouve là, à traîner sa
semelle, au sens propre comme au figuré. Se dire qu'on
ferait mieux de tourner les talons. Ceci-dit…
― T'as pas une pièce ?
Je donne…
Suis installé au bar.
― Une Guinness !
Deux pelés trois tondus dont deux parlent avec l'homme
du lieu.
― Hier c'était plein.
― Les clients jusqu'à 1 heure c'est des gens qui travaillent.
Puis vers 2 heures les traînards arrivent, les gens qui
vivent autrement…
Suis assis juste près l'angle que fait le bar.
A l'autre bout, à gauche : une pochette qui attend le retour
au bercail de son disque sorti se faire gratter par un saphir.
15
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
― … Avec tous les trucs que tu as à payer, si tu gagnes
pas du pognon, tu payes comment ? C'est toujours les
mêmes qui viennent, mais ils viennent comment ?
― Bonjour. ― Bonsoir.
― Bon Bernard, à quand ? Samedi oui… travaille bien.
― Bonne nuit et soyez en forme samedi.
Sortie des deux tondus du bar.
Reste Bernard, l'homme du lieu.
Pochette attend toujours son protégé de vinyle noir. Elle
affiche : "DETROIT NEW YORK JUNCTION" "THAT
JOHN".
Une Guinness est devant moi pendant que Bernard
cherche le prochain disque. L'a trouvé.
― Est-ce qu'il est possible d'avoir un petit chili ?
― Un seul ?
― Un seul oui.
De ce bref échange, un consommateur-Bernard-le-
consommateur, j'en déduis qu'il est possible de se faire
servir un chili. Je m'en doutais.
Suis seul au bar.
Tabourets aux reposes-fesses circulaires en skaï rouge-
sang-de-bœuf.
Au mur : exposition de photos portraits : jeunes faisant
la grimace…
― Ca fait 52 francs.
Un couple s’en va.
― Au revoir.
… Attention grimaces gentilles, pas grimaces affreuses,
grimaces de collégiens.
16
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
Disqu
e q
ui to
urne,
se
refl
ète d
ans
cou
v
ercle tr
ans
pa
ren
t…
Solo
d
e
batt
eri
e
av
ec
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ncrustation
d
e
trompett
e.
Sa
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r
qui
frise
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de face
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Mise
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qu
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n cra
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date
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'hui. Pian
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Que
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s'inve
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s ) Y
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ay…
cr
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ouillis
… yest
er
day.
La
chan
teuse
cha
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au milieu
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uillis. Elle me
regarde depuis sa
poc
hette, c
omme si
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oulai
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s'excuser pour les
cra
cho
uillis. Si
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n t
ord,
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n gagné le droit
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Je me trompe peut êt
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dire.
Son regard es
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nc. Et puis la poch
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… Les
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On frappe
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!
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e…
Une
belle brune aux chev
eux court
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mper ci
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ouv
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er
Olivie
r s'il
vous
plait
? C
omment
? O
ui merci
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r,
tu vi
ens
me chercher
? …
J'te r
aco
nte
pas
tu
vi
ens me
cherc
her
?
… Bien à tout
à l'
he
ur
e.
Elle rig
ole.
Je ne la
vois
plus
, cachée
par le
pilier
.
Bernard parle
av
ec ell
e.
― Hier
j'ai
bos
sé comme un
e
bêt
e, et a
ujou
rd'
hui…
17
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
― Combien je vous dois Monsieur le directeur ?
24 heures 38, deux s'en vont dont une fille un peu
titubante. Fin de disque. Changement : "REMEMBER
CLIFFORD BROWN" un trompettiste noir, noir et blanc sur
la pochette souffre dans une trompette.
( Disque 52-53 remis en place )
― Une autre Guinness.
On retire mon verre.
― C'est pas la peine.
― Il faut bien le rincer.
― Faut ce qu'il faut. Grimace sur la pochette/homme sur
un mur.
24 heures 54. Table de quatre :
― Il faut payer ?
― Oui.
A ce rythme je vais bientôt me retrouver tout seul. Enfin
pas tout à fait, j'oubliais derrière le pilier :
― Olivier il va m'engueuler, ce matin j'ai vu un petit pigeon
dans l'entrée, alors j'ai pas pu m'empêcher. Alors qu'est-
ce qu'il va imaginer. Il est jeune j'espère qu'il va tenir
jusqu'à Noël… Non pas pour le manger, je l'emmènerais à
la campagne.
Qu'écrire… ? Que la fille derrière le pilier parle Olivier… ?
LA FILLE DERRIERE LE PILIER PARLE OLIVIER. Voilà
c'est fait.
Cutty Stark… ?
CUTTY STARK, la tête en bas au dessus d'une bouteille
de Four Roses…
― Un black and White sans rien.
18
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
Bernard cherche un disque pour après…
En attendant : GET 29.
WALKER'S GIN, PROTECTION DES MINEURS
répression de l'Ivresse Publique, jauni, fripé.
REMY MARTIN.
GLENFIDISH.
GLEN GRAND.
PORTO DE BAIALA…
1 heure 06. La fille parle maintenant cochon d'inde qui se
balade en liberté. Fin du disque.
Celui qui prend la relève commence par un crachouillis.
Puis contrebasse qui joue seule en intro : "CANNON BALL
SOUND" 1 heure 10.
Dans la rue, derrière la porte s'entendent parfois des pas
sur le pavé.
Les toilettes doivent être en haut du petit escalier…
Entrée de quatre types et une fille.
― On vient voir Carcasse.
Déduction : sous la même carcasse se cachent Bernard et
Carcasse.
C'est un ancien d'Indochine… On parle chasse, Lot,
Sologne, cochon…
― Il n'y a plus de cerfs.
― C'est un grand chasseur.
― Mon avocat est tout près, c'est un type très bien, mais
pas un bon avocat pour l'immobilier, mais pas quand on a
des emmerdes. T'as fais l'Indo ?
―
J'étais
avec
une
femme,
la
plus
belle
femme
que
j'ai
jamais connue. C'est la Police Militaire qui est venue me
chercher. Ils m'ont ramené à mon corps… ! Une
Allemande qui avait servi dans la Flag.
Être ramené à son corps…
Entrent deux types, vont derrière le pilier.
L'un dit être Olivier.
Entrent quatre.
S'asseyent au bar à droite.
― Ya pas grand monde dis donc !
― Hier c'était bourré.
Entrent deux autres.
― Ah ils sont pas dans la merde !
A droite on parle "Seule femme qu'on a jamais connue."
Elle m'a dit, toi je te veux, et moi je m'imaginais que c'est
moi qui faisais tout.
― C'était une autre époque. Il m'arrivait de fermer à 9
heures du matin, parfois 2 heures de l'après-midi. C'était la
fête à l'époque.
Deux types sont ressortis.
1 heure 56. Il ne se passe rien. Peut-être qu'à partir de 2
heures du matin… ?
Le disque se termine… Non juste une plage.
Je descends l'escalier.
Au bout du bar on parle Corée, guerre d'Indochine, les
Russes, l'Afghanistan, résistance… On parle du petit
paysan afghan :
― Y a des forces étrangères qui sont derrière… obligé.
La fille :
― Dans ma famille ils disent : "j'suis pas raciste" on voit
qu'ils vivent à la campagne.
19
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
20
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
― Bonsoir.
Arrivé d'un couple.
Les trois derrière le pilier se préparent à lever le camp.
Cette fois-ci fin du disque. "
DETROIT NEW YORK JUNCTION, THAT (?) JOHNES"
Sortie des trois / Entrée trois types éméchés :
― Qu'est-ce que t'as comme champagne ?
― René Lalou. Le meilleur.
― J'ai toujours fuit les gens qui buvaient beaucoup.
― Moi je trouve que Paris on dit c'est chiant, on s'en va,
on revient, on se rhabitue.
― Tu sais je suis allé en cachette voir Cézanne.
― Les galerie m'emmerdent, l'Avant Garde m'emmerde…
Un qui est bien c'est Morandi.
Celui qui parle c'est Raymond…
Un "MY FUNNY VALENTINE" passe.
Il y a beaucoup plus de monde à présent.
Il est 3 heures 02.
Raymond parle à un vis-à-vis, rond comme une bille. Est-il
en état de comprendre quelque chose ?
― On s'est foutu de ma gueule mais maintenant il y a des
choses que j'ai pas voulu vendre… Quand au problème
de l'art en France… Vous m'abandonnez Eric et moi…
Alors Jacques est un type formidable… En attendant si…
Ça m'emmerde…
― J'aime les rhododendrons. J'aime sa personnalité.
J'adore les artistes de la Place St. Marc mais le côté
académique de l'avant-garde me fait chier.
― Vous ne seriez pas Monsieur Murdock ?…
21
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
C'est à moi que la question est posée.
― … Parce qu'on demande Monsieur Murdock au
téléphone.
Même pas le temps de me disculper.
A droite un voisin pas très clair :
― C'est une voix d'homme ou de femme ?
― C'est un monsieur qui le demande.
― Ah bon, dites-lui que je suis là, je le prends tout de
suite.
― Qu'est-ce que tu fais, toi ?
La question est encore pour moi, elle vient cette fois de ma
gauche.
J'élude. De toute façon je n’en sais rien.
― Rome est très près de la Bretagne.
― Deauville c'est affreux.
― Trouville c'est marrant.
― Moi je suis tombé amoureux de Troyes. J'adore les
petits voyages
pas trop loin
Les voyages pas trop loin
pour moi en tout cas
le voyage n'ira pas
jusqu’au bout de la nuit. Et bye-bye salut…
.°.°.°.°.°.
22
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
Il est
un peu plus
de 23 heures. Être en train de quitter les voies sur
berges. J'essuie d'un revers de main mes yeux embués
au sortir d'un bâillement prolongé. Ah quel bâillement !
Se surprendre à dire :
― Au diable Notre-Dame … Mon lit m'attend, je suis
presque arrivé, pour le reste…
23
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
SOUTERRAIN
COMPACT
23 HEURES 10.
Pour rentrer chez soi, du 11ème arrondissement jusque
dans le 17ème j'ai le choix entre : Avenue Ledru Rollin -
Place de la République où : les quais du canal St. Martin -
Pigalle - etc. Ou alors : rue de Rivoli. Et puis Opéra - rue
de Rome etc. Ou bien Concorde Madeleine et etc.
La deuxième proposition, plus raisonnable, évitant les
Barbès-Pigalle-Blanche - Clichy, trop de monde, trop de
voitures, trop de cars. Je préfère Boulevard Saint Antoine.
Le Palmier.
Bar Buffet froid Le rallye.
Bar La Fontaine.
Le Voltigeur.
Place de la Bastille
Le Rey.
Café Français.
Rue Saint Antoine
Le Jean Bart.
Le Rivolux.
La
rue
Saint
Antoine
perd
son
nom
en
passant
devant
l'Eglise Saint Paul, devient rue de Rivoli
Le Fontenoy.
Lingerie Bonnet Blanc.
L'Eclair Bar.
Royal Bar.
Bar Tabac de la Mairie.
Stella Artois Les Rivolines.
Place de l'Hôtel de Ville.
Devant : Saint Jacques et sa tour en vue.
Aux Armes de la Ville
Salon de thé Relais de l'Hôtel de Ville.
24
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
Tabac des Templiers.
La tour Saint Jacques.
Boulevard
Sébastopol
qui
coupe
Rivoli.
On
voit
la
conciergerie du feu rouge.
Le Chat Noir.
Café Le Rivoli.
Brasserie Paoli piano bar.
Le Masséna.
Brasserie du Louvre sandwichs crêpes gaufres boisson
cidre breton
Salon de thé bar des Aigles.
Café international self.
Café Le Carrousel.
Le Welcome.
23 HEURES 25 Place de le Concorde.
Se
dire
que,
au
point
où
on
en
est…
et
malgré
l'appel
à
la
raison
de
La
Madeleine
au
fin
fond
de
la
rue
Royale,
se
diriger
à
l'opposé,
vers
le
pont
de
la
Concorde
en
se
faisant
la
remarque
qu'il
n'est
pas
dit
qu'on
aura
pas
vu
Notre Dame.
23 HEURES 25 Place de le Concorde.
Un
camion
devant.
Il
gêne
pour
tourner
à
gauche
direction
le
souterrain.
ND
90
le
modèle
du
camion
?
CBH
39
57
80
00
Bennes
Équipements
Spéciaux
inscrit
sur
la
benne.
Plaque
d’immatriculation
poussiéreuse
4250
ND
93…
ND
93… ND Notre Dame…
Bon,
essayer
de
le
contourner
par
la
droite.
Etre
allé
trop
loin et ne plus avoir la possibilité de tourner à gauche.
Plus
qu’une
seule
solution
prendre
tout
droit
le
pont
de
la
Concorde.
25
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
En face de la chambre et son petit drapeau
bleu
blanc
rouge
en haut du fronton.
A
droite
:
Tour
Eiffel.
A
gauche
Tour
Montparnasse
et
tiens-donc…
:
Notre
Dame
éclairée…
Se
dire
qu’on
l’aura
quand même vue. Y aurait-il un Bon-Dieu pour les…
Boulevard St. Germain.
Le Concorde Bar
Le Dauphine
Le Solferino
Aux Ministères
Le Bizut
Le Rouquet
Gaz à tous les étages au 188
Bar Tabac P.M.U. Le Reintas
Taverne Saint Germain
Lip
Le Flore, Les Deux Magots
Drugstore
La Place Saint Germain
Le Saint Claude
Le Mabillon
Bistro de la Gare
L’Atrium
Le Mandarin
A la Pomme de Pain tourner à droite
Le Danton
Killian’s Tavern 250 bières bouteilles bières pression
moules frites
Le Condé
Hôtel
Louis
II
prendre
à
droite
la
rue
St.
Sulpice,
apercevoir
une
des
tours
de
l’église.
De
la
lumière
filtre
des seules trois ouvertures visibles.
25
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
Café de la Mairie.
Stationne à droite de l’église.
Hôtel Récamier qui affiche ses deux étoiles en lumineux.
Librairie ‘L’Homme Nouveau’ :
‘Les combats contre l’Espérance’
‘La révélation de la sagesse’
‘Ceux qui croyaient au ciel’
‘Le communisme face à Dieu’
Questions Inévitables…’
Sur la place une tente plantée :
Exposition de pain d’épice.
Dans la rue
Via
le bar
aboiements de petit chien
Deux femmes un homme
Une des femmes :
-- Les puces ne vont pas sur l’homme.
L’homme :
-- Elles vont sur les femmes. Il rit.
La femme :
-- Si elles y vont-elles y restent pas.
Un
t’as
pas
une
pièce
accroché
aux
pas
de
deux
femmes
à fourrure.
Suis
devant
la porte
26
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
Entre.
Marque
un
temps.
Hésite.
Ressors
pour
ôter
d’un
doute. Constate que pas d’erreur.
Rentre.
Un tabouret libre
devant le comptoir, à droite
d’un homme jeune occupant
celui du bout
contre
le mur.
Fait un signe pas occupé ?
Il fait comprendre que non.
Tabouret
métallique
skaï
gris,
mini
dossier
qui
arrive
bas
des reins.
Inconfortable.
Aurais
préféré
le
sien
avec
mur-appui-dos
et
possibilité-
être de biais pour embrasser toute la salle.
Bien le même lieu mais plus le même volume.
Bar a changé de place, de forme.
Tout, semble, comment dire, plus petit, plus compact.
Subsiste le jazz. La musique de jazz.
Derrière le bar, deux barmen.
La commande d’une Guinness à l’un d’eux.
-- C’est possible d’avoir Chet Backer ? :
Voix
qui
vient
de
derrière
et
qui
devant
dans
le
miroir
de
fond
de
bar
porte
le
visage
barbu.
Elle
demande
ça
au
chef de l’endroit qui discute avec le voisin de tabouret.
-- Pas de problème.
27
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
Il
passe
derrière
le
comptoir
farfouiller
dans
les
rangées
de compacts.
Les compacts, ça aussi c’est nouveau.
Un
‘
S’il-vous
plaît
comment
je
fais
pour
retrouver
la
Bastille
d’ici’
posé
à
l’un
des
deux
barmen
par
une
blonde
à
droite
qui
s’apprête
à
partir
en
écrasant
un
mégot
dans
un
cendrier
‘Champagne
Lanson
Reims’
qui
déclenche
un
‘Boulevard Saint Germain tout droit’ et fait sortir la blonde.
Un
‘T’es
un
pauvre
et
t’es
content
de
l’être’
en
provenance
du chef de bar. *
--
Ça
les
emmerde…
que
tu
sois
paumé
mais
au
moins
au
milieu des gens reconnus…
Il est bien imbibé le voisin-tabouret-dossier-mur.
Fais
de
mon
mieux
pour
être
bien
lisse.
Offrir
le
minimum
de
prise
à
une
sollicitation
verbale
qui
me
pend
comme
le
nez au milieu de la figure.
--
C’est
vrai
cela
tu
peux
le
regretter
mais
c’est
vachement
acceptable,
c’est
sa
force…
…Les
paumés
du
petit
matin…
Je
peux
plus
rester
dans
mon
studio
dans
le
19
ème
…
-- Et tu vas déménager pour quel arrondissement ?
Logiquement le 20
ème
.
--
Attention
tu
peux
très
bien
vivre
dans
le
19
ème
et
péter
dans la soie.
--
Oui
mais
j’en
ai
marre
de
ne
pas
pouvoir
me
laver
tous
les soirs dans ma douche…
Il a un problème de femme.
--
…C’est
une
jeune
femme
j’aurais
accepté
de
lui
faire
un
enfant…
J’ai
fait
l’amour
avec
des
nanas
en
même
temps.
Un
jour
je
faisais
l’amour
à
Hélène
et
je
me
suis
demandé
: qu’est-ce que je fais là ?
29
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
23
heures
50.
Changement
de
disque
:
Compact
Chet
Backer.
C’est
petit
un
étui
de
compact,
difficile
à
déchiffrer
de loin.
--
…deux
femmes
que
j’aurais
voulu
engrosser,
Eveline
et
Hélène…
Suis
jaloux
de
sa
position
de
dos
au
mur
(je
me
comprends),
position
stratégique
qui
embrasse
tout
le
bar
et dont il n’a rien à faire. Quel gâchis !
Souhaiterais
qu’il
la
quitte
pour
la
lui
prendre.
En
attendant
le chef du bar lui parle :
-- … Je fais un retour au répertoire classique.
-- Le répertoire classique c’est quoi Bartók ?
--
Je
vais
à
la
discothèque
de
Halles
et
je
suis
en
train
de
me faire tout Chostakovitch.
--
La
musique
et
la
lecture
actuellement
ce
sont
des
actes
de luxe et je crois que ça va être notre luxe…
Tabouret
inconfortable,
écrit
péniblement.
Garder
une
certaine contenance n’est pas chose aisée.
Pochette
du
disque
suivant
déjà
en
place
sur
chevalet,
prêt à venir remplacer le compact.
-- Tu peux me mettre un coup de Mingus ?
-- Attends attends tu vas plus vite que la musique.
Il retourne derrière le bar.
Se retrouve seul, le voisin. Se met à déclamer.
-- Nous nous dîmes adieux et puis… et puis quoi ?
Une tirade qu’il ne retrouve plus.
--
Ils
se
foutent
de
la
musique
!
Pourquoi
les
nègres
se
font chier pour les blancs ? Ils devraient nous oublier.
-- Tu reste là pour bouffer ton chili ?
30
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
Il va rester là pour bouffer son chili !
-- Regardons-nous, nous sommes affreux.
Un
nasillard
‘Ma
propre
fille
dort
avec
des
gens
à
droite
à
gauche,
en
plus
elle
a
le
cancer…’
d’un
type
au
bar
à
sa
voisine cheveux roux et chien.
Au
dessus
de
l’escalier
une
ardoise
petit
salé
aux
lentilles
chili carné chou farci.
Mangeur de chili à gauche pas prêt de partir.
--
‘…
Cancer.
Hôpital
Américain,
médecin…’
registre
nasillard, à droite.
Soudaine
velléité
d’intervention
de
la
gauche,
dans
la
conversation
de
droite.
Intention
d’en
découdre
contrée
in
extremis
par
un
‘Où
tu
vas
où
tu
vas
?!
sans
appel
du
gardien de bar.
Reste
sans
surveillance,
durant
5
minutes
mais
est
désormais neutralisé, définitivement :
-- … Quelle tristesse, quelle tristesse…
Commence
à
être
intégré,
ai
presque
l’impression
de
faire
partie des meubles. La Guinness ? Peut-être, en partie.
-- Quelle tristesse.
Il
a
du
mal
à
tenir
sur
son
tabouret.
M’attends
à
ce
qu’il
s’effondre à tout instant.
Voyant
rouge
qui
s’allume
:
quelqu’un
qui
sonne
à
la
porte
: la rousse sans son chien qu’elle a dû aller coucher.
Il
est
1
heure
moins
5,
à
gauche
voisin
sur
le
point
de
renverser
son
verre
de
bière
sur
le
comptoir
avec
son
coude.
1
heure
moins
3,
s’endors
la
tête
sur
le
comptoir
ponctué
par un ‘Alors Coco t’as une faiblesse’ qu’il ne relève pas.
Un type vend des roses.
31
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
Un
noir
avec
mallette
noire
serrure
à
numéros
;
il
l’ouvre
et
montre
son
contenu.
Rien
dedans.
Ah
si,
des
pins,
épinglés sur la garniture du rabat.
Signal rouge. Deux types. Ils vont s’assoir à une table.
Barman qui agite un shaker sur fond de solo de batterie.
Barbu
dessus
de
crâne
dégarni
petite
queue
de
cheval,
col roulé vert sous sa veste venu se poser à droite :
-- Une bière… A part ça ?
Ai
le
plus
grand
mal
à
décrypter
les
conversations
à
cause
d’un haut-parleur trop près à gauche.
Pochette
de
disque
avec
photo
d’un
personnage,
‘PRESS’
écrit en titre.
Sortie
:
deux
types
casque
sous
le
bras,
un
type
casquette, une fille foulard boucles d’oreilles dorée.
Ella Fitzgerald chante en compact le son propre.
Le barbu a payé, est sorti.
Une
pochette
de
disque
vinyle
‘‘Modern
Jazz
Quartet
Milt
Jackson
écrit
en
répétitif’
a
pris
place
sur
le
chevalet
annonçant la fin prochaine d’Ella liftée compact.
Deux
coupes
de
champagne
se
font
commander.
Une
table
qui
parle
fort
fait
entendre
un
‘Marseille
est
la
seule
ville
italienne
de
la
France’
entre
Ella
lifté-compact
et
Milt
Jackson Vinyle.
Retour
du
marchand
de
roses
2
heures
moins
10.
Il
a
fait
le plein de roses.
L’Equipe
qui
titre
‘Le
dessous
du
panier’
parcouru
par
chef
du lieu debout derrière comptoir.
A
droite
trois
types
une
fille
s’installent
derrière
on
prononce ‘Dakar’. Conversation qui tourne au sport.
32
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
Protection
des
Mineurs’
marronnasse
et
rongée
aux
coins
inférieurs a été mis sous verre pour la figer en l’état.
2
heures
10,
yeux
qui
commencent
à
fatiguer.
Bâillement
réprimé.
Hésite
entre
prendre
une
dernière
Guinness
ou
mettre les voiles.
Un
‘J’étais
tombé
dans
l’eau
ça
fait
chier
!’
entendu
dans
la conversation à la table derrière.
Suivi
de
peu
par
un
‘La
bière
c’est
pas
mauvais,
ça
lave
;
un whisky une bière, un whisky une bière,
La bière ça lave, la bière seule c’est mauvais’.
2 heures 35,
Voisin
de
gauche
sur
le
point
de
s’effondrer
se
reprend.
Plus
aucun
espoir
de
prendre
sa
place,
est
parti
pour
la
nuit.
Voiture
au
pied
de
la
St.
Sulpice
éteint.
Concorde
Madeleine.
4
heures
20
une
place
libre
rue
Legendre
face
à
l’église
Saint
Charles
de
Monceau.
17
ème
.
Au
coin
de
la
rue
Legendre
et
rue
de
Tocqueville
un
panneau
de
la
ville
de
Paris
affiche
:
‘Les
dessous
de
la
ville,
Paris
souterrain.
Exposition
de
l’Arsenal
du
14
Décembre
au
31
mars
1991…
4
heures
20.
Qu’ai-je
pu
faire
pour
rentrer
si
tard
?
… J’ai un trou.
.°.°.°.°.°.
33
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
L’EFFET BOUCHON DE
CHAMPAGNE À PLUME
7 septembre 2009
Il est dix huit ans plus tard
8
heures
50.
J’ai
déposé
ma
fille
devant
sa
nouvelle
école
près du Luxembourg. Le temps est au beau.
Je
suis
sur
le
chemin
du
retour.
Quitter
le
Boulevard
Saint
Michel
et
prendre
à
gauche,
passer
derrière
le
théâtre
de
l’Odéon…
Garer
sa
moto
place
Saint
Sulpice.
Emprunter
à
pied
la
rue
des
Canettes,
puis
la
rue
à
droite
pour
voir,
voir
si
le
bar… Il est toujours là.
Belle lumière. Je prends des photos.
Photos
de
l’Église
qui
se
restaure,
un
panneau
de
la
ville
de
Paris,
la
Mairie
de
Paris
restaure
la
tour
nord
…
Photos
de
la
fontaine
des
quatre
points
cardinaux,
photos
de
l’eau
et
de
ce
qui
y
flotte.
Feuilles
mortes
ayant
forme
de
bouches
charnues,
pailles
pour
boisson
transparentes
se
tenant
verticales
entre
deux
eaux
;
sous
la
statue
de
l’évêque
de
Cambray
un
bouchon
de
champagne
avec
plumes
et
duvet
engagé
dans
une
course
paresseuse
autour du bassin poussé par un souffle de vent discret…
Traverser
la
rue,
commander
un
petit
noir
sur
le
zinc
du
Café de la Mairie.
10
heures
et
des
poussières
la
fontaine
s’est
réveillée.
S’y rendre.
Tout
est
chamboulé,
le
bouchon,
chahuté,
repoussé
vers
le bord, a perdu ses plumes.
Photographier
autour
de
soi
tout
en
essayant
de
retrouver
les endroits mentionnés dans le texte.
34
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
Si
le
bar
de
nuit
et
le
Café
de
la
Mairie
répondent
présent,
l’Hôtel
Récamier
qui
n’a
pas
changé
de
place
n’arbore
plus ses deux étoiles…
Disparition
par
contre
des
éditions
‘L’Homme
Nouveau’
et
ses
Questions
Inévitables
.
Tomber
sur
une
autre
maison
d’édition
L’âge
d’Homme
à
quelques
pas
de
là
.
Une
affichette
jaunie
derrière
la
vitre
poussiéreuse
d’une
porte
condamnée
:
Alexandre
Zinoviev
L’Avenir
Radieux
Médicis Etranger 1978.
Il y a 31 ans.
Disparus
aussi
les
avatars
de
chiens
blancs
sur
les
trottoirs
et
les
croix
blanches
dans
les
caniveaux.
Réussir
à en débusquer quelques traces.
De retour chez moi, je
visionne
mes photos…
Une
inscription
apparait
à
la
base
du
bouchon
de
champagne,
en
partie
masquée
par
des
plumes,
‘
…AMPAGNE …
les’
; d’autres lettres en haut
‘…ETT’.
8 septembre 2009
Déposer sa fille à son école…
Se garer à droite de l’église Saint Sulpice…
Aller
sans
attendre
à
la
fontaine.
Le
bassin
ne
semble
pas
avoir
été
nettoyé.
En
faire
plusieurs
fois
le
tour
;
rien
devant
F-S-FENELON
ARCHEVEQUE
DE
CAMBRAY,
rien
devant
Massillon,
rien
devant
l’évêque
de
Nîmes,
pas
plus
devant
Bossuet
évêque
de
Meaux,
disparu
le
bouchon.
9
heures
22
.
Un
point
rouge,
sur
une
plume
sur
l’eau
qui
attire
l’œil.
Un
point
rouge
à
points
noirs.
Une
coccinelle
telle
une
naufragée
sur
un
radeau
;
mer
calme.
Neuf
heures
vingt
deux
minutes,
38
minutes
et
des
poussières
avant avis de tempête.
35
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
Retirer
délicatement
la
plume
de
l’eau.
La
déposer
sur
la
margelle,
photo.
Essayer
de
transférer
la
rescapée
sur
son
doigt.
Elle
glisse.
Tombe
et
disparait
au
pied
de
la
margelle
arborant
un
mystérieux
graffiti
bleu.
Photo.
Prendre encore quelques photos avant de rentrer chez soi.
Et maintenant ?
Mercredi 9 septembre 2009
Un
retour
temporel
de
trente
cinq
ans
pour
le
moins,
un
texte
dormant,
réactivé
après
quelques
années
de
purgatoire
pour,
en
un
rien
de
temps,
trouver
son
probable épilogue.
Six
jours
se
sont
écoulés
depuis
que
ce
texte
à
refait
surface,
Résultat
des
opérations
:
j’ai
retapé
tel
que
le
texte
qui
est
maintenant
sauvegardé.
J’ai
revisité
des
lieux,
fais
quelques
prises
de
vue,
c’est
déjà
bien.
Le
texte va pouvoir se remettre en stand by.
A moins que…
Si on essaie de faire une synthèse...
Au
commencement,
trente
cinq
ans
pas
moins
plus
tôt,
il
y
a
le
souterrain
évitant
la
place
de
la
Concorde
qui,
Fermépourcausedenettoyagenocturnebdomadaire,
vous
détourne
vers
un
bar
où
vous
expérimentez
une
idée
oulipienne
juste
pour
voir.
Un
stylo
Bic
en
état
de
marche,
quelques
verres
de
Guinness,
le
jazz,
une
eurasienne
noire,
du
chili
con
carné,
Lafitzgerald,
Lamahaliajackson,
Lafitzgerald-Jacksimon,
une
Notre
Dame
illuminée,
une
croix
blanche
sur
laquelle
on
pose
un
pied,
un
Bernard
Carcasse
homme
des
lieux,
That
John,
un
Yesterday-
crachouillis,
le
passage
du
vinyle
au
son
nickel
du
compact,
My
funny
Valentine,
les
champagnes
René
Lalou et Lanson Reims, un Monsieur Murdock, un voisin-
36
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
tabouret-bar-imbibé,
l’Homme
Nouveau
avec
ses
‘Questions
Inévitables’,
l’Âge
d’Homme
avec
‘L’Avenir
Radieux’,
des
réflexions
sur
le
désordre
de
son
atelier,
une
nouvelle
école
pour
sa
fille,
et
pour
finir
un
insolite
bouchon
de
champagne
à
plume
se
trouvant
là
au
bon
moment,
à
la
bonne
heure
qui
vous
amène
à
secourir,
35
ans
pas
moins
plus
tard,
une
coccinelle
le
8
septembre
2009,
38
minutes
avant
dix
heures
et
quelques
poussières ?
Vu
sous
cet
angle,
ça
change
tout.
Se
dire
que
le
texte
a
peut-être
trouvé
sa
justification,
son
prolongement,
sinon
son dénouement Tout est dit.
Certains
y
verront
peut
être
l’œuvre
d’un
grand
manipulateur
qui
chercherait
à
changer
le
cours
des
choses, ce n’est pas mon affaire.
D’autres,
sûrement,
ne
verront
là
qu’élucubrations
acadabrantesques
et
que
c’est
pousser
le
bouchon
un
peu
loin
et
que
c’est
bien
du
remue-ménage
pour
une
bestiole de rien du tout.
Se
surprendre
à
rétorquer
que
rien
n’est
anodin,
jamais;
que
le
moindre
battement
d’aile
d’un
papillon
a
des
effets
insoupçonnables,
et
que
le
sauvetage
d’une
bestiole
aussi
insignifiante
soit-elle
ne
saurait
échapper
à
la
règle.
Point.
Tout
est
dit.
Je
n’en
dirais
pas
plus,
ce
n’est
pas
la
peine de s’énerver.
L’affaire
est
close.
J’ai
un
texte
qui
a
un
début
et
maintenant
une
fin,
que
demande
le
peuple,
je
n’ai
pas
de temps à perdre à me poser des questions.
Je
vais
enfin
pouvoir
me
lancer
dans
d’autres
aventures,
à
commencer
par
la
poursuite
du
rangement
de
mon
bureau-atelier et ce n’est pas une mince affaire…
Mais avant tout il me reste à mettre tout ça au propre…
12 février 2010, 1 heure 59
16
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SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
20 février 2010, 14 heures
PS
:
La
curiosité
m’avait
poussé
à
retourner
place
St
Sulpice
pour
retrouver
le
bouchon
de
champagne
énigmatique.
Sachant
maintenant
qu’il
est
le
dernier
maillon
connu,
déterminant
pour
la
suite
des
évènements,
peut-être
devrais-je,
à
un
moment
ou
à
un
autre,
mettre
ma
curiosité
à
contribution
pour
essayer
de
tirer
au
clair
son identité… Dans 35 ans ? Pour le moins.
Samedi
26
février
2010,
00h
42
.
Anniversaire
de
ma
nièce
Lucie.
Plusieurs
bouteilles
de
champagne
ont
déjà
été
débouchées.
Celle
que
j’avais
achetée
la
veille
est
enfin
sortie.
L’intuition
m’avait
poussé
à
choisir
cette
marque,
je
ne
l’avais
encore
jamais
vu
à
l’étalage
de
cette
grande
surface
que
je
fréquente
assidument.
J’ai
hâte
d’avoir le bouchon en main.
00 heure 45 : Bingo !
Fin.
5 mars 2010, 12 heures 50
ÉPILOGUE ?
3 mars 2012
Sur
le
comptoir
il
y
a
le
Parisien
et
Libération.
Je
les
intercepte.
Une
habitude
:
le
samedi
matin
j’abandonne
temporairement
ma
charrette
au
Monoprix
pour
aller
prendre un café au
3 pièces cuisine
rue des Dames.
Pour
un
euro
j’ai
un
café
et
en
bonus
les
journaux.
Les
deux
journaux
parlent
de
Pérec.
Le
trentième
anniversaire
de
sa
mort.
L’article
du
Parisien
attire
mon
attention.
Il
commence par :
38
SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien
En
octobre
1974,
l’écrivain
Georges
Pérec
passe
trois
jours
à
la
terrasse
des
cafés
de
la
place
Saint
Sulpice(VIème)
et
note
tout
ce
qu’il
voit.
Son
objectif
?
«
Décrire
ce
qui
n’a
pas
d’importance
:
ce
qui
se
passe
quand
il
ne
se
passe
rien,
sinon
du
temps,
des
gens,
des
voitures et des nuages. »
Publié
en
1975
dans
la
revue
«
Cause
commune
»
ce
texte
court
d’une
quarantaine
de
pages
sera
édité
sous
le
titre
« Tentative d’épuisement d’un lieu parisien »
.
Je
découvre
qu’en
1974,
trente
huit
ans
plus
tôt,
alors
que
Pérec
officiait
Place
Saint
Sulpice,
à
deux
pas
de
là,
je
me
lançais
dans
une
démarche
similaire.
Lui
de
jour,
moi
de
nuit.
Lui
trois
jours
de
suite,
moi
trois
nuits
étalées
sur
dix
sept ans.
L’heure
tourne,
je
me
souviens
de
ma
charrette
qui
m’attend
au
Monoprix.
J’ai
comme
à
l’habitude
égaré
ma
liste
de
courses¸
vais-je
me
souvenir
de
ce
qu’il
me
fallait
acheter.
.°.°.°.°.°.
5 septembre 2021
Cherche
à
mettre
la
main
sur
Souterrain.doc.
Le
fichier
n’est
plus
sur
mon
ordinateur,
ni
sur
mes
divers
disques
durs et clefs USB. La disparition.
6 septembre 2021
Réveiller
son
vieil
ordinateur,
se
souvenir
de
son
mot
de
passe
et
remettre
la
main
sur
Souterrain.doc
ainsi
que
sur
les photos qui vont avec.
7 décembre 2021
Sauvegarde,
relecture,
un
titre
qui
vous
vient
sans
crier
gare
‘’Tentative
de
rangement
de
mon
atelier-bureau
parisien’.
Ne
devrais-je
pas
l’accoler
à
‘’Souterrain’’
histoire de faire un petit clin d’œil à Georges Pérec ?
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SOUTERRAIN
Tentative de rangement de mon bureau-atelier parisien