C’est largement aussi bon que trois des dix derniers Goncourt, par exemple. Meilleur, en fait.
C’est
un
roman,
et
tout
est
vrai.
Les
personnages,
les
décors,
les
péripéties,
tout
existe
vraiment dans un vrai monde qui n’est pas le monde…
Hein ? ça n’a l’air de rien, mais c’est un boulot de démiurge, quand même.
C’est
fait
avec
juste
de
l’encre
sur
du
papier,
faut
pas
oublier
!
Comme
dans
Michaux,
tu
vois
?
«
je
vous
construirai
une
ville
avec
des
loques,
moi…
Avec
de
la
fumée,
avec
de
la
dilution
de
brouillard
et
du
son
de
peau
de
tambour,
je
vous
assoirai
des
forteresses
écrasantes
et
superbes »…C'est toujours un peu de la magie, un bon roman...
T’as
lu
ça,
t'as
passé
deux
heures
à
Marseille,
sans
payer
le
TGV,
Rico
Donadini,
tu
le
connais,
tu le reconnaitrais dans la rue, t’irais boire un coup avec lui.
Y
en
as
combien,
des
pauvres
cloches
qui
se
prennent
pour
des
romanciers,
et
qui
se
secouent
la
nouille
devant
leurs
pauvres
petits
bonshommes
en
allumettes,
et
puis
viennent
faire le beau sur les réseaux… ?
Merde.
Un
écrivain,
un
vrai,
ça
devrait
être
respecté,
non…
?
C’est
pas
à
la
portée
du
premier
rodomont venu, c’est du boulot, du gros boulot, de la sueur, des larmes.
C’est ça, qui m’emmerde un peu, tu vois…J’en connais trois quatre, des bons. Ici même.
Pittau,
Michael
Uras,
Rivelaygue,
j’en
oublie,
ah
si,
l’atrabilaire
caractériel,
là,
Denis
Humbert
;
des
pros,
des
qui
savent
faire,
tiens,
même
des
qui
sont
connus
dans
d’autres
domaines,
que
ça
devrait
aider,
comme
Bronner…Eh
ben,
c’est
Joël
Dicker
qui
en
vend,
des
romans,
ou
Musso, ou l’autre conne avec son Quijote-là, beurk…
Pittau,
tiens,
il
en
a
écrit
deux,
«
Tête-dure
»
et
«
Longtemps
et
des
poussières
».
Si
tu
regardes
que
la
qualité,
ça
aurait
dû
suffire
pour
qu’on
le
voie
dans
«
La
grande
librairie
»,
qu’il ait des articles dans « Lire », qu’il soit sur les listes des magazines…Ben bernique.
Serraf, pareil, je connaissais pas…Pas de presse, pas de télés, pas de Wikipédia...
C’est
comme
si
un
restau
étoilé
était
au
même
prix
que
MacDo,
et
qu’il
ne
vende
pas
un
amuse-gueule, pas un entremet, pas un bout de pain. Nib.
Bon, bref…J’ai découvert que Serraf écrivait par un statut qui disait :
«
Chaque
fois
que
je
publie
un
nouveau
roman
(et
c'est
rodé
maintenant,
c'est
tout
de
même
le
cinquième),
je
commence
par
m'auto-convaincre
qu'il
sera
LE
roman
de
l'année
et
qu'il
me
mettra
enfin
sur
orbite.
J'ai
tendance
à
déchanter
par
la
suite
parce
que
c'est
un
peu
comme
jouer
au
loto
et
que
100%
des
perdants
ont
forcément
tenté
leur
chance
eux
aussi.
Et
puis,
des
romans
de
l'année
"potentiels",
il
y
en
a
plein
les
librairies.
Des
bons,
des
mauvais,
des
bien
promus,
des
mal
distribués,
des
qui
paraissent
pile
au
bon
moment,
des
qui
loupent
carrément le coche, des tout ce qu'on voudra... »
Jean-Marc Holsters
Jean-Marc Holsters
Ça m’emmerde un peu, mais ce livre est remarquable.
Vraiment.